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1016Le régime colonial de Tel Aviv peut bombarder lâchement le territoire de Gaza depuis la mer ou par missiles tirés depuis les territoires qu’il occupe depuis 1948 ou du ciel.
L’armement fourni par les US(a), largement financé par les achats démesurés des royaumes du golfe arabo-persique aux entreprises étasuniennes, le lui permet.
Mais il a été contraint de retirer ses troupes du sol de Gaza sans avoir atteint l’objectif affiché de la destruction totale des tunnels.
Cette dernière opération criminelle et inhumaine tant par les pertes humaines, morts et blessés, que matérielles a été l’occasion d’offrir deux surprises de taille à l’attaquant.
Il a été tout d’abord été surpris par l’organisation méticuleuse de la Résistance et son imperméabilité au renseignement israélien. Encore une fois, le mythe d’un Mossad infaillible a volé en éclats. Il n’avait pas connaissance du dispositif souterrain, de sa complexité et de son invulnérabilité.
Il ignorait les caches des dirigeants des mouvements armés.
La corruption jusque-là fort aisée de collaborateurs in situ a perdu de son efficacité.
La Résistance a réussi à travailler à l’abri des donneurs potentiels sur un si petit territoire. Son recrutement est rigoureux, archi-clandestin et impénétrable.
La stratégie de la cinquième colonne, autochtone ou importée, qui a si bien fonctionné et qui se poursuit avec succès en Syrie, en Irak et en Ukraine par exemple a trouvé ses limites ici.
La Résistance est unifiée.
Contrairement aux « éléments de langage » utilisés par les attachés de presse du régime sioniste qui les impose à toute les agences d’information du ‘monde occidental et occidentalisé’, la branche armée du Hamas qui s’est d’ailleurs montrée relativement autonome par rapport à son aile politique en lui imposant ses décisions n’était pas seule sur le terrain. Collaboraient à la contre-offensive le Djihad Islamique, la branche armée du Fatah et le Front Populaire de Libération de la Palestine.
Sur un million et huit cent mille prisonniers à Gaza, des centaines, une poignée de milliers tout au plus de militants déterminés, aguerris et ayant foi dans leur entreprise de libération nationale ont suffi à mettre en échec cette machinerie hypertrophiée, opulente qui a bénéficié de réservistes venus d’ailleurs par dizaines de milliers et ayant transité par la Turquie. Ankara a doublé les vols sur Tel Aviv pour acheminer la soldatesque sioniste vers le lieu de la tuerie.
La Résistance unie a dicté son agenda aux représentants politiques.
Pas de reddition.
Exigence de la levée du blocus.
L’unité politique du Fatah et du Hamas, même si elle était de façade et obtenue sous la contrainte de l’isolement relatif du groupe politique qui a été élu en 2006 n’a pas implosé sous les missiles israéliens. Cette union nationale en germe aurait inspiré le prétexte immédiat de cette opération estivale en plein mois de jeûne du Ramadan.
Cette récente tentative de destruction de Gaza a été l’occasion de deux dévoilements qui ne sont pas pour autant des révélations.
Les meilleurs alliés de l’entité sioniste sont les pays arabes voisins qui lui ont apporté leur concours. Les Séoud, les Sabah qui règnent sur un appendice koweitien détaché de l’Irak par les Britanniques ainsi que les chefs de tribus des EAU ont été félicités par Shimon Peres pour leur appui fait d’un silence approbateur du massacre. Quant au nouveau Pharaon, il mérite selon l’un des responsables du Likoud un prix Nobel – celui de la traîtrise et de la vassalité sans doute. Pour la première fois, une partie de la presse égyptienne – à l’instar de ce qu’avait fait celle du fils Hariri au Liban en 2006 contre les militants du Hezbollah – a accusé les Palestiniens de Gaza d’être responsables de leur propre extermination.
Non que les peuples arabes n’aient jamais entretenu des illusions sur le patriotisme de leurs dirigeants ou de leur solidarité avec les opprimés mais en cette circonstance de juillet 2014, les masques sont définitivement tombés.
