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334611 septembre 2021 – Il y a encore des bribes d’émotion chez certains lorsque, dans un de ces multi-talk shows des réseaux d’info, le meneur de jeu demande à ses invités (parmi ceux que j’ai vus, vous les connaissez bien, un Pierre Lellouche ou un Dominique de Montvallon) : vous rappelez-vous ce que vous faisiez le 11 septembre 2001, lorsque l’attaque eut lieu ? Il y eut de l’émotion dans l’air (« Nous sommes tous Américains »), pour quelques secondes précieuses comme des pépites qui sont des choses rares et coûteuses. Chacun témoigna qu’il avait été touché au cœur, deviné sur l’instant que “c’est la guerre”, compris qu’on basculait en un instant “dans une nouvelle époque”.
Si l’on m’avait posé la question, j’aurais répondu “J’étais en train de tondre la pelouse” ; et ce que je pensais lorsqu’on m’annonça la nouvelle : “Rien, sinon que les histoires de terrorisme ne m’amusent guère”. D’ailleurs, je l’ai déjà écrit et n’en retire pas un mot...
« Lorsque l’attaque se déroula, nous étions (avec le décalage horaire) en début d’après-midi, par un fort beau temps. Je m’accordai un temps de transition, – après tout, je venais de boucler le numéro du 10 septembre [de la Lettre d’Analyse/papier dedefensa & eurostratégie] et m’occupai à la tonte du gazon de mon jardin. Ma femme m’avertit de l’événement, dont, soudain, toute la communication du monde était pleine, – parce que, on s’en expliqua assez vite, c’étaient les USA, c’était les World Trade Center de New York, le symbole même de la modernité.
» (Le nombre des morts ? Nous en avions connu bien plus, peu de temps auparavant, au cours des diverses guerres de l’ex-Yougoslavie où l’Amérique porte plus que le poids de sa responsabilité directe. En remontant notre histoire, combien de charniers, d’attaques sur nos territoires, de batailles et de guerres, de massacres divers, alors que les USA ne connurent aucun drame de guerre prétendant approcher ces pertes et ces destructions. Alors, 3 000 morts à New York n’était pas un événement valant l’exception absolue dans l’histoire du monde, à l’égal de la crucifixion de Jésus-Christ. C’était mon jugement et je fus, pendant quelques heures, ou quelques demies-heures, en mode adiaphorique ; c’était ma façon de marquer mon mépris pour la prétention exceptionnaliste de l’Amérique.)
» Je fus fort agacé de l’écho donné sur l’instant à la chose et, derechef, poursuivit ma tonte sans autre préoccupation. Le fait est que je tenais le terrorisme pour une activité politique annexe, et le nombre de morts très élevé qu’on annonçait déjà, les destructions évidentes, ne transformaient en rien pour mon compte la nature de l’attaque. Cela n’avait rien d’un Pearl Harbor, qui ouvrait une guerre cruelle et mondiale contre le Japon.
» Pour cette raison de simple et évidente analyse, je fus aussitôt stupéfait de l’ampleur colossale soulevée par les réactions formidables, comme si les USA avaient été l’objet d’une attaque nucléaire. Dès lors, puisqu’il le fallait bien à cause de cette réaction, l’événement s’imposa à moi comme énorme, bouleversant, véritablement métahistorique, – mais bien entendu le “fantastique événement que constituèrent les réactions à l’événement de l’attaque 9/11”, et nullement l’attaque 9/11, et là-dessus je n’ai en rien changé d’avis... »
C’est vous dire mes réticences, voire mon hostilité et mon mépris devant le côté solennel si forcé, jouant sur des larmes anciennes, séchées puis ressorties du frigo comme chaque 11-septembre, remises à température normale du goût du jour de chaque 11-septembre, le temps de deux ou trois heures de discours tonitruants. Alors, ce qui m’intéresse, bien plus que les événements si incertains et brutaux, auxquels nous ne comprenons rien en vérité, et faisons mine de les embrasser puisque nous ne pouvons pas les étouffer, c’est encore et toujours l’attitude des psychologies folles et des actes qu’elles font faire aux gens, – je parler des gens directement concernés dans ce cas : c’est-à-dire les gens des USA, Biden compris, plongés dans la situation des USA.
