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371L’arrangement européen post-Lisbonne, qui est en train de passer à sa phase pratique, révèle tous ses somptueux chevauchements, contradictions, interférences, paralysies, etc. Quelques exemples de la situation en cours de développement font croire que l’organisation de la “nouvelle Europe” n’est pas vraiment une chose acquise, bouclée et emballée.
@PAYANT Les Espagnols, qui assurent la présidence normale (de 6 mois) pour janvier-juillet 2010, viennent d’obtenir un accord selon lequel ils détiendrons la direction des contacts et négociations avec les pays étrangers, sur des questions extérieures – dépendant, si l’on veut, des affaires étrangères de l’UE. Von Rompuy, le nouveau et premier président de l’UE, a du céder sur ce point et se contentera de la direction des négociations sur les affaires “communautaires », entre pays de l’UE et pays associés par des accords communautaires. La répartition a une apparence de logique? Soit… «Mais, observe une de nos sources, il y a un grand nombre de pays qui ont des relations et problèmes de politique étrangère avec l’UE, en même temps que des rapports de type communautaire. Imaginons un sommet avec les USA: sur telle, telle et telle matières de politique étrangère, ce sont les Espagnols qui parlent. Puis l’on passe à une discussion sur une matière communautaire, entérinée par un accord, et voilà que les USA changeraient d’interlocuteur, qu’ils verraient apparaître devant eux Von Rompuy? Et si les deux domaines se chevauchent, comme c’est souvent le cas?»
Bien entendu, alors que Lisbonne était censé présenter au reste du monde une Europe enfin unifiée et présentant une attitude structurée, voilà qui nous réserve bien des surprises et bien des déboires. Ajoutons là-dessus la baronne Ashton, Haute Représentante de l’UE (ministre des affaires étrangères), mais aussi vice-présidente de la Commission. A qui doit-elle rendre compte, de quelle autorité dépend-elle? Dépend-elle de la présidence UE à 6 mois (les Espagnols à partir du 1er janvier 2010), ou de Von Rompuy? Ou bien de Barroso, président de la Commission, alors que, par ailleurs, la Commission n’a plus d’attribution de politique étrangère puisqu’elle a perdu son commissaire aux relations extérieures? «La concurrence est sévère, explique notre source. Barroso, qui n’a donc plus d’attributions de politique étrangère, ne manque pas une occasion, lors de certaines rencontres, de présenter Ashton à ses interlocuteurs comme sa vice-président, sur laquelle il a donc formellement autorité, alors qu’il n’en a pas sur Ashton Haute Représentante, c’est-à-dire ministre des affaires étrangères – ce qui est en fait sa véritable fonction…»
Tout cela se jouera donc en permanence à l’influence, à la façon plus ou moins habile de l’un ou de l’autre de jouer des coudes, aux choix de manœuvres de leurs interlocuteurs quand ils comprennent quelque chose à la situation. Les seuls véritables bénéficiaires seront les Etats membres, qui présentent évidemment des démarches beaucoup plus cohérentes et sérieuses et traiteront en bilatéral. L’Europe de Lisbonne, dernière manœuvre des partisans d’une Europe de plus en plus fédérale pour forcer à l’installation d’une telle entité européenne, représente stricto sensu la liquidation du concept, non par inexistence mais par “sur-existence”, paralysie désormais classique par l’abondance concurrentielle, les interférences, la dilution de l’autorité, etc..
Mis en ligne le 16 décembre 2009 à 12H53
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