Les racines profondes de la Politique-Système

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Les racines profondes de la Politique-Système

On sait que nous nommons “Politique-Système” (voir le Glossaire.dde du 17 novembre 2012), que nous avons également désigné en référence aux USA où elle s’est essentiellement développée, et en référence à Harlan Ullman qui a forgé l’expression, “politique de l’idéologie et de l’instinct” (voir le 29 mai 2009), la politique de déstructuration et de dissolution engendrée par le Système. Cette politique, suscitée par les “idiots utiles” neocons, se manifeste depuis 1989-1991 et, surtout, depuis 1999-2001, par l’agression unilatérale, l’illégalité dans le mépris systématique des lois internationales, le viol constant des souverainetés, l’emploi systématique de la force, et pour son soutien de communication une énorme carapace de virtualisme-narrative fondée sur un mensonge qui est aussi bien une autosuggestion et une perception invertie du monde basée sur une faiblesse jusqu’à la pathologie de la psychologie.

En général, on fait remonter les origines opérationnelles directes et, dirait-on, archivées, de cette politique-Système, à des conceptions théoriques élaborées au Pentagone, notamment à partir d’un document fameux du Pentagone (voir William Pfaff sur cette question le 23 novembre 2003). Cela se fit sous l’inspiration du secrétaire à la défense d’alors Dick Cheney et de quelques-uns de ses acolytes (Wolfowitz principalement). Le rôle de Cheney dans l’élaboration de cette version américaniste et quasi-stéréotypée de la politique-Système conduit Todd E. Pierce à parler de “cheneyisme” pour désigner cette “doctrine”. L’intérêt du texte de Pierce, ancien major de l’US Army qui a travaillé dans la branche juridique de l’armée, est notamment de nous exposer les racines profondes de cette politique, et non plus seulement l’historique des manigances des neocons qui ne firent qu’opérationnaliser ce sentiment profond né dans le système de la sécurité nationale US. Ainsi comprend-on mieux que cette pseudo-doctrine neocon ait eu et continue à avoir un tel succès, parce qu’elle est le faux-nez publicitaire et de relations publiques d’une évolution fondamentale des USA achevant la transmutation de la direction de ce pays en ce véhicule privilégié de la politique-Système qu’on voit aujourd’hui, parallèlement au triomphe du Système dans sa main-mise totalitaire dans tous les domaines. On découvre donc dans ce texte de ConsortiumNews, du 1er avril 2014, les origines profondes de l’opérationnaliation de la politique-Système, alias cheneyisme. On ne s’étonnera pas d’y voir une analogie avec l’évolution de l’Allemagne de la défaite de 1918 à l’installation du nazisme, suivant ainsi le chemin de l’“idéal de puissance” que nous identifions pour présenter la politique-Système, avec la transformation de la présidence en une sorte de “dictature de sécurité nationale”, essentiellement pour ces seules affaires de sécurité nationale ; pour le reste, le président étant au contraire très vulnérable sinon paralysé par le Congrès sur nombre d’affaires intérieures et surtout budgétaires et financières, comme on le voit depuis l’arrive d’Obama ; cela fait de Washington ce curieux mélange d’autoritarisme quasiment dictatorial et de faiblesse presque impuissante, et cela promis à durer sans changement prévisible ni même concevable, et constituant un handicap mortel pour cette puissance qui ne parvient et ne parviendra pas à imposer un régime véritablement autoritaire.

«Like many other extremist ideologies, Cheneyism grew out of defeat. In this case, the U.S. military defeat in Vietnam and the political defeat of Richard Nixon’s administration where Cheney began his career in national politics. As occurred with Field Marshall Erich Ludendorff and a then obscure corporal named Adolf Hitler following Germany’s defeat in World War I, a similar “stab in the back” legend was created by the U.S. military and political leaders after the Vietnam War. They never understood, as General Frederick Weyand did from the beginning, that the Vietnam War was unwinnable by the U.S. military.

»Instead, political leaders such as Presidents Lyndon Johnson and Richard Nixon along with strategically challenged Flag Officers, the likes of General William Westmoreland and Admiral U. S. Grant Sharp Jr., held that the U.S. would have won if the “will” to fight hadn’t been lost by the American people. They blamed this on the media and the resultant dissent to the war. Consequently, it became a priority of the U.S. government to control access to information in future wars through censorship and secrecy, to ensure public support through carefully crafted propaganda, and to keep a close eye on any potential dissenters, with various forms of detention available to suppress a disruptive opposition or to stop the dissemination of embarrassing state secrets.

»However, even these benighted officials recognized that the U.S. Constitution was an obstacle to the wartime authoritarianism that they aspired to entrench in the U.S. political system. They saw the “exigencies” of war – even the undeclared kind – as shoving the Constitution aside.

»The “fountainhead” for this ideology was the Office of Legal Counsel’s opinion written by William Rehnquist in 1970, “Re: The President and the War Power: South Vietnam and the Cambodian Sanctuaries” (the so-called “Rehnquist Memo”). This memo asserted the right of the U.S. to wage preemptive war on the thinnest of grounds. This political viewpoint was internalized by many military officers and some political officials, including Cheney, notwithstanding their oath to defend the Constitution. The consequences are evident today in the hyper-secrecy and information control policies adopted since 2001 and the arguments by the likes of Cheney for even harsher authoritarian policies.

»On Sept. 25, 2001, just two weeks after the 9/11 terrorist attacks, John Yoo, a lawyer who worked for President George W. Bush’s Office of Legal Counsel, summarized the concept of unconstrained presidential power. “It has long been the view of this Office that the Commander-in-Chief Clause is a substantive grant of authority to the President,” Yoo wrote. “The power of the President is at its zenith under the Constitution when the President is directing military operations of the armed forces, because the power of Commander in Chief is assigned solely to the President.” As support, Yoo cited the Rehnquist Memo.»


Mis en ligne le 3 avril 2014 à 06H41