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4772• Ces derniers jours, nous eûmes deux faits importants. • D’abord le 30e anniversaire des accords START-I, montrant que ce succès terminait une période de relative stabilité pour nous précipiter dans un terrible désordre plein de chaos menaçant, sanctionnant la perspective d’une “Guerre Froide 2.0”. • Ensuite, diverses déclarations et manifestations concrètes de l’armement ont montré ce qu’est devenue la puissance militaire et stratégique de la Russie, largement dominatrice du champ d’affrontement de cette nouvelle Guerre Froide, avec une direction qui laisse entendre qu’elle estime pouvoir faire usage de cette puissance s’il le faut. • Face à cela, le grand adversaire classique (USA) se trouve plongé dans une terrible confusion où la déconstruction folle frappe d’abord la structure morale et psychologique de ses forces armées. • Selon une Soviétique passée à l’Ouest en 1989 après avoir vécu le simulacre et l’effondrement de l’URSS, et devenue officier du renseignement US (CIA et DIA), les USA sont en train de devenir une « Union Soviétique 2.0 », avec la même perspective d’effondrement. • Mélangeant ceci et cela, il y a la perspective pour la Russie, devant tous les dangers de l’effondrement de la puissance US, de devoir intervenir avec la force pour en contenir les effets.
3 août 2021 – Les géopoliticiens sont ces maîtres du rangement du monde dans des rapports de force tendant à écarter les impondérables des remous intérieurs, – aujourd’hui, sociétaux, culturels et psychologiques. Dans la période présente, quelques jours autour du 31 juillet, ces mêmes géopoliticiens sont à l’œuvre pour vous exposer des analyses où, effectivement, les affaires du monde sont rangées selon des arguments rationnels autant que sur le poids et la valeur des armements, des technologies et des influences stratégiques. “Autour du 31 juillet” ? L’expert et historien turc de l’université Koç d’Istamboul, Tarik Cyril Amar, nous explique pourquoi :
« Ce samedi [31 juillet], 30 ans se sont écoulés depuis que les États-Unis et l’Union soviétique ont signé le traité de 1991 sur la réduction des armes stratégiques (START I). Étant donné que le monde n’a pas encore sombré dans la guerre nucléaire, l'accord sur les armes semble avoir rempli sa mission.
» Lorsqu’il est entré en vigueur trois ans plus tard, il n’y avait plus d’URSS. Néanmoins, ses conditions ambitieuses visaient à mettre un terme à l’augmentation constante des armes nucléaires à longue portée qui avait caractérisé la guerre froide. Plus important encore, le pacte a permis de réduire considérablement leur nombre, car les esprits se sont calmés après les années tumultueuses de 1979 à 1983, lorsque le monde semblait se diriger vers une troisième guerre mondiale.
» Non seulement START I était ambitieux, mais il a été pleinement mis en œuvre en une décennie, bien avant son expiration officielle en 2009. Ce n’est pas un mince exploit, si l’on considère que l’une des deux parties contractantes a cessé d’exister quelques mois après la signature du traité, laissant ses engagements à la charge du nouvel État russe... »
Mais la conclusion de l’analyse de Tarik Cyril Amar, pour ce trentième anniversaire et ce qui se profile, contraste complètement avec la vision rassurante du succès de START-I, suivant cet autre succès, encore plus significatif, du traité FNI de 1987 (armes nucléaires intermédiaires, USA et URSS, en Europe). On tend alors à apprécier que START-I et INF furent plutôt la sanction triomphale de la fin de la Guerre froide, bien plus qu’une garantie pour une époque, apaisée et contrôlée.
« Et c’est peut-être là le point le plus déprimant, lorsque l'on pense à l’avenir : la disparition du traité FNI [abrogé de facto en 2019] signale la possibilité réelle d’un retour des États-Unis et de la Russie à une course à l’armement complète et essentiellement effrénée, avec tout ce que cela implique en termes de gaspillage, de risques et de pires résultats potentiels. Bien entendu, dans un monde où, contrairement à la guerre froide, de nombreuses cyber-armes potentiellement dévastatrices sont également en jeu (et où il n’existe aucun accord international sur les cyber-armes qui mérite ce nom), un tel scénario serait encore plus dangereux. [...]