Ainsi avons-nous à faire ce qui me paraît si important, la comparaison et les différences fantastiques entre le climat public aussitôt après le 11-septembre, et le climat public aujourd’hui. Ce cas me paraît bien plus important que toutes les vaticinations d’experts passant à la vitesse de l’éclair à côté de l’essentiel, papotant sur l’horreur du terrorisme, sur son évolution entre ces deux 11-septembre, sur ce qui a été fait en son nom et contre lui et toutes ces sortes de chose... C’est vrai, cela : Comme si le 11-septembre était une affaire de terrorisme ! Je crois rêver, à les entendre, comme si nous étions sur le pont du Titanic, ce paquebot sans exemple ni précédent en train de faire ce que vous savez, et qu’on se concertait en se crêpant le chignon pour savoir si oui ou non on allait se faire vacciner contre le Covid1911 (ou “Covid9/11, comme dit l’autre, comme on le verra plus bas).
Mais par ailleurs, mes chers amis lecteurs dont certains remontent au-delà du 11-septembre, il se fait que cet anniversaire, vingtième du nom du 11-septembre, survient alors qu’une bataille majeure, un affrontement d’une dimension peu commune, quasiment titanesque et hollywoodienne, a éclaté après l’annonce par Biden de son “Plan d’Action Covid” (CAP pour ‘Covid Action Plan’) ; et cette chose provoquant une fronde majeure des gouverneurs des États républicains (27 sur 50, tout de même). Des actions en justice ont été aussitôt annoncées, à commencer par celle de la direction (DNC) du parti républicain.
Voyons en effet le spectacle que nous offre en ce 20e anniversaire le gouvernement de l’Amérique, celui que Germaine de Staël définissait pour son ami Jefferson, en 1816, en ces termes : « un gouvernement aussi parfait que la raison humaine peut le concevoir ». (*) Voici, d’abord, défini dans ses termes fleuris et apocalyptiques habituels, et anti-Biden en 150%, comment WDMI (‘WhatDoesItMeans’) présente la dernière (9 septembre) initiative du président :
« Cette “main de fer” [de Biden] est opérationnalisée dans son “Plan d’Action Covid” (CAP) en six points ordonnant à tous les employés du gouvernement américain de se faire vacciner sous peine de perdre leur emploi ; ordonnant à l’Administration de la Santé et de la Sécurité au Travail de commencer à imposer une amende de $14 000 dollars pour toute entreprise américaine de plus de 100 employés, pour chaque employé non vacciné. Le CAP exempte les travailleurs syndiqués des services postaux américains de cet ordre tyrannique d’une part, les centaines de milliers de migrants illégaux affluant en Amérique par sa frontière Sud ouverte d’autre part. Pour donner un relief comique à cette folie tyrannique, à peu près au moment où cette “poigne de fer” s'abattait sur les Américains, la leader socialiste [et vice-présidente] Kamala Harris proclamait en Californie : “Nous sommes une société plus forte lorsque les gens sont capables de faire des choix sans interférence du gouvernement”. »
Pour autant, le contexte de cette initiative, et notamment la réaction des républicains et des conservateurs, semblent n’avoir pas été prévue du tout par l’administration. Quel étonnant étonnement ! On notera dans le chef de la porte-parole de Biden Jen Psaki lors de sa conférence de presse quotidienne d’hier 10 septembre, à la fois une note de désarroi et à la fois un argument juste.
(Cet argument : ce que je nomme “la cause première” en général, mais ici non de la séquence de l’Afghanistan mais de celle du vaccin/Covid, qu’on a déjà rappelée ces derniers temps à différentes reprises, et très récemment encore pour mon compte, pour mettre en évidence la tourbillon des contradictions et des changements de position ponctuelles [des deux côtés] pour que continue à s’exprimer l’essentiel : la haine de l’adversaire mais aussi, plus vertueusement, la bataille contre le Système.)
