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462611 janvier 2021 – Chaque fois que je commence une chronique, ces temps-ci encore plus que les Temps d’Avant, parce que les Temps Derniers sont plus foisonnants et plus occupés, – chaque fois je me demande : “Quel sujet choisir ?”, puis, ayant choisi, je m’interroge à nouveau : “Par quoi commencer ?” C’est dire l’abondance des choses, des nouvelles, des informations, des manipulations, des FakeNews (je vous rassure pour ces dernières : elles viennent essentiellement de ceux qui les dénoncent, comme chante la poule qui a fait l’œuf).
Cela précisé pour bien situer le contexte où j’évolue, voilà que j’ai choisi et que je sais par quoi commencer : “Petite leçon de chose par AMLO”, de l’abréviation de « Andrés Manuel López Obrador, parfois désigné sous l'acronyme d'AMLO, né le 13 novembre 1953 à Tepetitán, ... homme d'État mexicain, et président de la République depuis le 1er décembre 2018 ».
C’est vous dire combien c’est ‘du lourd’, car AMLO est bien une icône de la gauche exotique, ex-tiers-mondisme et devenue plus urbaine, sinon ‘bobo’, sinon même-wokenisée pour certains. Il se trouve que ce n’est pas la voie d’AMLO... Surprise, surprise...
Cela se passe vendredi, Obrador donne une conférence de presse. Il parle des événements aux USA. L’‘attaque’ du Capitole, qu’en pense-t-il ? Rien de spécial à dire, semble-t-il, et disant cela parce qu’il est poli, et qu’en fait il s’en fiche. Il en vient à son sujet manifestement favori et essentiel pour lui, qui est l’action des GAFAM contre Trump et la suite de la Grande-Purge.
AMLO est dans une grande fureur et ne mâche pas ses mots. Il “sent” que Zuckerberg est un type « arrogant » et « ayant une haute opinion de lui-même », – et ce n’est manifestement pas l’opinion de AMLO. Ce président mexicain, ‘icône exotique’ de la gauche, parle longuement du sujet des GAFAM. Cela le passionne, et pour tonner de colère ! Et disant ainsi, et d’abord à propos de Trump censuré :
« Je n'aime pas que quelqu’un soit censuré ou qu’on lui retire le droit de poster un message sur Twitter ou Facebook. Je ne suis pas d'accord avec cela, je n’accepte pas cela...
» Comment pouvez-vous censurer quelqu’un, comme si vous disiez “Voyons, c’est simple, en tant que juge de la Sainte Inquisition je vais vous punir parce que je pense que ce que vous dites est nuisible. [...] Où est la loi, où est le règlement, quelles sont les normes ? C’est une question de gouvernement, ce n’est pas une question pour les entreprises privées”. »
Rappelez-vous tout de même que l’un des piliers de la haine contre Trump a été ses intentions proclamées d’ériger un mur entre le Mexique et les USA, semblant vouer ce pays (le Mexique) aux gémonies. AMLO a pu constater entretemps que Trump a beaucoup moins fait contre son pays que n’avait fait, avant lui, la brillante bande des humanitaristes-obamiens. (Les enfants migrants “dans les cages”, c’est une trouvaille du temps d’Obama.)
Mais le climat s’est brutalement alourdi, désormais beaucoup trop lourd pour qu’on se rappelle quoi que ce soit des vérités-de-situation, – s’ils ont jamais rencontré cela (une vérité-de-situation). Il y a eu l’“attaque” du Capitole, qui mérite de plus en plus des guillemets tant elle a des aspects bouffe et des aspects-bidons à côté de la tragédie des 5 morts. Mais les réactions qu’elle a provoquées ont été d’une telle “obscénité” !
