Un commentaire est associé à cet article. Vous pouvez le consulter et réagir à votre tour.
5366• Les USA annoncent, par diverses déclaration concomitantes, qu’ils abandonnent toute possibilité de défense directe de Taiwan. • Ils préfèrent préparer des plans de guérilla dans des groupes taiwanais, pour agir lorsque les troupes chinoises auront envahi Taiwan. • C’est la technique des Stay-Behind en Europe, à la fin des années 1940, lorsqu’on craignait une offensive soviétique qui n’eut jamais lieu ; aujourd’hui, par contre, la prochaine invasion de Taiwan par la Chine paraît de plus en plus inéluctable. • Elle l’est d’autant plus que la Chine mesure la déroute US.
Un ensemble de mesures annoncées par les USA montrent que les militaires US ont imposé une nouvelle politique militaire US de défection, et d’action clandestine contre les Chinois, écartant le plus possibles les risques de confrontation directe où ils seraient désormais convaincus (les militaires US) de perdre. L’affaire est conduite directement par Pentagone, Biden passant la main pour cette sorte de domaine (la sécurité nationale) domaine. La direction du Pentagone n’a pour l’instant, à l’insistance de Biden et de sa base wokeniste, qu’un seul objectif : installer la “diversité“ et le wokenisme dans les armées ; le reste, on tente de boucher les trous là où il y en a, ou bien on choisit entre défaite et déroute. Dans ce cas (Taiwan et la Chine), wokenisme ou pas, il n’y a pas grand’chose à faire d’autre vu le niveau des forces et l’absence d’impulsion stratégique. On ne peut rien faire d’autre que s’incliner devant ce qui ne peut être fait. Récit précis quoique maquillé, mélangeant des postures de simulacre et des constats opérationnels peu exaltants.
Dans un article consacré à cette question, RT.com note ceci, où apparaît le caractère dystopique de la posture US, alternant des déclarations bellicistes alimentant le simulacre d’une stratégie de force en même temps que la description de cette stratégie qui est de se replier sur la tentative d’opérations clandestines de harcèlement laissées aux seuls Taiwanais là où c’est possibles, à côté de la vague promesse d’actions de guérilla US sur la péripétie terrestre chinoise – donc alliant une rhétorique agressive avec une description opérationnelles d’une tactique de harcèlement évitant tout engagement ouvert de forces américaines :
« Les commentaires de Maier interviennent au moment où l'administration Biden se lance dans une offensive rhétorique et politique contre la République populaire, avec l’intention d’intensifier des opérations US clandestines de guérilla dans certaines régions limitrophes de la Chine, publiant un flux constant de déclarations bellicistes. Mercredi, le délégué du président pour l'Asie, Kurt Campbell, a déclaré que l'ère de l'engagement sino-américain direct était “terminée” et a annoncé un nouveau "paradigme dominant" de “concurrence” [d’actions clandestines]. »
Cette description concernant la Chine elle-même s’accompagne de l’exposé d’une stratégie pour défendre Taïwan qui est rien moins que la reconnaissance implicite de ne pouvoir résister à une attaque chinoise en ranimant une technique mise au point durant la Guerre Froide ; reconnaissance implicite de l’incapacité de résister directement à l’ennemi et mise en place d’unités de subversion et de guérilla à Taiwan, qui reprend la technique des Stay-Behind [les SB, qui évoluèrent ensuite dans l’opération Gladio] en Europe occidentale à la fin des années 1940 et au début des années 1950 : préparer des actions de guérilla sur les arrières de l’ennemi et contre ses forces d’“occuipation” impliquant que l’ennemi aurait réussi à investir l’Europe occidentale. Ce n’est que plus tard (courant des années 1950 et après, peut-être maintenant encore) que les SB évoluèrent en Gladio de terrorisme intérieur et de provocation. A l’origine, la mise en place des SB, avec le soutien US, avait une claire signification politique pour les Européens : les USA n’étaient pas prêts, ni désireux d’intervenir directement en cas de l’attaque soviétique tant fantasmée à l’époque.
« Le candidat désigné par le président américain Joe Biden pour superviser les forces spéciales a déclaré que les autorités devraient “fortement envisager” le déploiement de commandos américains à Taïwan, où ils pourraient enseigner aux troupes locales comment dissuader une éventuelle “invasion chinoise”.
» Christopher Maier, – qui a été pressenti pour être le secrétaire adjoint à la défense chargé des opérations spéciales et des conflits de faible intensité, – a déclaré aux législateurs cette semaine que des opérateurs spéciaux pourraient être envoyés sur l'île pour former les forces taïwanaises à la guerre irrégulière et à la résistance à un “débarquement amphibie” de Pékin.
» “Je pense que c'est quelque chose que nous devrions envisager sérieusement, car nous réfléchissons à la concurrence entre les différentes capacités que nous pouvons appliquer, [les forces d'opérations spéciales] étant un élément clé à cet égard”, a déclaré Maier au sénateur Josh Hawley (R-Missouri) lors d'une audition de la commission des services armés jeudi, lorsqu'il a été interrogé sur les moyens de dissuader l’“agression chinoise”.
» “Je pense que nous pourrions nous appuyer sur certains domaines auxquels ils ne pensent peut-être pas... En cas d'avancée militaire chinoise, il pourrait y avoir des possibilités de réseaux de résistance ou d’autres capacités que nous laisserions derrière nous contre un éventuel débarquement amphibie ennemi.” »
Il s’agit implicitement (on se garde de le dire ouvertement) de la confirmation et de l’opérationnalisant de la situation militaire d’impuissance dans la guerre conventionnelle où se trouvent les USA aujourd’hui. De récentes évaluations et simulations de guerre ont été réalisées par les forces armées eu lieu, qui ont montré l’incapacité des forces US face à la Chine, notamment et d’abord dans la défense de Taiwan. Il semble donc que les militaires US aient même abandonné l’idée de la possibilité d’une défense conventionnelle sérieuse de Taiwan, au profit de tentative de guérilla interne qui, par définition, prendraient pour acquise la conquête de l’île par la Chine continentale.