» Comme la fin de la guerre froide en général, START-I aurait pu signaler le début d’un long “bonheur pour toujours”, mais ce n’est pas ce qui s’est passé. Tant de [graves complications] sont d’ores et déjà claires. La question est la suivante : qu’est-ce qui va suivre ?... »
... Et la réponse, à vrai dire, n’est pas encourageante. On pourrait tout aussi bien la trouver dans l’intervention d’un homme de grande influencer à Moscou. (On notera combien les analyses venues de l’Ouest sur la situation géopolitiques sont absentes, par absence d’intérêt, par réalisation de la part des auteurs que l’Ouest [le bloc-BAO] est en recul, sinon en déroute, voire en état de débâcle bien marquée par le départ d’Afghanistan, comme par un texte comme celui de Stephen Bryen, d’‘Asia Times’ : « La “grande retraite” des Américains », repris par Réseau International.)
Il s’agit dong de Sergeï Karaganov, parlant à ‘Argumenty I Fakty’ (reprise sous forme condensée par RT.com.), selon la ligne de pensée qu’une seconde Guerre Froide commence et que la Russie « est aujourd'hui beaucoup plus forte qu’elle ne l’était à la fin de la période soviétique, et que l’Occident s’est affaibli pendant cette période ».
Karaganov, qui a donné son nom à une “doctrine Karaganov” argumentant que la Russie doit défendre fermement les droits des minorités russes existant dans divers pays limitrophes, est depuis longtemps à Moscou un des experts les plus en vue de politique extérieure. Il a été un conseiller direct de Poutine, qui l’écoute toujours avec intérêt, et il est à la tête de la faculté d’économie mondiale et d’affaires internationales de la Higher School of Economics (HSE), prestigieuse université de Moscou. « Plusieurs facteurs nous permettent de parler de bonnes chances de succès » dans cette seconde Guerre Froide qui se profile. Les plus importants sont les relations avec la Chine et le puissant sentiment de souveraineté de la Russie.
« En ce qui concerne la Chine, Karaganov qualifie la relation de “semi-alliance”, notant qu’elle est apparue en raison des échecs géostratégiques de l’Occident. Toutefois, le politologue a mis en garde contre le risque de “vendre la souveraineté du pays” à Pékin, répétant ainsi les erreurs commises par le passé par l’Europe dans son amitié étroite avec Washington.
» “Connaissant l'histoire russe et la psychologie de notre peuple et de notre classe politique, je pense que nous ne vendrons notre souveraineté à personne”, a-t-il ajouté. “J'espère également en la sagesse de la classe politique chinoise. Si j’étais Chinois, je ne ferais jamais rien contre la Russie.”
» En outre, la Chine n’est pas le seul partenaire proche de la Russie, a déclaré Karaganov. Moscou entretient désormais des relations amicales avec la plupart des pays arabes, l’Iran, l’Inde, et même avec certains États de l’Union Européenne, comme la Hongrie et l’Autriche.
» “Nous assistons à un tournant décisif. Nous allons découvrir qui fera partie de la ‘Grande Amérique’, – comme les États-Unis et l’Europe du Nord-Ouest, – et qui sera du côté de la ‘Grande Eurasie’”. »
Karaganov prend le problème d’une façon très différente de la démarche de T.C. Amar ; la sienne démarche est russe et bien russe, considérant qu’une nouvelle époque de concurrence stratégique est ouverte, que la Russie doit emporter. Les affirmations concernant l’intégrité de la souveraineté russe sont aujourd’hui renforcées par des appréciations selon lesquelles une opération d’épuration est en cours dans la bureaucratie russe pour identifier et écarter les principaux relais et porte-paroles du “parti atlantiste”, néolibéral, pro-occidental :
« Vendredi 16 juillet, le Président Vladimir Poutine a approuvé un plan général visant à “nettoyer” les structures de pouvoir de la Russie des “éléments déloyaux et hostiles”. Le plan a été développé sous la direction de Nikolai Patrouchev, ancien directeur du FSB et actuel Secrétaire du Conseil National de Sécurité.