Psaki, donc : « ...Et comme c'est le cas... je veux dire, il est également vrai qu'il y a eu une frustration croissante parmi les gens. Donc, si vous regardez les tendances de ces derniers mois... Vous savez, nous n'avions pas prévu, je dirais, que lorsqu’il y a un vaccin approuvé par... sous un président républicain, que le président républicain a pris, qu'il y aurait une telle hésitation, une telle opposition, une opposition véhémente, dans certains cas, de la part de tant de personnes de son propre parti dans ce pays. Nous n'avions pas prévu cela. »
Pour autant, et au diable le désarroi et l’absence de conscience de la fureur de l’opposition, l’équipe Biden décide et fait résonner la résolution qu’elle a de poursuivre et d’écarter l’opposition des gouverneurs. Un des proches conseillers de Biden en témoigne lors d’une interview de CNN ; il s’agit d’“écraser” l’opposition des gouverneurs républicains, donc d’“écraser” les directions politiques de jusqu’à 27 des 50 États de l’Union.
Le commentateur Jack Phillips en rend compte, en observant combien cette intention exposée en des termes si violents contredit les fondements de ce « gouvernement aussi parfait que la raison humaine peut le concevoir », cher à Germaine. Il met en cause des pouvoirs qui sont constitutifs de ce gouvernement du fait de sa forme fédérale, et oppose arbitrairement les élus qui les dirigent aux habitants de ces États qui les ont désignés :
« “La chose que j’admire chez ce président, c’est le fait qu’il nous conduit à toujours mettre l’intérêt des gens au-dessus de la politique. Et nous allons nous battre pour ceux qui ont vraiment besoin de notre aide”, a déclaré Richmond, ancien membre démocrate du Congrès de Louisiane [et actuel conseiller de haut rang de Biden], en réponse à une question de CNN sur les gouverneurs qui résistent au décret.
» “Et les gouverneurs qui s'y opposent, je pense, il était très clair dans le ton du président aujourd’hui qu’il les écrasera”, a-t-il ajouté. “Et c’est important. Ce n’est pas à des fins politiques. C'est pour sauver la vie des Américains. Et donc, nous ne laisserons pas un ou deux individus s'y opposer. Nous nous trouverons toujours du côté de la protection du peuple américain.”
» Le commentaire de Richmond soulève toutefois des questions sur la façon dont le gouvernement fédéral prévoit d’“écraser” les gouverneurs des États, étant donné que le gouvernement des États-Unis est fédéraliste et combine le gouvernement central avec les gouvernements des États et des collectivités locales. [...]
» ...Si le gouvernement fédéral ordonne à l'Occupational Safety and Health Administration d’imposer des tests ou des vaccins aux employés du secteur privé, M. Biden devra faire face à une avalanche de poursuites judiciaires. »
Voilà... Comme on peut le voir, il s’agit de la querelle la plus sérieuse, – qui intéressera sans aucun doute notre président macronien quant au sujet, – entre le gouvernement fédéral et un nombre sans doute important des gouverneurs. On peut se retrouver dans des conditions d’affrontement qui pourraient dépasser les seules cours de justice, dans une situation où l’autorité de la Cour Suprême, – si la querelle vient jusqu’à elle, – est de plus en plus mise en cause ; c’est-à-dire, des conditions objectives de “guerre civile”.
Ce qui m ‘importe ici, pour honorer ce 20e anniversaire, c’est de relever essentiellement deux points : l’un est de circonstance, l’autre est de fond.
• Comment est-il possible d’avoir eu l’idée d’une telle mesure à la veille du 20e anniversaire, dans une occurrence où l’anniversaire du 11-septembre est toujours pour le président en-cours une excellente occasion d’exalter l’unité populaire du pays derrière le président ? Et Dieu sait si ce président-ci-et-là, après sept mois de pouvoir, en a besoin ! Mais peut-être la réflexion de Psaki est-elle révélatrice, peut-être les Biden, démocrates et wokenistes vivent-ils dans leur bulle, soutenu par le bruit de fond de la presseSystème, et n’ont-ils aucune idée des oppositions que font naître leurs programmes et leur comportement dans l’exercice du pouvoir ? Peut-être, peut-être, – sans doute, oui ! Dans l’actuelle situation américaniste, le pire est toujours le plus probable.