Un grand théologien au service des Séoud a cru bon de promulguer un avis juridique (fatwa) qui considère les manifestations de rue de solidarité illicites au regard de l’Islam.
Il se dit – avec une probabilité assez forte que cela soit véridique – que l’ordre de poursuivre l’extermination a été hurlé depuis Djeddah quand la volonté de Netanyahu flanchait en raison du nombre de victimes dans l’armée d’occupation.
Étrangement, le Roi du Maroc a très tôt condamné avec fermeté l’attaque criminelle injustifiée et a très vite proposé une aide financière alors que le gouvernement du fantomatique Bouteflika a décidé d’une solidarité sous forme d’une minute de silence quand il avait décrété 3 jours de deuil national pour le crash de l’avion venant du Mali.
La seconde constatation indique de façon très consistante que la cinquième colonne de Syrie et d’Irak qui tente maintenant de contaminer le Liban est tout à fait étrangère à l’Islam.
Les mosquées d’Ibrahim al Khalil à Hébron et d’Al Aqsa à Jérusalem aux mains d’occupants sionistes ne sont pas dignes de leur intérêt fanatique.
Ils ne se proposent pas de combattre non plus auprès de leurs co-religionnaires opprimés et exterminés à Gaza et en Cisjordanie.
Leur mission est d’une autre nature.
Le quatrième et le cinquième champs pétrolifère par ordre d’importance de leurs réserves estimées sont irakiens. Il est hautement probable que la première place du champ de Ghawar en Arabie aux mains des Séoud exploité depuis 1950 soit usurpée.
Les Séoud espèrent-ils s’accaparer du sous-sol irakien ? Le général Khalid Ibn Walid avait conquis très rapidement l’Irak au début de l’expansion de l’Islam avec l’aide de tribus arabes chrétiennes installées depuis des siècles entre le Tigre et l’Euphrate depuis des siècles. L’Irak recevait le trop-plein de population arabe venue du Sud qui ne trouvait plus de ressources sous la poussée démographique. Ces tribus ployaient sous le fardeau des impôts payés à Byzance pour ses guerres avec les Sassanides, elles ont salué comme une libération l’arrivée de ces cavaliers parlant le même idiome qu’elles.
Or le peuple irakien depuis 1980, début de la guerre arrangée par l’Occident et ses alliés contre l’Iran ne cesse d’être un peuple martyr au service de la cause séoudienne-étasunienne jusqu’à ce jour. Le « calife » de l’État Islamique en Irak et au Levant et ses troupes disposent d’armements et d’un entraînement d’un niveau tels qu’ils apparaissent bien pour ce qu’ils sont, des mercenaires obéissant à la seule loi de l’argent.
Gaza dans son édition juin 2014 n’est qu’une des versions du plan Delta, au-delà du plan B ou même C, en hébreu Dalet.
Bien avant 1948, les dirigeants sionistes conscients de la fable qu’ils entretenaient pour tromper des Juifs européens et les faire venir en Palestine, une prétendue terre sans peuple, avaient prévu de chasser le maximum de Palestiniens en les terrorisant.
Lors de la guerre dite israélo-arabe, au cours de laquelle les anciens empires coloniaux européens ont prêté main-forte contre la Palestine, les exécutions des non-combattants dans les villages et le récit de ces exactions ont fait fuir 700 000 Palestiniens.
Aujourd’hui encore, les sionistes encouragent au départ les autochtones restants avec des moyens variés, massacres, guerres d’usure aux check points, emprisonnements massifs, destructions de récoltes, vols des terres, interdictions de creuser des puits, impossibilité d’obtenir des permis de construire des maisons.
Mais non.
Ils restent là, chez eux, à en mourir.
Aucune chance que la Palestine et les Palestiniens ne disparaissent de la réalité ni de la mémoire. Ceux qui croient œuvrer à un nettoyage de leur présence sur leur terre se promettent leur propre disparition.
Dans le bilan de leur défaite n’ont pas été comptabilisées l’indignation et l’écoeurement quasi-planétaires devant tant de cruauté.
Badia Benjelloun