» Ce plan a été nommé “Только свои” (“Seulement les siens”, à comprendre comme “seulement les nôtres”). Selon le document, il y a dans les structures de pouvoir de la Russie, jusqu’à 15 % d’éléments hostiles à la direction actuelle du pays et favorables à un rapprochement avec les pays occidentaux. Ce que l’on appelle communément ici “5-ème colonne”. Selon les auteurs du plan, ces 15% sont potentiellement prêts à aider “des forces hostiles dont le but est de détruire le pays”. »
Ces information, – selon ‘Rusreinfo.com’ le 19 juillet, – semblent crédibles par la force de la logique interne se dégageant de ce faisceau d’indications qu’on a données, aussi bien par des prises de position que par un étalage volontaire de l’affirmation de la puissance militaire russe avec le développement et l’entrée en service de matériels puissants et extrêmement avancés, surclassant largement les équipements du bloc-BAO. Ce dernier point, déjà connu, est condensé par un article de Dimitri Stefanovich, Research Fellow du Centre pour la Sécurité Internationale à l’Institut Primakov de l’Economie Mondiale et des Relations Internationales (IMEMLO RAS) et co-fondateur du ‘Vatfor Project’, concernant les plus récentes nouvelles à propos des nouvelles armes russes dont on parle depuis mars 2019 :
« ...Réunissant des fabricants d'armes de tout le pays et des clients du monde entier, le salon aérien annuel MAKS, qui se tient à l'extérieur de la capitale, a vu le dévoilement du nouvel avion de combat léger Su-75, dont le nom de code est Checkmate. De l’avis général, cette présentation a été le point culminant de l’exposition, les développeurs ayant promis que le Checkmate effectuerait son premier vol avant le salon de l’année prochaine. [...]
» Tout cela fait du Checkmate russe un achat intéressant pour un certain nombre de régions, comme certaines parties de l'Asie et de l'Afrique, – et même l’Amérique latine.
» La vidéo promotionnelle qui accompagnait le nouvel avion présentait les Émirats arabes unis, l'Inde, le Vietnam et l'Argentine. Tous ces pays semblent être des acheteurs potentiels appropriés, surtout à la lumière des rapports sur un éventuel projet conjoint Russie-Emirats, dont la rumeur court depuis plusieurs années. [...]
» Ensuite, le ministère russe de la Défense a publié une série de déclarations qui ont constitué une toile de fond intéressante pour MAKS. La première présentait une vidéo d'un essai réussi de lancement d'un missile de croisière hypersonique antinavire Zircon.
» Les discussions lors du salon ont laissé entendre qu’il y aurait un autre lancement dans un avenir proche, – cette fois, à la portée maximale (plus de 1000 km), et la cible serait un porte-avions.
» Bien que ce missile ne soit pas destiné à devenir la principale force de frappe de la marine russe, qui a fêté son 325e anniversaire ce week-end, il présente néanmoins un grand potentiel lorsqu'il s’agit de garantir la destruction des cibles les plus importantes et les plus sûres, tant en mer que sur terre.
» Le deuxième clip a suscité un enthousiasme encore plus grand : l’armée russe a diffusé pour la première fois des images d’un essai de tir réel de son système antiaérien avancé S-500. Dans un avenir proche, ce système est appelé à devenir l'un des éléments clés de la défense aérospatiale intégrée du pays, théoriquement capable de neutraliser pratiquement tout missile entrant, y compris ceux provenant de l'espace.
