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1231Le thème de l’affrontement avec la Chine est aujourd’hui d’une grande actualité. Un discours d’Hillary Clinton à Hawaï, le 12 janvier, lui était implicitement consacré. John Chan, de WSWS.org, en fait une analyse ce 15 janvier 2010. Ce discours intervient alors que des faits parcellaires alimentent grandement la tension USA-Chine (livraisons d’armes US à Taïwan, décision d’Obama de rencontrer le Dalaï Lama, essai d’un missile anti-missiles chinois, mesures de restriction et de taxation sur les importations chinoises aux USA, etc.).
• Des mesures militaires et des projections sur les forces entretiennent largement cette tension. «Far from being a “force for peace,” the US military build-up raises the dangers of conflict between the two powers. As its economic power has waned, Washington has increasingly used its military might to further its interests. Its alliances in Asia form part of a longstanding US strategy of encircling China with allies, strategic partners and military bases. As planned in 2006, the US will deploy 6 of its 11 aircraft carriers and 60 percent of its submarine fleet in the Pacific this year, shifting from its previous strategic focus on the Atlantic.
»The Pentagon is acutely aware of China’s rising military strength. A recent assessment by the US Office of Naval Intelligence estimated that China’s naval expansion would be at its height in the next 10–15 years, with “one or more aircraft carriers” and 75 submarines operating beyond Taiwan and South China Sea to protect China’s vital sea lanes, particularly to the Middle East and Africa.»
• Le discours annonce les intentions US de tenter de participer à nombre de réunions asiatiques (ASEAN, voire Organisation de Coopération de Shanghai) pour marquer et contrer la présence et l’influence chinoises. Les USA veulent être présents, voire “de retour” en Asie – Clinton n’a, après tout, qu’à citer Robert Gates: «She underlined earlier comments by US Defence Secretary Robert Gates that the US is “not a visiting power in Asia, but a resident power”.»
• Le discours annonce des pressions renouvelées sur les pays asiatiques pour qu'ils prennent leurs distances de la Chine et renforcent leurs liens avec les USA. Cette intention renforce un dilemme grandissant pour ces pays, y compris l’Australie dans la mesure où le Pacifique est inclus dans la zone considérée, et particulièrement pour le Japon. «The growing rivalry between the US and China is reverberating throughout the region. Every government has been compelled to try to balance economic relations with China against concerns to maintain relations with the US. Those issues would certainly have dominated Clinton’s discussions in Australia, which relies heavily on exports of minerals and other raw materials to China, but depends on its military alliance with the US, not least to back its interventions in neighbouring island states.
»Even Japan, which has been a cornerstone of US strategy in Asia since the end of World War II, is torn by this dilemma. While in Hawaii, Clinton met with Japanese Foreign Minister Katsuya Okada in an effort to patch up relations with the Democratic Party government that took power in September. Unlike the previous Liberal Democratic Party governments, which rested on Japan’s Cold War alliance with the US, Prime Minister Yukio Hatoyama has advocated that Tokyo play a greater role in Asia, especially by establishing firmer relations with Beijing…»
@PAYANT Depuis l’automne 2009, certainement depuis quelques semaines et sans aucun doute depuis la visite d’Obama en Chine (avec le refus chinois catégorique de la formule G2) et la conférence de Copenhague, l’état d’esprit US vis-à-vis de la Chine s’est complètement transformé. Après l'épisode type-“coopération renforcée” (proposition de former un G2), il évolue vers l’affrontement à peine dissimulé . Le commentaire géopolitique général washingtonien est anti-chinois, extrémiste, autant dans le domaine économique, commercial et financier, que dans les domaines stratégique et militaire. A l’OTAN, où règne la pensée-caméléon de Washington dès qu’il s’agit des grandes réflexions stratégiques, le climat est très caractéristique, selon une source proche de l’Organisation: «Tout le monde ne parle plus que de la Chine aujourd’hui, du danger chinois, de la menace chinoise. C’est devenu un sujet absolument général, sur le mode de la perspective de relations conflictuelles.»
Il s’agit d’une évolution qui pouvait être somme toute prévisible de la part des USA, si l’on s’en tient à l’expérience récente en matière de politique extérieure et de sécurité nationale. Cette évolution renferme évidemment de formidables germes d’affrontement – avec la Chine, certes, mais aussi, voire plus encore, avec les autres pays asiatiques. Le Japon est en tête de liste dans ce cas, lui qui se trouve dans un état d’affrontement encore parcellaire, mais certainement très fortement marqué du point de vue psychologique, avec les USA. Certains projets US, comme celui de “participer” aux rencontres de l’OCS, sont proches de la provocation pure et simple et risquent de conduire à des humiliations difficiles pour les USA. Ce n’est pourtant pas la première fois que les USA font état de cette intention. Ils avaient déjà demandé à participer en tant qu’observateurs au sommet de l’OCS d’Ekaterinbourg, en juin 2009, mais leur demande avait été rejetée. La chose s’était passée discrètement; cette fois (pour les futurs sommets de l’OCS) elle ne passerait pas inaperçue si elle avait lieu.
La politique chinoise des USA, qu’on devrait plutôt nommer “politique asiatique” tant elle implique tous les autres pays de la région, est un classique désormais, un classique de la non moins classique “politique de l’idéologie et de l’instinct”. La rhétorique maximaliste implicite est inspirée de la haute philosophie de GW Bush au lendemain de l’attaque 9/11: “Qui n’est pas avec nous est contre nous”. C’est dire combien cette “philosophie” n’est plus désormais à considérer comme propre au seul GW Bush, mais simplement comme la politique générale des USA, correspondante à l’exacerbation de la psychologie américaniste et aux analyses paranoïaques qui en découlent. Bush n’a fait que traduire en termes simples et abrupts une évolution désormais inéluctable du système de l’américanisme. Il n’y a nulle pensée géopolitique spécifique mais une systématisation de la logique extrémiste de l’affrontement avec “tout ce qui bouge”, avec tout ce qui peut constituer une force quelconque pour la perception américaniste, aussitôt transformée par cette perception en force menaçante et agressive. Il ne s’agit pas d’une nouvelle politique agressive se substituant ou doublant l’aspect anti-musulman de “la Guerre contre la Terreur”, il s’agit de la logique de “la Guerre contre la Terreur” poussée à son terme: l’ennemi n’est pas identifié ni fixé, l’ennemi est partout en un sens et n’importe qui peut devenir l’ennemi – et n'importe qui le devient tant l'existence de l'ennemi semble être une exigence de cette psychologie et de la politique qui va avec.
Comme toute politique extrémiste de cette sorte, réduite à l’alternative elle-même réduite au dilemme, il s’agit d’une entreprise extrêmement risquée. Si les USA la pratiquent, c’est parce qu’ils sont les USA, incapables psychologiquement de concevoir une situation où leur prépondérance serait repoussée, où leur hégémonie serait contestée. Les diverses politiques spécifiques US dans la région sont toutes du même moule, y compris et particulièrement la politique japonaise des USA. On reste confondu devant cette rigidité de la conception, qui ne laisse place à aucun compromis, à aucun arrangement, notamment avec des alliés qui ne veulent pas la rupture avec les USA, mais qui veulent encore moins, désormais, d’une rupture avec la Chine. Mais ce schéma politique s’explique évidemment, non par un dessein quelconque ou une conception géopolitique, mais par une psychologie générale de type pathologique, largement aggravée par les crises successives qui accablent le système, et par la perception du déclin sinon de l’effondrement du système.
Mis en ligne le 15 janvier 2010 à 12H48
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