Les Russes réalistes : pour eux, les USA sont le pays le plus déstabilisant dans les relations internationales

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Le ministre russe des affaires étrangères Sergeï Lavrov a donné certaines estimations et jugements sur les relations diplomatiques avec les USA. Son appréciation générale est assez sévère, — ou bien dira-t-on : réaliste? Lavrov n’hésite pas à dire que les USA sont sans doute le “plus difficile” partenaire de la Russie.

Un extrait d’un article du Washington Post daté d’hier et reprenant des extraits d’une interview de Lavrov à Interfax.

«“Like any other country, we are interested in having good, smooth, clear relations with the United States” but it is “not easy,” Interfax quoted Lavrov as saying in an interview on state-run television.

»While Moscow and Washington have been able to “achieve mutually acceptable results” on many issues, the United States “is not an easy partner at all — probably the most difficult partner,” he said.

»The remarks reflected the troubled ties between the former Cold War foes, despite avowals of common aims on matters such as terrorism and weapons proliferation. Relations have been strained by disagreements over an array of international issues as well as Russia's record on democracy under President Vladimir Putin.

»Russia sharply criticized the U.S. invasion of Iraq and has sought to counter what it has suggested are Washington's uncompromising positions on the nuclear programs of Iran and North Korea.

»Lavrov repeated criticism he made in Washington last week, when he rebuked the Bush administration for its resistance to diplomacy with certain Middle East governments. He suggested the U.S. was being shortsighted by not engaging countries that could help resolve problems in Iraq, Lebanon and the Israeli-Palestinian conflict.

»“The Middle East settlement has been suspended because, despite our position and the position of the European Union, Washington has conducted policy based on the principle, ‘He who is not with us is against us,’” Lavrov said.

»He said the United States was isolating Iran, Syria, Hamas and Hezbollah even though they were “key actors in solving the Middle East puzzle.”»

Ces déclarations de Lavrov viennent notamment après des déclarations du général Makhmout Gareev, président de l’Académie des sciences militaires de Moscou. Ces déclarations ont été faites dans le cours d’une interview de Viktor Litovkine (Novosti) sur “la nouvelle doctrine militaire russe”, le 20 janvier, lors d’une conférence de l’Académie, interview qu’on retrouve sur le Réseau Voltaire, en date du 26 janvier.

De ce tableau doctrinal et militaire extrêmement large tracé par Gareev, nous retenons ce court mais significatif passage :

«L’analyse des tendances du développement de la situation internationale montre que la politique suivie par les États-Unis conduira inévitablement à la confrontation avec une partie importante du monde. Et les conditions sont en train d’être objectivement réunies pour une intervention de la Russie en qualité d’arbitre géopolitique.»

Ces diverses déclarations, notamment celles de Lavrov, particulièrement remarquables pour un ministre des affaires étrangères, montrent que la Russie a une conscience très aiguë de la position et du comportement américanistes. C’est certainement la puissance la mieux armée psychologiquement, — outre son potentiel plus conventionnel, — pour affronter l’évolution des USA. L’expérience de la Guerre froide joue évidemment, mais moins fortement qu’on pourrait croire, la période Gorbatchev-Eltsine ayant vraiment laissé croire aux Russes qu’une réelle coopération était engagée avec les USA.

Aujourd’hui, les Russes n’en doutent plus. Les USA sont le plus grand danger de déstabilisation dans le monde, avec tous les risques qui vont avec.


Mis en ligne le 5 janvier 2007 à 17H35