» Le développement et le déploiement du système arrivent à point nommé, étant donné que nous sommes constamment confrontés à de nouvelles menaces, qui augmentent rapidement, notamment en ce qui concerne les attaques de missiles, et nous ne parlons pas seulement de celles des États-Unis et des autres pays de l'OTAN. Une fois que le système S-500 entrera en service, les capacités de défense antimissile de la Russie seront placées à un nouveau niveau de supériorité sur les Américains à un nouveau niveau [...] Nous observons déjà des tendances similaires avec les armes de haute précision à longue portée... »
Toutes ces affirmations concernant l’évolution de la puissance militaire russe, et l’évolution à mesure de ce qui serait une “Guerre Froide 2.0”, doivent être complétée par une rapide “revue de détails”, – une de nos spécialités, – de l’état des lieux mentaux et pseudo-stratégiques des États-Unis, adversaire principal de la Russie, et dans tous les cas celui contre qui se fait cette supposée “Guerre Froide 2.0”.
Pour nous aucun doute n’est à poser : cette puissance se trouve dans une phase extrêmement dangereuse, d’effondrement par désagrégation de l’intérieur des forces armées, autant et d’abord du point de vue psychologique et moral, que du point de vue des qualités et capacités militaires dépendant de ces domaines du comportement.
Les questions du wokenisme doivent être étendues à celle du Covid19 parce que la crise-Covid doit être absolument intégrée dans la dynamique wokeniste en raison de son idéologisation partisane instantanée, dès le premier jour, et qui n’a cessé d’être renforcée depuis, particulièrement dans les forces militaires où plusieurs hommes, en général des Africains-Américains, sont chargés de conduire une déconstruction -reconstruction dans le sens qu’on pense. Cette situation sociétale pèse d’un poids extraordinaire et extraordinairement absurde, – du point de vue des intérêts du Système, par sa courroie de transmission US, – sur l’opérationnalité des forces US, également sur leur moral et leur cohésion.
Depuis le printemps 2020 et l’aventure du USS Theodore-Roosevelt, on a pu noter que les sorties outre-mer des grands porte-avions d’attaque à propulsion nucléaire (les CVN) s’étaient notablement ralenties et réduites, en nombre, en temps à la mer loin des USA, et en distance hors de la zone US.
Ainsi Stephen Bryen, cité plus haut, note-t-il : « Par exemple, les États-Unis ont retiré du Pacifique leur seul porte-avions, l’USS Ronald Reagan, pour couvrir la retraite d’Afghanistan. Mais quant à savoir si le porte-avions Ronald Reagan reviendra au Japon à l’avenir, ce n’est pas tout à fait clair. » Notre appréciation est que l’incertitude de son retour au Japon, qui est normalement la base-arrière d’au moins un groupe d’attaque autour d’un grand porte-avions d’attaque de l’US Navy, tient d’abord à la situation-Covid au Japon après les JO, par peur d’infection de l’équipage.
Nous prévoyons également l’ouverture d’un “front intérieur” pour les forces armées, du fait de la désignation des “suprémacistes blancs” désignés comme “la plus grave menace pesant sur la sécurité nationale des USA”. Il y a rien de plus impossible à réduire qu’une chose comme “la plus terrible menace” qui n’existe pas... L’affaire des A-10C Warthog qui se poseront après-demain sur une autoroute du Michigan est le premier signe concret de cette évolution qui affaiblit encore plus considérablement qu’on ne l’imagine les forces armées US, – avec le contexte de l’intervention extérieure, les remous dus à l’idéologisation des forces armées, le sentiment de la “pénétration marxiste”, la communautarisation qui est la référence définissant l’adversaire (les “suprémacistes blancs”) en même temps qu’elle sème le germe de la division au sein des forces...
