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5436• Il semble possible, sinon assez probable, que la Russie soit en train de modifier sa position vis-à-vis de l’Ukraine et de l’issue du conflit. • Les perspectives semblent devoir se charger de résolutions nouvelles et de projets radicaux, face à une Ukraine zélenskiste qui semble vouloir jouer la carte inacceptable pour la Russie du terrorisme. • Tout cela semble (verbe d’emploi répété) devoir se nouer à l’ombre de l’échéance électorale capitale des élections présidentielles aux USA, en 2024. • Il nous semble décidément impossible d’envisager une fin apaisée à cette crise.
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Commençons par notre tandem favori Mercouris-Christoforou. Les deux compères, eux, commencèrent leur vidéo du 2 juin en parlant des quelques mots dits par Poutine au cours d’un échange public, suivant le tir de quelques drones ukrainiens sur Moscou (sans dégâts importants, nombre d’entre eux étant abattus ou détournés). Il s’agit d’une expression employée par Poutine :
« Je crois que la meilleure traduction [de l’expression qu’il a employée] est “ce territoire connu sous le nom d’Ukraine” »
Cette remarque dite par Mercouris est ensuite explicitée, suite à une relance de Christoforou, dans son contexte et sa forme, de façon à bien exprimer l’idée que l’expression inhabituelle a été voulue telle qu’elle est dite et qu’elle est symbolique d’une pensée politique et stratégique nouvelle de Poutine, de la direction russe, de la Russie...
« J’ai lu le commentaire sur le site du Kremlin et je pense que c’est un fait important en lui-même parce que s’il ne s’agissait pas d’un commentaire écrit, nous ne l’aurions pas vu sous la forme où nous l’avons vu. Je veux dire qu’ils ne reproduisent pas mot à mot ce que Poutine disait, aussi je crois que cela était précisément voulu... J’ai vu l’échange complet sur une vidéo et il est absolument clair que Poutine répondait à une question préparée à l’avance par une réponse qui ne l’était pas moins... Enfin il dit que c’était un acte terroriste de “ce territoire connu sous le nom d’Ukraine”... »
Ensuite, les deux compères s’engagent dans le champ de la spéculation prudente et fortement documentée selon des références solides, comme ils en ont l’habitude, mais également très fortement structurée. Le thème central ? On l’a deviné au travers de l’expression employée par Poutine qui semble elle-même gommer l’Ukraine d’aujourd’hui développant des méthodes terroristes classiques, d’ailleurs apprises abondamment de ses sponsors anglo-américanistes qui en connaissent un bout sur les guerres terroristes. La principale de ces références ? Mercouris cite Medvedev, dont le duo a plusieurs fois signalé qu’il a la tache de dire tout haut ce que Poutine pense tout bas – et qui a dit ces dernières semaines, à plusieurs reprises, la même chose :
« Le régime nazi de Kiev doit être complètement démantelé... Sinon, ils ne se calmeront jamais et le nihilisme de leur addiction aux drogues dures deviendra la réalité et la guerre sera là pour très longtemps. Notre pays n’a pas besoin de ça. » (Le 29 avril 2023.)
« Il est nécessaire de détruire la nature profonde de ce régime nazi de Kiev, sinon le conflit s ‘étendra indéfiniment, avec des alternances de phases, trois ans de paix suivi de trois ans de guerre, et ainsi de suite, et tout cela répété et répété... » (26 mai 2023.)
C’est sur ce thème que Mercouris et Christoforou discutent, estimant que la Russie semble avoir décidé que plus aucune entente n’est possible avec l’Ukraine dans la situation actuelle, et dans les conditions créées par ce que les Russes jugent être une stratégie de terrorisme contre leur pays. Dans les perspectives envisagées, on trouve notamment un “découpage” de l’Ukraine, certaines parties revenant à des pays voisins de l’Ukraine sur son Ouest (Roumanie, Hongrie, Pologne...). De telles évolutions, si elles étaient envisagées, mettraient complètement en jeu l’unité de l’OTAN (et de l’UE) et impliqueraient une quasi-rupture avec les USA... Sur ces points de l’unité de l’Occident-collectif devant de telles possibilités, on peut avancer cette observation hypothétique expliquant la démarche, – celle que les Russes tableraient sur un échec de Biden aux présidentielles et jugeraient qu’un Trump (ou un Kennedy Jr. ?) pourraient accepter cette sorte d’évolution.
Note de PhG-Bis : « Je demande à PhG s’il existe une possibilité que des contacts aient déjà été noués entre quelque Russe en balade et quelque émissaire de Trump en ripaille ? Sa réponse est tortueuse mais pas insaisissable : “si l’on s’en remet à l’hypothèse de la seule possibilité, quoique pas trop loin de la probabilité, – alors ce serait oui”... »
Ce changement fondamental semble figurer dans les nouvelles “conditions de paix” présentées par le vice-ministre des affaires étrangères Galouzine à l’agence Tass. Ce conditions concernent une position de l’Ukraine fermement et strictement définie par des conditions extrêmement strictes détaillées par la Russie:
« Pour un “règlement du conflit”, l'Ukraine doit cesser les combats et les pays occidentaux ne doivent plus livrer d'armes, explique clairement Galouzine. Pour parvenir à une paix “durable et juste”, Kiev doit en outre revenir à son statut de neutralité et de non-alignement d'antan et reconnaître comme territoire russe les “nouvelles conditions territoriales”, c'est-à-dire l'occupation des territoires ukrainiens conquis, qui ont également été officiellement rattachés à la Fédération de Russie en septembre 2022.
