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590La multiplication des revers pour le gouvernement de Tel Aviv (GTA) ne lui vaut pas un avers.
Première défaite israélienne la plus vive et la plus récente, le GTA a obtempéré à l’interdiction de poursuivre son agression contre le petit territoire de Gaza, les 75 000 fantassins mobilisés ont été contraints à la retraite sans avoir livré bataille. Le solde diplomatique de cet assaut meurtrier, maintenant quadriennal rythmé par les élections étasuniennes est très défavorable, l’opinion publique est lasse des jérémiades d’une armée puissante qui dispose d’un État et elle se laisse gagner par le sentiment humain irrépressible de compassion envers le plus faible. L’enjeu stratégique, si toutefois il avait été préalablement discuté, n’a pas été atteint, plusieurs milliers de roquettes artisanales, de plus en plus précises et de portée plus conséquente sont toujours entre les mains des unités combattantes à Gaza. La sommation de ces deux résultats a conduit à un désastre supplémentaire pour le GTA, la promesse de l’unification des deux directions palestiniennes qu’il maintenait dans une divergence jusque-là soigneusement entretenue.
Le vote des 4/5 de l’humanité pour le rehaussement du statut de la Palestine comme État à égale valeur du Vatican par l’Assemblée Générale de l’ONU constitue la condamnation morale plus qu’implicite du GTA. L’abstention de l’Allemagne a été vécue comme un camouflet cuisant pour les efforts des organes d’Israël comme l’Anti Defamation League et du Congrès Juif Mondial qui ont institué les exterminations par le régime nazi comme un péché occidental inexpiable. Le Droit, expression plus ou moins aboutie de ce que l’humain accepte comme modalité de règlement des conflits, dans sa forme actuellement admise, a renoncé à la loi de Nabuchodonosor qui établissait comme naturel que la responsabilité d’un crime soit imputable à la descendance de celui ou ceux qui l’ont commis.
Une résolution de l’Assemblée Générale des Nations Unies ce mardi 4 décembre qui demande à l’AIEA d’inspecter les sites suspectés d’abriter un arsenal nucléaire en Israël a été approuvée par 174 voix, six pays seulement ont opté pour l’abstention et six autres s’y sont opposés.
Elle n’est pas contraignante, comme ne le sont pas toutes les résolutions de l’AG de l’ONU au même titre que celle qui avait préconisé le partage de la Palestine en novembre 1947, celle-là même qui accouché de la guerre de l’Irgoun contre les Palestiniens et a abouti à la création de l’État d’Israël. Déjà en 1974, l’ONU se prononçait pour un Orient arabe dénucléarisé par une résolution adoptée à la majorité qui prévoyait cette zone exempte d’armes nucléaires et de toute autre arme de destruction massive. Sous l’impulsion de pays arabes, cette résolution a été actualisée en septembre 2009.
Le refus de l’inspection et celui de l’adhésion au TNO ont été réitérés par le GTA et largement tu par les medias du Système occidental. Ce choix suppose une étanchéité sérieuse entre son compartiment qui réclame la destruction de l’Iran pour des armes qu’il est susceptible de détenir un jour car il a signé un Traité qui l’engage à ne pas en développer et l’autre muet sur la détention effective de missiles nucléaires qui menacent toute le sous-continent par le GTA non signataire de ce même Traité.
Les contre-mesures prises par le GTA au décours de ces échecs sont dérisoires et lamentables eu égard à la réputation mythique d’invincibilité et de stratégie sophistiquée dont l’État sioniste s’est paré.
L’extension du bloc E1 à l’Est de Jérusalem aura pour finalité géographique de diviser la Cisjordanie en deux morceaux et de rendre sur le terrain encore plus impossible la solution des deux États. L’équipe de Netanyahu semble exclusivement préoccupée avec les élections de janvier et a déterré ce projet mis dans les cartons et volontairement oublié pour perpétuer les négociations sans fin, masquant l’annexion à petits pas, adoptées selon la doctrine préconisée par Kissinger. Même Mahmoud Abbas dont la police payée par l’Union Européenne emprisonne les Palestiniens qui se rebellent encore contre la spoliation de leurs terres et de leurs maisons ne pourra décemment pas simuler des négociations interrompues depuis plusieurs années et déjà regrettées par Lihudi Olmert à Annapolis en novembre 2007.