Actuellement, la puissance militaire russe est dans une remarquable position de force, avec un moral à mesure. Même les arguments de ceux, qui du côté russe, pensent que le Su-75 va “rétablir” la balance des forces en s’avérant, dans la même classe, supérieur au F-35 sorti de l’hyper-américaniste JSF, se trompent du tout au tout tant le F-35 est totalement inexistant. On espère que les Russes ne s’engageront pas trop dans la voie de l’hyper sophistication à cet égard et qu’ils procéderont avec une très grande prudence dans le développement du Su-75, – c’est-à-dire avec une architecture impliquant un contrôle humain [du pilote] maximal, pour ne pas tomber dans l’ornière du technologisme dont le F-35 est l’illustration catastrophique
(N’a-t-il paru étrange à quiconque que les Israéliens, qui ont des F-35 opérationnels depuis deux ans, n’ont effectué avec cet avion que deux opérations d’ailleurs assez peu risquées comme toutes les opérations israéliennes [tirs de missiles à partir d’espaces sécurisés], dont l’une avec des rumeurs d’un F-35 touché, laissant les dizaines d’autres aux F-15 et F-16 bien connus et éprouvés. Ce n’est pas l’habitude des Israéliens : dès qu’ils ont une nouvelle plate-forme, ils la montrent. S’ils dérogent à cet habitude avec le F-35, c’est que le F-35 n’est pas sûr du tout, ni sûr en rien parce qu’incontrôlable dans des phases critiques d’une opération, et qu’ils veulent éviter la destruction d’un F-35, et cela avec l’accord empressé du Pentagone qui ne veut pas exposer le F-35 à la démonstration in vivo de l’extrême vulnérabilité de ses faiblesses mortelles.)
Cette réserve faite sur la prudence nécessaire vis-à-vis du technologisme s’avère d’ailleurs assez théorique puisque le Su-75 est prévu opérationnel pour les années 2026-2027, et que nous raisonnons ici pour les mois à venir et, au plus, l’une ou les deux années qui viennent. En effet, la supériorité russe qui est un fait avéré va se trouver devant la possibilité d’un défi paradoxal : le possible effritement militaire, sinon effondrement ultra-rapide de la puissance concurrente en tant que force contrôlée, obligeant la Russie à envisager le pire... C’est-à-dire une intervention pour éviter que le désordre américaniste débouche sur la possibilités d’initiatives, d’actions parcellaires désespérées, mettant en danger le contrôle de la situation ; car le seul, le véritable danger immédiat que craint Poutine, c’est paradoxalement le désordre chez l’ennemi.
... Car le plus grand danger pour la Russie, aujourd’hui, n’est pas la puissance US, mais l’effritement de cette puissance du fait des événements intérieurs, et surtout de ce fait extraordinaire que la structure qu’on croyait la plus solide, – les forces armées US, – fait partie des structures les plus fortement touchées, soumise à des tensions psychologiques et idéologiques internes qui la rendent extrêmement vulnérables du fait de l’effritement de son contrôle, créant un désordre très dangereux vu le potentiel d’armement mortel dont elle dispose et qui pourrait être utilisé par des fractions, ou par la direction en désespoir de cause. Il s’agit d’une situation du type “effondrement de l’‘URSS-2’”, mettant les forces US dans une même situation déstructurée des forces soviétiques dans les années 1990 (mais d’une autre manière, beaucoup plus sophistiquée et beaucoup plus psychologiquement corrompue).
C’est le scénario que plaide une ancienne analyste du renseignement US, ex-citoyenne soviétique passée aux USA en 1989, recrutée alors par le renseignement US (DIA & CIA) comme spécialiste de la Russie. Pour Rebecca Koffler, les USA sont en train de devenir une « Union Soviétique 2.0 » en phase d’effondrement. (Voir son témoignage sur FoxNews.) En même temps, Koffler, qui rejette les simulacre du type-Russiagate, plaide l’idée que Poutine juge inévitable la guerre contre les USA et s’y prépare avec brio.
