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747D’une façon générale, l’un credo favori du monde politique français, président en tête, des commentateurs, des analystes, des journalistes qui réfléchissent, des intellectuels qui font profession de réalisme, c'est la vertu d'excellence du modèle britannique. Ce thème, cet automatisme de la pensée devrait-on dire, continue sans coup férir à marquer de couleurs impératives la plupart des interventions à prétention de “philosophie économique” ou approchante, voire de grande politique et de grande stratégie (notamment en faveur de relations resserrées avec les USA). Le Royaume-Uni continue à être la référence, le phare, la bouée de sauvetage, l’argument central de l’accusation anti-française si propre au discours habituel des salons parisiens.
Personne ne semble s’apercevoir que le “modèle britannique” est en train de s’effondrer à un rythme soutenu et à l’image de son grand frère dont il est le reflet absolument fidèle. En ce sens, l’aveuglement français (à applaudir le “modèle britannique”) répond à l’entêtement britannique (à se féliciter du “modèle britannique”).
Il y a finalement une sorte de fidélité émouvante dans la façon dont le Royaume-Uni suit avec l’entêtement et l’alacrité bien connu de la race la voie tracée par les USA, – les “spécial relationships” inutiles, catastrophiques, déstructurantes, poursuivies jusqu’au terme, surtout sans rien changer, sans les mettre en question une seconde, sans rien du tout. C’est ce que relève implicitement, sans ironie particulière ni le moindre sentiment critique pour quelque acteur pathétique que ce soit de cette pièce, l’International Herald Tribune du 3 juillet, sous le titre: «British economy falling into American-style slump»
Ainsi les Britanniques suivront-ils les Américains jusqu’à la lie.
«A housing market in shambles, inflation at the highest level in years and signs that the economy is headed for, or already in, recession. Sound familiar? The British economy, like its counterpart across the Atlantic, has fallen on hard times, and in many ways the experience appears to be mirroring that in the United States. Indeed, the run last September on a British mortgage lender, Northern Rock, was one of the events that helped to embed the terms “credit crisis” firmly into the global consciousness.
»“A recession is more likely than not by the end of the year,” Peter Newland, who covers the British economy for Lehman Brothers in London, said Thursday, summarizing a recent string of dismal economic data that have led economists to revise their growth forecasts downward. “Activity seems to be declining across the economy,” he said.
»The FTSE 100, the benchmark London stock index, has fallen about 19 percent from the high of 6,732.4 that it hit in June 2007 - just short of the 20 percent decline that is commonly said to define a bear market. It gained 50.3 points, or 0.93 percent, to close at 5,476.9 on Thursday. Consumer confidence is the lowest since 1990, as oil prices drive toward $150 a barrel and unemployment has risen for the past four months.
»In a written statement to a parliamentary committee Wednesday, Charlie Bean, deputy governor of the central bank, called the current situation “the most challenging set of circumstances since at least the early 1990s and possibly earlier.”
»The main force dragging down the British economy is the collapse of the once red-hot housing market, which enriched many Britons as long as credit flowed nearly as cheaply as in the United States.»
L’actuelle aggravation de la situation économique au Royaume-Uni, directement “inspirée” par la situation américaniste, achève le cycle entrepris par Thatcher et accéléré par Tony Blair dans l’après-Guerre froide, – malgré une période d’hésitation sur l’orientation stratégique, avec les conservateurs après le départ de Thatcher, de 1990 à 1997, – et qui s’est marqué par l’engagement au Kosovo, en Irak et en Afghanistan, la dénationalisation et la désindustrialisation du Royaume-Uni, l’américanisation de son industrie de défense (BAE), les choix stratégiques et d’équipements US (JSF) et ainsi de suite. Le Royaume-Uni se trouve aujourd’hui devant le constat du désastre engendré par cette orientation stratégique, sans alternative ni même l’esprit de songer à rechercher une alternative. (Cette recherche semble relever du sacrilège et engendre l'excommunication.) L’attitude et la position de Gordon Brown, qui dirige le gouvernement travailliste le plus impopulaire de toute l’histoire du Royaume-Uni, sont à cette mesure: incertaines, hésitantes, presque paralysées.
Solide argumentaire pour les “special relationships”
Mis en ligne le 4 juillet 2008 à 13H55
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