« C'est un acte insensé au point d'être obscène que de comparer l’incursion d’hier à l’attaque du 11 septembre ou (comme l’a fait le sénateur Chuck Schumer hier soir) à Pearl Harbor. » (Greenwald)
Puis l’offensive témoignant d’une hybris paroxystique des GAFAM, soulevant la saine colère de AMLO, mais soudain installant symboliquement et opérationnellement ce climat de terreur et de tyrannie possible. Le colonel Lang met ce bref message sur son site Sic Semper Tyrannis, le bien-nommé par les temps qui courent et cible parmi tant d’autres de ces Derniers Temps qui nous écrasent : « Le déni de la liberté d'expression est en marche – Étant donné la purge en cours des clients de Twitter et les efforts actuels de CNN pour que FoxNews se voit refuser les services de transmission, je m’attends à ce que ma page Facebook disparaisse bientôt. Est-ce que Typepad [serveur du site SST] suivra ? Attendez-vous à cela. »
En attendant, l’on suit les tribulations de Parler.com, la plate-forme qui-ne-censure-pas, en butte à des attaques (des vraies, celles-là) coordonnées de Google, de Apple et, en dernière minute car on ne peut pas rater le train de l’humanitarisme-postmoderne, d’Amazon soi-même, qui fournit à Parler.com ses serveurs. Par conséquent, Parler est bloqué pour l’instant, à la recherche d’un nouveau serveur qu’il espère trouver cette semaine.
Par contre, les affaires vont bien pour un autre larron conservateur qui est apparu sur le devant de la scène, sourire aux dents. Gab.com a pris la précaution de s’équiper lui-même de ses serveur(s) et tout le tremblement nécessaire à une plate-forme et à sa diffusion, par conséquent complètement apte à ne plus passer par le diktat parfumé des petits-marquis, et racketteurs de Silicon Valley, les Capone-vertueux des GAFAM. Gab.com est donc un twitter sans Dorsey, ni passage obligé par Bezos. Andrew Tobas, le CEO de Gab.com annonçait hier en fin de journée : « 600 000 nouveaux Gabeurs aujourd’hui. » On avait remarqué un certain ralentissement de fonctionnement de ce réseau ‘alternatif’ ces deux derniers jours ; un communiqué d’hier nous explique : « Notre trafic a augmenté de 753% ces dernières 24 heures. Des dizaines de millions de visite. » RT.com nous fait un point sur cette situation où le ralentissement de la vitesse d’exécution s’explique par l’afflux des visites et des inscriptions.
(...Et j’ajouterais avant de passer à la description-RT.com de la situation que les vigilants gardiens qui nous protègent contre les terribles desseins et armements [RT.com compris] de Poutine et de la Russie ne seront pas les derniers à relever que la couleur de base de Gab.com est d’un vert qui se rapproche de celui de RT.com. Je vous laisse à penser combien cela laisse à penser.)
« La ‘Purge’ [des GAFAM] a donné une impulsion inattendue à Gab, une autre plateforme de type Twitter dont l’argument de vente est son engagement déclaré en faveur de la liberté d’expression. Gab existe depuis 2016, mais son existence a été contrariée au départ par la controverse en raison de la prolifération de contenus racistes sur sa plateforme et du refus de son CEO Andrew Torba de “contrôler ce qui est un discours de haine et ce qui ne l’est pas”.
» Les utilisateurs interdits de médias sociaux classiques ont commencé à s’inscrire en masse à Gab au cours des trois derniers jours. Dans un post samedi, Torba a affirmé que plus de 10 000 nouveaux utilisateurs s'inscrivaient chaque heure.
» Contrairement à Parler, Gab fonctionne sur ses propres serveurs, ce qui signifie qu’un fournisseur comme Amazon ne peut pas décider de sa circulation ou pas. Après avoir été mis sur la liste noire des processeurs de paiement et des fournisseurs de messagerie électronique, Gab a construit sa propre infrastructure de paiement et de messagerie interne, ainsi que son propre service de messagerie, son navigateur web et son application vidéo.
