L’euro sans l’Allemagne ?

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L’euro sans l’Allemagne ?

Un article très intéressant de Frédéric Lordon sur l'Allemagne, qui a le mérite de mettre en évidence une fois de plus, le fait que l'Europe a été construite en utilisant la déréglementation financière comme auxiliaire contre la souveraineté des états membres.

(Lien : http://blog.mondediplo.net/2010-03-29-Ce-n-est-pas-la-Grece-qu-il-faut-exclure-c-est-l.)

«[...] [L]e rapport Delors qui donne au Traité de Maastricht sa première esquisse, prévoit toute une série de garde-fous supposés prévenir les dérives de politique économique qui terrorisent l’Allemagne – les dérives « des autres ». Mais peut-on faire confiance aux seules dispositions d’un Traité, qui n’envisage que des sanctions incertaines (il faudra d’ailleurs attendre la formulation du pacte de stabilité en 1996-1997 pour être un peu plus au clair sur le sujet) et laisse aux appréciations et aux arrangements politiques une marge bien trop grande ? Hans Tietmeyer [président de la Deutsche Bundesbank entre 1993 et 1999] pense que non. C’est pourquoi il se saisit de la directive « marchés de capitaux » pour en pousser la logique au-delà de sa circonscription européenne, avec pour rationalité stratégique d’établir les marchés financiers intra- et extra-européens en instance de surveillance des politiques économiques de la future zone euro.

»À un journaliste qui lui posait la question de sa vie politique future, James Carville, ancien conseiller de Bill Clinton, répondait plaisamment qu’il rêvait d’être réincarné en marché obligataire, à ses yeux (très justement) le summum de la puissance puisque – la Grèce s’en aperçoit assez ces temps-ci – c’est là le lieu d’où l’on peut faire plier les États et prendre la main sur leurs options économique les plus fondamentales. Tietmeyer a déjà parfaitement conscience de ce rapport de pouvoir qui s’est établi entre les marchés de capitaux et des puissances étatiques qui n’ont plus de souveraines que le nom. L’Allemagne cherche un pouvoir de normalisation des politiques économiques dont elle doute qu’un traité puisse le fournir ? Elle le trouve dans les marchés obligataires auxquels elle décide d’exposer les politiques des États membres, et puisque l’efficacité de la normalisation est proportionnelle à la surface des marchés institués en en instance de surveillance, elle préconise fort logiquement d’ouvrir l’espace financier européen à tous les mouvements de capitaux de la planète. À part ça, l’Europe est “un bouclier contre la mondialisation”…» [...]

Thierry Aubry