• Le résultat de fond marque le principal de la réflexion sur l’événement. Il est donc finalement ce qui, opérationnellement mais aussi symboliquement, marque à mon sens le plus ce 20e anniversaire du 11-septembre. Il y a vingt ans, l’attaque du 11-septembre avait provoqué un formidable mouvement d’unité du pays, avec un Bush, ce crétin congénital aux parfaites proportions de la chose, atteignant des proportions de popularité jamais vues pour un président, entre 80% et 90% de soutien. Vingt ans plus tard, le président est, sept mois après son entrée en fonction, dans une situation d’impopularité avérée, avec un pays radicalement coupé en deux et une grave opposition des pouvoirs, faisant se succéder le désastre afghan (pourtant, objectivement quoique selon moi, une bonne chose à l’insu de soin plein gré) et cette affaire des vaccins, que Tom Luongo désigne justement comme la crise “Covid9/11”.
... Le même Tom Luongo, adversaire acharné de « The Davos Crowd » et de ses manigances comploteuses, qui écrivait le 6 septembre :
« À l'instar de ce qui s'est passé ici aux États-Unis avec le placement et la sélection de divers dirigeants à des postes particulièrement puissants pour agir en tant que gardiens de la nouvelle normalité proposée par Davos, ils se sont heurtés à une opposition farouche aux niveaux inférieurs du gouvernement.
» Les gouverneurs des États, régulièrement ignorés ou ciblés par Davos, se révoltent ouvertement... »
Puis il enchaîne, hier 10 septembre, instruit des intentions de Biden qui vient d’ouvrir la crise “Covid9/11”, et conseillant aux gouverneurs révoltés, à l’instar de La Boétie, de « simplement dire “Non” », sans autre violence nécessaire que d’appliquer le droit que leur donne une décision parfaitement inconstitutionnelle, comme l’explique Jonathan Turley, pourtant démocrate avéré, et comme même un homme fameux de CNN (Jack Tapper) la condamne...
Luongo hier : « Il n’y a rien dont ils puissent nous menacer. Ces édits sont grotesques, désespérés et inapplicables.
» Tout leur pouvoir, toute leur force sont sans existence face à des hommes en colère qui disent simplement “Non”. [...]
» Biden a déclaré la guerre à plus de 80 millions d'Américains et a menacé les gouverneurs d'États souverains d’intervenir ou de les destituer.
» Si les Fédéraux viennent à Tallahassee, le gouverneur DeSantis devrait tranquillement mais avec fermeté les rencontrer et les arrêter. La clause de la Constitution sur la suprématie du gouvernement fédéral n’est plus pertinente lorsque ce gouvernement viole la Constitution. »
Voilà, il reste à souffler les vingt bougies tristes du gâteau fade & fané de l’attaque du 11 septembre 2001, pourtant dispensatrice en son temps d’une telle ivresse que les plus barjots d’entre eux nous avaient confiés : « Nous sommes un empire maintenant et quand nous agissons nous créons notre propre réalité. [...] Nous sommes [les créateurs] de l’histoire... Et vous, vous tous, il ne vous restera qu’à étudier ce que nous avons [créé]. »
C’est en cours, nous avons commencé à étudier et, promis, nous continuerons à étudier dans la mesure où l’hôpital psychiatrique continuera à nous permettre l’accès à ses archives sur “la bêtise métahistorique au XXIe siècle”.
En attendant, je le dis tout net : pour ce qui est de casser la baraque favorite du Système, ‘Ol’White Joe’ vaut au moins 11, sinon 2001 Trump.
(*) On sait que la citation complète (extraite d’une lettre à Jefferson de 1816) est « Si vous parvenez à détruire l’esclavage dans le Midi, il y aura au moins dans le monde un gouvernement aussi parfait que la raison humaine peut le concevoir » Mais on voit bien qu’ici, le brouhaha ne porte pas sur la question de “l’esclavage”, ni même des Noirs, puisqu’il s’agit de Covid19/11... Ironie sarcastique mais quoi qu’il en soit ‘Black Lives Matter’.
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