» Cependant, l'arrivée soudaine de nouveaux trafics a ralenti Gab. Torba a écrit mercredi que de nouveaux serveurs seront ajoutés, et qu'il a déjà invité Trump à s'installer sur Gab. »
• Parallèlement à ces événements majeurs, le climat au Congrès est du plus terrible chaos du meilleur jus révolutionnaire, rappelant à certains voyants capables de voyager dans le temps les pires jours de la Convention, lorsque l’ombre de la guillotine rythmait les interventions des orateurs cherchant à se dédouaner. Qui est le Maximilien de cette basse-cour de terreur ? Est-ce l’hystérique Pelosi qui veut destituer Trump même après son mandat, pour qu’à jamais il disparaisse du monde des vivants ? Est-ce le ricanant et impitoyable Schumer, qui voit des Pearl Harbor partout et trouve que Trump a les yeux bridés à-la-Yamamoto ?
Revenant à son micro après une phase de traitement d’un cancer en phase terminale, le célèbre commentateur-radio Rush Limbaugh (classifié fasciste de première catégorie selon les consignes) a commenté les événements en s’attachant au constat qu’un très grand nombre d’alliés de Trump l’abandonnent après l’affreuse agression du Capitole, équivalant, répétons-le aussi souvent qu’il faudra, à un Pearl Harbor venue de l’intérieur :
Limbaugh « a fait remarquer que l’ancien procureur général William Barr a déclaré que Trump avait trahi la présidence en incitant la foule à l’attaque, et que son allié d’autrefois, le sénateur Lindsey Graham, déclarait que l’héritage du président avait été “terni”, et disant à ses collègues du Sénat : “Qu’on ne compte plus sur moi [pour défendre Trump]. Trop c’est trop...”.
» “Si vous voulez vivre dans la classe politique élue à Washington”, a dit Limbaugh, “vous devez dire [que Trump a trahi la présidence], vous devez le dire. Il n’y a pas d’alternative”. »
• Le professeur Turley proteste d’un point de vue très constitutionnaliste, contre l’attitude fort peu présidentielle de Biden vis-à-vis de la mise en accusation-express de Trump. Interrogé sur cette question, notre-POTUS du 20 janvier prochain a répondu ceci, qui trace bien l’esprit de sa politique, ressemblant à s’y méprendre à Ponce-Pilote selon la doctrine “Certes, ‘Avec moi le déluge’, mais là, pour le moment, il y a d’autres choses bien plus importantes” :
« “Je me concentre sur le virus, le vaccin et la croissance économique. Ce que le Congrès décide de faire, c’est à lui d’en décider”, a répondu M. Biden lorsqu'on lui a demandé s'il soutenait de telles mesures... “Nous allons faire notre travail et le Congrès peut décider de la manière de procéder avec le leur. C’est au Congrès de prendre cette décision. Je suis concentré sur mon travail”. »
Du coup (de quel ‘coup’ d’ailleurs, et porteur d’un entonnoir n’est-ce pas ?), Pelosi, qui aimerait une fois débarrassée de Trump placer les codes nucléaires en sautoir et sur la petite chaîne de sa petite croix de bonne catholique pratiquante, a envoyé un ultimatum à Pence pour que lui, en tant que vice-président, demande l’application du 25èmr amendement ordonnant la destitution du président pour incompétence, ou bien incapacité mentale, etc. Tout cela doit être fait pour hier matin. Pence a refusé. Nouvel ultimatum de Pelosi : Pence doit s’exécuter dans les 24 heures sinon c’est elle, Pelosi, qui s’y mettra. On lui souhaite bonne vent.
• D’une façon générale, le chaos est total au Congrès et autour du Congrès, du point de vue de la communication rendant compte de la description de l’‘attaque’ du Capitole.
Jeudi, les progressistes dénonçaient la Police du Congrès qui avait laissé entrer les tueurs de Trump, les deux faisant infamie commune comme c’est le cas entre tous les fascistes. Aujourd’hui, on découvre que non, pas du tout ! Les policiers du Congrès ont même été héroïques, ils ont évité un carnage, des pendaisons, un génocide évidemment raciste au Congrès, dont devaient être victimes (du KKK, des suprémacistes, des Gilets-blanchisés), tous les extrémistes arc-en-ciel du parti des serial-victimes, AOC (Alexandria Ocasio-Cortez) en tête. Politico vous explique dans une incroyable cascade sans fin de témoignages du meilleur crédit possible, combien cela aurait pu être le carnage au Congrès, l’Alamo revu par Verdun à l’ombre de l’Holocauste, – pas moins. A la vision des divers documents référencés ici et là, vous comprendrez l’humeur où je suis de croire que la folie de ‘D.C.-la-folle’ dépasse tout ce qu’on pouvait envisager d’oser imaginer...