Le texte référencé observe que « Biden a continué à mettre en œuvre les politiques de l'ex-président Donald Trump qui visaient à renforcer les liens directs avec Taipei, mais Pékin a dénoncé ces efforts à plusieurs reprises. » Les USA réalisent que la Chine parle très sérieusement. Pour la Chine, Taïwan reste une province chinoise en rébellion, mais qui fait partie de la Chine. Selon cette position et si l’on veut une analogie récente, Taiwan est à la Chine ce que la Crimée était à la Russie avant la reconquête de mars 2014, et son intention est bien d’agir comme firent les Russes.
On reprend ici ce qu’on constatait le 14 mars 2021 à propos de ce qui s’avère aujourd’hui la reconnaissance par le Pentagone de la complète impuissance de ses forces d’affronter une offensive chinoise, notamment à Taiwan, mais potentiellement dans d’autres points de la zone.
« Dans le cas envisagé, les simulations de l’USAF sont sans le moindre ambage : en cas de guerre contre la Chine, selon les paroles même d’un intervenant rapportant un jugement général issu de ces simulations, l’Amérique “perdrait vite,[elle] perdrait très vite”. Cela fait partie des confidences qu’a recueillies Yahoo.News à ce propos, auprès de sources au Pentagone et des inévitables experts encombrant les salons et les plateaux-TV de Washington. On s’y arrête pour quelques lignes/paragraphes, de ce texte du 10 mars 2021.
» “L’automne dernier, l’USAF a simulé [selon la technique des war-games] un conflit pour quelque part, immédiatement après 2030. Tout avait commencé par une attaque chinoise à l’arme biologique contre des bases et des navires de l’US Navy dans la région indo-pacifique. Parallèlement, un exercice militaire chinois majeur servait de couverture au déploiement d’une force d’invasion massive. La simulation s’est achevée par une pluie de missiles chinois sur les bases et les navires de l’US Navy dans la région, et par un assaut aérien et amphibie éclair sur l'île de Taïwan.
» “Cette simulation hautement confidentielle, qui n’avait jamais été rendu publique auparavant, a eu lieu moins d’un an après que le coronavirus, qui proviendrait d’un marché chinois de Wuhan, se soit propagé à l’équipage du porte-avions USS Theodore Roosevelt, mettant hors service l’une des ressources les plus importantes de la marine américaine...”
» Plus loin, on nous résume la situation qui est désormais, si le Pentagone ne réagit pas, une constante de la situation militaire dans une hypothèse de conflit qui domine tous les autres modèles : l’invasion de Taïwan par la Chine continentale. C’est d’ailleurs un point remarquable, qui montre que les experts militaires US suivent ce qu’on perçoit de la soi-disant poussée expansionniste chinoise. Cette poussée est régionale, et passe d’abord par la restauration complète de ce que les Chinois continentaux jugent être leur espace national ; d’une certaine façon, on pourrait avancer que Taïwan est, pour la Chine, ce que la Crimée a été pour la Russie... »
La rapidité du processus, la transcription des exercices et analyses en dispositif opérationnel mesurent combien, sous l’administration Biden, l’infériorité militaire US vis-à-vis de la Chine, dans tous les aspects de la guerre conventionnelle, ne fait désormais plus l’objet d’aucune discussion ni hésitation. Les forces armées US sont désormais, dans leur structure et leurs objectifs, en complète retraite planificatrice, sinon en déroute. Les plans type-Stay-Behind devraient être rapidement interprétés par Taiwan (comme cela le fut pendant deux années par l’Europe de l’Ouest avant un changement de stratégie US vers l’engagement qui était alors possible, mais qui est impossible aujourd’hui), comme un complet abandon à son sort de l’île que les Chinois considèrent comme faisant partie de leur pays.
Ce qui est exposé par les différentes sources citées montre qu’il y a un vent de panique chez les militaires et dans la bureaucratie du Pentagone. Biden est bien incapable d’imposer une inflexion si seulement il en a la volonté ; il laisse aller avec quelques futiles tentatives de rhétorique inverse, montrant à quoi est réduite aujourd’hui la présidence US : un centre inexistant d’une puissance entrée dans un stade aigu de désintégration. Il est vrai que tout ce beau monde, outre l’affaiblissement chronique et très rapide des forces US, est singulièrement occupé à la chasse aux “extrémistes-suprémacistes blancs” dans ses rangs et à la wokenisation des forces armées.
Il s’avère de plus en plus envisageable que cette opération d’idéologisation interne contribuerait à un affaiblissement catastrophique de ce qu’il reste des capacités militaires US. Il est à notre sens tout à fait possible que la posture d’abandon décisif et affiché de la défense de Taiwan, auparavant envisagée comme très difficile mais à envisager, soit la conséquence directe de l’affaiblissement des forces du fait de leur idéologisation. Dans ce cas, l’idéologisation des forces constituerait le coup décisif porté à la posture globale des forces armées US en plein processus de déclin, sans présumer de la possibilité de remous internes à ces forces qui nous feraient entrer dans le champ final de la désintégration par affrontement du type guerre civile.
Mis en ligne le 30 mai 2021 à 09H30
Forum — Charger les commentaires