Que l’Union Européenne se déclare ‘très préoccupée’ quant aux conséquences incalculables de cette nouvelle amputation des «Territoires occupés», cela vaut condamnation de l’aveuglement du GTA. En effet, un seul État, celui réclamé par ceux qui vivent sur cette terre depuis des milliers d’années en dépit du négationnisme sioniste qui prétend effacer leur existence et leur histoire d’un trait de plume sur la carte, c’est la disparition à terme ipso facto de l’État Juif. La minorité hassidique très prolifique ne compense pas le taux de reproduction très faible de la majorité israélienne juive qui vit à l’occidentale. Seule exception parmi les pays arabes qui ont tous réalisé leur tournant démographique, la Palestine utilise de façon réflexe comme défense contre son extinction l’arme des naissances et des mariages précoces.
La rétention des taxes perçues pour le compte de l’Autorité Palestinienne par le GTA comme le prévoyaient les accords d’Oslo qui avaient constitutionnalisé en quelque sorte les modalités d’une occupation avec une administration palestinienne qui a eu la charge de gérer à peine les problèmes municipaux sur quelques zones sans avoir la main sur les ressources en eau a été suivie immédiatement de l’offre qatarie d’une subvention mensuelle de 100 millions de dollars. Cette mesure de rétorsion est bien mesquine et inefficace.
Ainsi, chacune des interventions du GTA en faveur de la colonisation, le deuxième moyen avec sa militarisation croissante de subsister, se révèle contre-productive.
Cette loi des rendements décroissants se vérifie au moins depuis une dizaine d’années. L’arrogance des pilotes de F16 leur faisait dire quand les avions lâchaient leurs bombes sur les quartiers de Gaza en 2002 qu’ils n’éprouvaient rien d’autre qu’un léger frémissement de l’aile de leur engin de mort.
D’aucuns en situent les effets depuis l’invasion du Liban en 1982.
En dehors de réussir des coups mafieux comme l’organisation d’assassinats, Imad Mughnieh en 2008 et Mahmoud Mabhouh en 2010, les gains réels de l’hypertrophique appareil sécuritaire israélien semblent minimes. Le mode opérationnel n’a pas évolué depuis la période héroïque du terrorisme de l’Irgoun, alors que le monde a bien changé depuis et que la résistance a changé de nature, elle est devenue diffuse.
Il serait licite de s’interroger sur l’efficacité des 3 milliards annuels d’aide offerts par les US(a) et du bon usage de leur engloutissement. De petites officines perçoivent une taxe auprès des Français sionistes pour équiper l’armée d’occupation de gilets pare-balle. Des radios ‘communautaires’ ne cessent d’importer le conflit selon le jargon officiel en réclamant des dons déductibles fiscalement pour une œuvre de colonisation.
Ce qui avait aidé à structurer l’identité juive à l ‘époque maccabéenne fut l’importance centrale donnée au Temple (celui de Jérusalem), un sanctuaire unique pour un Dieu unique. Tout s’articulait autour de ses destructions, restaurations et profanations. Il s’imposa comme pôle religieux pour la Diaspora. Une collecte annuelle fut organisée annuellement pour que soient pratiqués des sacrifices par délégation sur l’autel de Jérusalem. (1) Les temples helléniques ou juifs étaient des abattoirs et des sites de boucherie. La quête pour le soldat israélien, nouveau denier du culte, doit être le répondant actuel imaginaire de l’élaboration identitaire.
Tous les mécanismes mis en jeu dans l’implantation de cette greffe occidentale au profit d’un déni de deux mille de réalités concaténées en Palestine, revendiquée au nom des avancées des Lumières occidentales contre un obscurantisme allégué travaillent de manière inversée contre leur objet initial. De façon irrépressible, les 138 pays qui se sont prononcés ce 29 novembre en faveur de la Palestine ont dit que la rationalité et l’intelligence instinctuelle caractérisant la possibilité de l’humain se rangent du côté du plus faible de l’opprimé – par-delà les petits calculs, les intimidations et la perspective d’un nouveau Massada agrémenté de la production de la centrale de Dimona.
Au nom du Droit, de celui d’exister, de disposer de soi.
L’avers, le truc universel qui fait que un équivaut à un.
Badia Benjelloun
(1) Cette collecte est abondamment décrite par Philon d’Alexandrie au 1er siècle de l’Empire, indirectement dans les Épîtres de Paul et plus encore dans la période post-maccabéenne dans le Livre de Baruch qui s’inspire du Livre de Daniel.
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