L'Europe et le futur président

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Les échanges sont intenses entre Bruxelles et Washington, essentiellement dans ce sens (Bruxelles-Washington). Les Européens veulent suivre précisément l’évolution de la situation washingtonienne durant la dernière phase de la campagne électorale, pour mieux préparer ce qu’ils espèrent être la grande réconciliation transatlantique. Les derniers bruits ne sont pas vraiment encourageants.

Le premier constat est que l’évolution actuelle tendrait vers une homogénéisation des projets de politique extérieure des deux candidats. C’est comme si le système tendait à reprendre le dessus après les excès des primaires, ou bien comme si l’intérêt pour la politique extérieure allait décroissant et qu’on tendait à se fixer sur des orientations bipartisanes. L’évolution vaut surtout pour Obama mais également pour McCain.

Désormais, l’orientation que semblerait prendre la politique extérieure des USA à partir du début 2009, au travers des avis divers recueillis dans les milieux de sécurité nationale, les experts, les universitaires du domaine, etc., intègre notamment deux grands projets ou préoccupations des deux candidats. Un analyste soucieux de raison et de logique y verrait une sorte de donnant-donnant entre républicains et démocrates; ce serait vraiment accorder trop d’importance à la réflexion politique là où il n’y a que le cours naturel d’un système par ailleurs caractérisé par le conformisme et l’attentisme dans le cadre d’une situation intérieure de plus en plus préoccupante.

• Le projet de la “Ligue des démocraties”, qui est une étrange trouvaille de McCain, venue d’ailleurs (sic) des néo-conservateurs (voir Richard Perle), acquiert un statut général de grande estime à Washington. La chose est ronflante et de bon aloi. Les démocrates commencent à l’apprécier. Cette idée donne des boutons à nombre d’Européens et à l’OTAN elle-même, comme on a déjà pu le constater.

• L’appréciation que le Pakistan est devenu “a major threat”, qui est une idée qu’Obama a longuement développée. (Obama a même évoqué des cas où une attaque majeure contre des parties du Pakistan pourrait être envisagée.) La conséquence de cette appréciation est que la guerre en Afghanistan prend une importance considérable et qu’il est à prévoir que des renforts conséquents pour ce conflit seront demandés aux Européens.

On voit que les deux orientations ont tout pour enrager les Européens. Cela fait penser, chez quelques réalistes qu’on trouve dans les milieux européens, que “la lune de miel” qu’on espère ardemment avec le nouveau président US sera de bien courte durée. Au reste, les événements vont vite, comme l’on sait, et il se pourrait bien que, d’ici janvier 2009, les crises extérieures et les relations avec l’Europe soient regroupés dans la rubrique “cadet de ses soucis” du futur président. On fait évidemment allusion à l’évolution de la situation intérieure US. Comme le dit justement et lyriquement Thomas Friedman: «That's us. We're at a 34-year low. And digging out of this hole is what the next election has to be about and is going to be about - even if it is interrupted by a terrorist attack or an outbreak of war or peace in Iraq. We need nation-building at home, and we cannot wait another year to get started. Vote for the candidate who you think will do that best. Nothing else matters.»


Mis en ligne le 1er juillet 2008 à 08H19