Les voies impénétrables du cheminement de l’information

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Les temps sont durs pour l’information. Elle chemine parfois suivant des voies dont le dessein est (à première vue) impénétrable. En voici un exemple.

Aujourd’hui, le New York Times publie un article annonçant que Rumsfeld autorisera l’U.S. Army (et aussi l’USAF et la Navy) à plaider directement son budget devant l’Office of Management & Budget de la Maison-Blanche.

Voici le début du texte du New York Times :

«Defense Secretary Donald H. Rumsfeld is allowing the Army to approach White House budget officials by itself to argue for substantial increases in resources, a significant divergence from initial plans by Mr. Rumsfeld and his inner circle to cut the Army to pay for new technology and a new way of war.

»With its troops and equipment worn down by years of fighting in Iraq and Afghanistan, the Army appears likely to receive a significant spike in its share of the Pentagon’s budget request when it goes to Congress early next year. Significantly, increases to the size of the Army made by Congress since 2001, amounting to 30,000 troops, have become a permanent fixture of the force, military and Congressional officials say.

»Beyond that, the Army is discussing internally whether it should expand by tens of thousands more, as some in Congress have long advocated. This time, Mr. Rumsfeld is not standing in the way. His original vision for a transformed military called for leaner, more agile forces capitalizing on the latest technological innovations.

»Mr. Rumsfeld’s current acquiescence is viewed within the Pentagon as reflecting both the reality of the Army’s needs to increase its size and repair or replace current equipment and a decision not to cross swords with the service — or with the Army’s staunchest supporters in Congress, some of whom are sharply critical of the defense secretary’s management of the war effort and have called for him to step aside.

»But Mr. Rumsfeld is requiring the Army to make its own case. The defense secretary has broken Pentagon precedent by allowing the Army to make its financial case directly to the president’s Office of Management and Budget, a task normally managed by the defense secretary and his staff rather than by the individual military services. The Air Force and the Navy also asked to present their budgets directly to the budget agency and the requests were granted.»

Curiosité : l’information du Times reprend ce qui a déjà été publié par Defense News le 18 septembre, et repris sur notre site le 20 septembre, avec, le même jour, un F&C sur le thème.

Entre-temps, que s’est-il passé ? L’U.S. Army s’est fâchée, par la voix de son chef d’état-major, le général Schoomaker, qui a annoncé qu’il ne présenterait pas de budget. Ce refus s’étendait, en toute logique, à la présentation directe à l’OMB qu’annonçait l’article de Defense News. L’article du Times annonce au contraire que l’U.S. Army “est autorisée” à présenter sa demande budgétaire devant l’OMB. Il relève d’une riposte de l’OSD (Office of Secretary of Defense), c’est-à-dire selon une manipulation de Rumsfeld, qui veut forcer la main à l’U.S. Army en la conduisant à tout de même présenter un budget. (Rumsfeld ne désire sans doute pas prendre la responsabilité d’avoir lui-même à fixer le budget de l’U.S. Army, pour se faire ensuite mettre en charpie par le 110ème Congrès [celui qui sortira des urnes], sans doute à direction démocrate, qui lui reprocherait de n’avoir pas donné assez à l’Army.)

Cette situation très complexe sert surtout à confirmer encore une fois l’extraordinaire relativité de l’information, particulièrement de l’information officielle. Celle-ci est aujourd’hui la moins crédible de toutes les sources d’information, à cause des manipulations que leur fait subir le pouvoir.

Comme les journalistes du New York Times ne lisent pas en général la presse spécialisée, la manipulation s’est faite sans douleur et l’affaire peut être présentée comme une décision assez libérale et constructive du secrétaire à la défense. Elle reste fondamentalement, sur le terme et selon notre analyse, une capitulation du pouvoir civil du Pentagone.


Mis en ligne le 8 octobre 2006 à 16H00