» Le ministre a ajouté que la protection des droits des citoyens russophones et des minorités nationales était également un élément central pour parvenir à la paix. La langue russe doit être reconnue comme langue officielle. Les droits de l'homme fondamentaux doivent également être garantis en Ukraine, y compris le droit à la liberté de religion, a-t-il ajouté. Du point de vue russe, ce dernier point n'est plus d'actualité depuis 2014 dans les régions de l'est de l'Ukraine, majoritairement peuplées de Russes. »
Le magazine allemand ‘Zuerst’, qui détaille ces dispositions, termine en observant que les principaux buts au départ de l’Opération Militaire Spéciale, – la “dénazification” et la démilitarisation de l’Ukraine, – ne sont plus mentionnés. C’est sans doute dû au fait assez évident que les conditions extrêmement dures exigées désormais par la Russie exclut de facto l’existence ou la survie de toute “nazification” et de toute militarisation dangereuse de l’Ukraine.
L’ensemble évoque donc une évolution importante, voire fondamentale des “buts de guerre” de la Russie, selon l’idée émise par Medvedev que tout arrangement plus “libéral” impliquerait un foyer de conflit permanent pour des années et des années. Il semblerait que les récents événements (attentats, drones, incursion en territoire russe) aient convaincu Poutine et la direction russe qu’aucune possibilité d’arrangement sérieux n’est concevable avec l’actuelle Ukraine, qui deviendrait alors une “Ukraine”, – « ce territoire connu sous le nom d’Ukraine », – invitée à se transmuter selon les conceptions russes.
Et la “contre-offensive” ukrainienne dans tout cela ? Mercouris et Christoforou, pourtant toujours très prudents, commencent à trouver le temps long et rappellent qu’il y eut une “contre-offensive d’automne” (2022), une “contre-offensive d’hiver”, une “contre-offensive de printemps”, et qu’on en est maintenant à la “contre-offensive d’été”, toujours dans l’attente du “train de 8 heures 47”. Quant à Gilbert Doctorow, expert apprécié, il envoie aux gémonies cette étrange “contre-offensive” et termine son commentaire (les quelques lignes de la fin de l’extrait ci-dessous) par une énigmatique allusion à la sénilité trébuchante de Biden qui rejoindrait bien l’hypothèse d’une victoire de Trump et d’un arrangement avec lui :
« ...Qu’il n’y ait pas de confusion ici. L’attaque ukrainienne sur Chebekino, ville purement civile [en Russie, sur la frontière ukrainienne] sans aucune valeur militaire, EST la “contre-offensive” ukrainienne tant attendue. C’est l’action d’une force militaire épuisée qui ne peut affronter les forces armées russes sur le champ de bataille. Les images diffusées par la télévision russe suggèrent que, jour après jour, leur avancée vers l’ouest à partir de Bakhmout/Artyomovsk, nouvellement conquise, se poursuit sans relâche. Toute la ligne du Donbass repousse les forces ukrainiennes, qui n’ont pas fait entrer en jeu leurs chars occidentaux tant vantés et d’autres matériels de pointe, car ils seraient détruits faute de couverture aérienne et de munitions que les Russes ont systématiquement éliminées par des frappes de missiles sur les caches d’armes au cours des dernières semaines.
» Pendant ce temps, les experts russes s’intéressent de près à la chute du président Biden sur le podium, hier, lors d’une cérémonie de remise de prix. Ils trouvent tout à fait choquant que cette créature sénile appelée Joe tienne le destin du monde entre ses mains vacillantes. »
A côté de tout cela, on observera que les journées de Mister Z. sont chargées des emportements autour d’un combat qui semblerait bien devoir être considéré comme perdu d’avance : entrer très, très vite, – au moins dans l’OTAN, à l’ombre de l’Article 5, et, pourquoi pas, dans l’OTAN + l’UE en un fabuleux doublé. Cela ressemble à une course de vitesse un peu désespérée pour Zelenski coincé entre l’obligation de “contre-offensive”, les grandissantes et intransigeantes pressions russes et les hallucinations offensives et antirusses parcourues de freinages in-extremis de ses “parrains” de l’Occident-sédatif
Dans ce champ de vérités innombrables et de simulacres à mesure que sont la crise ‘Ukrisis’ et la guerre en Ukraine, on s’abstiendra naturellement de toute affirmation et prévision assurées. Il n’en reste pas moins qu’il nous paraît assuré que les Russes ne peuvent pas se laisser enfermer dans un cercle vicieux terrorisme-provocation ; que l’Ukraine de Mister Z. a de moins en moins de moyens de tout régler du feu d’une magistrale offensive à-la-Guderian ; que l’Occident-très-tardif ne peut plus vivre très longtemps, perdu dans ses rêves de simulacre et ignorant qu’il y a, l’année prochaine, une élection présidentielle aux USA ; que le POTUS Joe Biden est dans la forme assez étrange qu’on lui voit, sorte d’Hercule en papier-mâché toussant et bégayant, écrasé impitoyablement sous sa charge d’américanisme exceptionnaliste en plein effondrement...
On ne peut donc, il faut l’avouer, exclure la possibilité de changements intéressants. Ils permettront dans tous les cas à notre presseSystème de l’Occident-poussif de montrer la vélocité et la souplesse d’une échine de médaillé d’or aux Jeux Olympiques du champ d’honneur des vérités alternatives, – tiens, à Paris justement, sous l’empire de Macron Premier-bis. Comme les choses se mettent, selon le bon vouloir des dieux.
Mis en ligne le 3 juin 2023 à 20H30