Koffler n’est donc pas une antiPoutine-bouffe comme est le commun des dénonciateurs de Poutine aux USA, et si elle est dans le camp anti-Poutine et dénonce un plan anti-USA monté de longue date, son analyse générale n’est pas loin de rencontrer la nôtre dans la mesure où elle développe parallèlement la thèse des USA devenant l’« Union Soviétique 2.0 », – et cela d’elle-même, sans le concours de l’intervention de Poutine transformé en diable corrupteur. Nous différerions donc sur les intentions, mais peut-être pas sur les conclusions : savoir que Poutine s’est déjà convaincu, ou va se convaincre par la seule force des choses (l’évolution des USA) qu’un conflit est sans doute très probable et peut-être inévitable à cause de l’effondrement des USA générant des réactions parcellaires furieuses de la part des centres de puissance, avec la possibilité d’attaques et de conflits.
Cet argument est bien entendu largement renforcé par les divers éléments que nous détaillons régulièrement sur l’évolution de la situation aux USA, qui est incroyablement ignorée par tous les pays alliés des USA, ou soumis aux USA, en Europe. On peut trouver nombre d’hypothèses qui préfigureraient une démarche militaire aux USA, justement dans un climat d’effondrement et pour tenter de stopper cet effondrement par une diversion extérieure. On pourrait voir des accusations d’incursions russes dans la situation de désordre US (du type Russiagate et interférences électorales, mais en beaucoup plus grave), notamment par rapport à des rébellions de type sécessionniste, avec des projets de riposte que la Russie n’accepterait pas, – et elle a montré le sérieux de sa démarche à cet égard avec le cas de la frégate britannique HMS Defender.
Il s’agirait même d’une situation où, hypothèse beaucoup plus grave et de moins en moins “unthinkable”, la Russie déciderait de préempter pour éviter le pire d’une attaque irresponsable de destruction massive. A cette lumière d’une descente dans le chaos de l’effondrement, l’expansion qualitative et quantitative de la puissance militaire russe devient potentiellement comptable d’une seconde explication : à côté d’une expansion défensive naturelle de ses capacités pour résister aux pressions subversives (du bloc-BAO), cette expansion devenant offensive dans le cas décrit ci-dessus où la Russie se jugerait dans la logique pressante de devoir intervenir.
Considérée d’un autre point de vue, moins hostile à Poutine et moins soupçonneux de son machiavélisme, on rejoint ainsi la thèse de Koffler. Poutine lui-même a d’ailleurs affirmé publiquement, – état d’esprit d’ingérence inhabituel chez les Russes, – que la situation d’instabilité intérieure extrême des USA le préoccupait considérablement. On comprend cela comme une évidence, mais qu’il l’ait dit publiquement et aussi catégoriquement mesure à la fois l’inquiétude et la détermination des Russes. D’un point de vue logique, si l’on accepte l’hypothèse « Union Soviétique 2.0 » ce n’est pas autre chose que faire ce que les USA firent avec l’“URSS.1.0” dans les années 1990, par des interventions massives mais d’un autre type, et évidemment déconstructrices comme tout ce que font les USA.
Par contre, bien entendu, les risques d’une conflagration sont massifs parce qu’une intervention russe serait d’un tout autre type, face à un pays dont on connaît l’extrémisme psychologique et la tendance suicidaire latente qu’avait parfaitement décrite (en 1839) Lincoln dans une citation que nous répétons souvent :
« Si la destruction devait un jour nous atteindre, nous devrions en être nous-mêmes les premiers et les ultimes artisans. En tant que nation d’hommes libres, nous devons éternellement survivre, ou mourir en nous suicidant. »
Il nous paraît de plus en plus évident que les Russes se sont convaincus, ces dix dernières années, devant le comportement des USA, à la fois du déclinisme psychologique de l’effondrement, jusqu’à la dépression ou à la folie maniaque, et de la tendance suicidaire qui va avec. Ils n’ont jamais, depuis des interventions de Lavrov en 2012, manqué de mettre en évidence cette instabilité pathologique de la psychologie américaniste-occidentaliste. Il est terriblement logique qu’ils doivent en arriver, devant l’évolution américaniste confirmant et amplifiant leur jugement, à en tirer les conclusions inévitables. En cela, le “Guerre Froide 2.0” pourrait rapidement devenir brûlante.