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45375 janvier 2019 – L’on sait l’importance qu’on accorde ici, à dedefensa.org, et moi-même sans aucun doute et avec une insistance extrême, à la communication sous sa forme la plus large du “système de la communication”. (Voir le plus récemment sur cette question, le Glossaire.dde sur Notre-Méthodologie.) Un ensemble de facteurs, des événements très significatifs, une évolution structurelle depuis l’apparition notamment du concept de déterminisme-narrativiste, conduisent à proposer un nouveau concept général sous forme de doctrine qui ferait le pendant du technologisme.
(Technologisme bien entendu pour la technologie, l’une des deux forces principales avec la communication constitutives de la puissance aujourd’hui. Donc technologisme et communicationnisme [je préempte], côte-à-côte ou bien plutôt face à face, c’est selon.)
Je propose d’adopter le mot, déjà existant, de “communicationnisme”, sous l’éventuelle réserve d’en trouver un plus satisfaisant pour définir le seul sens que je veux lui donner ici. Cette page du Journal dde-crisis est une esquisse, un banc d’essai, pour une idée recouvrant une situation évidente, qui sera très certainement développée ; le développement du concept et de l’idée éclairera la situation et fera sans doute apparaître des dimensions cachées.
Il s’agit bien de l’évolution du déterminisme-narrativiste fortement développé, d’un processus inconscient en une sorte de doctrine assumée, totalement relativiste puisque la réalité objective n’existe plus, avec une dimension esthétique qui est comme une justification vertueuse et désormais affichée de la pratique faussaire. Ce dernier point est d'une bouleversante importance, et il m’a été suggéré par un commentaire de WSWS.org du 3 janvier 2019 sur le dernier scandale en date du Spiegel, avec son journaliste-vedette qui “fabriquait” des articles sur des sujets idéologiques et politiques très sensibles (la campagne anti-Assad en Syrie, fondée sur l’affectivisme de l’humanitarisme, l’antitrumpisme globaliste, etc., tout cela très-Système comme on le comprend).
L’intérêt de cet extrait se trouve dans les contradictions qu’on découvre dans les explications des chefs de la rédaction concernant les faux complets du journaliste vedette du Spiegel et de la presse allemande, plusieurs fois primé (pas à Cannes, mais aux Awards de journalisme), – nous avons nommé Claas Relotius. D’une part, on explique le cas Relotius d’une façon bidon-brouillonne, par des arguments psychologiques, comportementaux basiques et grossiers, – la bouillie pour les chats habituelle, avec cette précision qu’on se doutait bien que les articles étaient bidouillés, c’est-à-dire faux, parce qu’il étaient un petit peu “trop beaux pour être vrais” ; d’autre part, on les justifie et on les transmue quasiment en vérité, dans un accès de franchise désarmant décrivant l’affectivisme-midinette du plaideur, parce qu’ils sont “beaux”, et c’est presque alors un label d’authenticité comme l’on dirait d’une œuvre d’art qu’elle est authentique parce qu’elle est belle... Ce n’est plus du tout “trop beau pour être vrai”, c’est au contraire “vrai parce que très beau”. (Voici l’extrait, avec les passages qui importent indiqués en gras.)
« Depuis cet aveu public des rédacteurs en chef du Spiegel, la rédaction du magazine s'est efforcée de présenter le scandale Relotius comme un cas unique dans lequel s’étaient conjugués le génie, le désir de prestige, l’énergie nihiliste et l’instabilité psychologique. Selon la presse, le Spiegel aurait assuré des soins psychologiques et un avocat au faussaire, qui a démissionné de son propre gré après avoir été démasqué.
» Relotius est peut-être une exception par l’effronterie de ses contrefaçons, mais la question beaucoup plus importante est de savoir pourquoi ses fabrications ont été publiées par le Spiegel et d'autres organes de presse et pourquoi il a reçu de nombreux prix journalistiques. À l'âge tendre de 33 ans, Relotius avait reçu près d'une douzaine de prix prestigieux, octroyés non seulement à des journalistes, mais encore à des personnalités de la vie politique et publique.
» Ses contrefaçons étaient, en fin de compte, assez transparentes. La rédaction-en-chef du Spiegel a ignoré à plusieurs reprises les anomalies comme les avertissements. Maintenant, elle admet avec une franchise désarmante que les reportages de Relotius étaient “trop beaux pour être vrais”.
» Quelle est la signification de ce scandale? Selon les commentateurs, bien que les reportages de Relotius aient été faux, ils restaient “beaux”, c’est-à-dire qu’ils correspondaient au récit que les rédacteurs en chef et les jurys des prix journalistiques désiraient divulguer. Dans son écriture, “le présent est concentré dans un format lisible, les grandes lignes de l'histoire contemporaine deviennent compréhensibles, et tout d’un coup l’ensemble devient absolument et humainement compréhensible”, a déclaré Ullrich Fichtner, rédacteur en chef du Spiegel. Tant que les faux n'étaient pas découverts, ils étaient les bienvenus. »
C’est donc la narrative élevée au rang de grand art et donc bien plus que la narrative, autre nature ; bientôt l'on fera de Claas Relotius ce journartiste, c’est une suggestion autant qu’une prévision les amis, un grand “acteur” de l’A.C. (Art Contemporain). L’immensément riche et mécène de l’A.C. Bernard Arnault, ci-vachement-devant propriétaire de LVMH, rachètera sans aucun doute les manuscrits encodés en Words-gothique des 55 articles de Relotius recensés comme de pure création (artistique) et leur consacrera une exposition spéciale avant de les enfermer dans sa galerie personnelle pour leur permettra d’échapper à la morsure fatale de l’âge et à la dégradation honteuse du temps ; car dans la galerie personnelle de monsieur Arnault, elles entreront dans l’immortalité de la création artistique et de son esthétique sublime.
Tout cela, qui précède, c’est se moquer assez facilement, certains penseront “vulgairement”. Il est vrai que l’œuvre esthétique de Relotius mérite un moment de respect, puis un vaste élan de réflexion, puisqu’elle est après tout la cause encore plus que l’objet d’une investigation fructueuse. Il se trouve donc que ce que je propose de nommer dans son nouveau sens “communicationnisme”, c’est notamment l’acte de rompre avec l’emprisonnement (déterminisme) du déterminisme-narrativiste pour afficher, on dirait “en toute liberté”, la démarche créatrice de produire des œuvres de communication, de pure information, crées de toutes pièces, – bien sûr en prise avec le “réel” (non, je plaisante), – d’un esthétisme éclatant et même bouleversant.
(Je dis “notamment” parce qu’on peut élargir le champ d’application et même le soumettre à la “loi de Janus” du système de la communication transférée au communicationnisme. On verra. Dans tous les cas, Stay tuned comme ils disent, pour le développement de la réflexion au travers de l’emploi, sans doute dans d’autres rubriques.)
Dis-moi, ô miroir, ô gentil miroir, est-ce que mes articles sont les plus “beaux” maintenant que Relotius a dégagé ?
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