• Dans cette revue d’un extrême brouhaha, de ‘D.C.-la folle’ complètement en folie sous le regard du Rest Of the World qui attendait un retour à la normale du bon vieux temps avec Ol’White Joe, que peut-on retenir qui marquerait une certaine stabilité du jugement, disons un fait affirmé avec des conséquences prévisibles possibles ? Ma quête, effectivement, est celle de la stabilité d’une information, d’une considération, d’un commentaire, quelque chose qui puisse sortir le lecteur-spectateur hors de cette impression chaotique extrêmement étrange et qui secoue impitoyablement le Titanic.
(Je dirais même qu’il aurait bien de la peine, le lecteur-spectateur dans ce chaos total, à transformer la ‘Guerre Civile 2.0’ en vraie guerre civile, à l’image de la première du nom, connue comme “la Guerre de Sécession”. Pourtant, le fait même de la sécession est une bonne piste que je recommande de suivre ; notamment elle exsude comme enseignement indirect mais solide des constats de haute tenue que nous livre aujourd’hui le professeur Turley.)
Ce fait qui pourrait marquer “une certaine stabilité du jugement, disons un fait affirmé avec des conséquences prévisibles possibles”, c’est l’acte fondamental des GAFAM. Les petits-polissons aux énormes $milliards viennent tout simplement de jeter le masque pour apparaître pour ce qu’ils sont : des petits-‘maîtres-censeurs’ au service d’une dynamique de déconstruction et de néantisation. Ce qu’ils ont fait en faisant cela, c’est ce qu’on nomme “crever l’abcès”. Tout le monde vivait jusqu’ici dans le faux-semblant de l’illusion d’un système de réseaux sociaux resté fidèle à ses origines, fonctionnant normalement et de façon uniquement commerciale, et selon les règles du droit et de la recherche de la plus grande impartialité politique.
Oserais-je avancer qu’il s’agit d’une faute stratégique majeure, cette sortie des GAFAM, idée-idéologisée sortie de cerveaux gavés de $milliards et d’une médiocrité à mesure, sans compréhension de la nature humaine, de sa psychologie ? Abandonnant leur statut incertain mais exceptionnel de neutralité politique, – comme les Suisses, tiens, – ils s’affichent pour ce qu’ils sont, nouveaux-riches, morveux insupportables, aussi sûrs d’eux qu’ils sont incultes. Ils s’exposent à la mitraille, eux qui n’ont jamais entendu péter un bouchon de champagne...
Ce fait majeur entraîne désormais des réactions sans doute d’une grande importance : le surgissement d’alternatives nécessairement antiSystème. Ce phénomène ne concerne pas les seuls USA, d’ailleurs comme on l’a vu par l’entame de cette page qui a été confiée au président mexicain AMLO. Il s’agit d’un phénomène mondial (‘global’ si l’on veut), mettant en évidence pour la première fois d’une façon si massive les effets potentiellement considérables de cette ‘Guerre Civile 2.0’ aux USA, et plus généralement de toutes les querelles internes actuelles aux USA.
Selon l’évidente formule que seul le Système peut avoir raison du Système dans sa dynamique d’autodestruction, seule la puissance US peut avoir raison de la puissance US, par le biais de ses mortelles querelles intérieures. D’autre part, je serais incliné à voir dans tout cela la démonstration in vivo de ce terrible prolongement qu’a identifié Turley, de la perte de la foi en l’Amérique qui s’est installée chez les citoyens américains. Je pense que ce phénomène est d’une profondeur extrême, et qu’il explique cette décidément étrange ‘Guerre Civile 2.0’, dont les conséquences aboutissent toutes à un affaiblissement du statut et de la perception des USA dans le Rest Of the World, si tant est que l’on puisse parler encore sérieusement, sur cette grande marée rugissante de désordre, de statut et de perception.