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365Le courant général des élections présidentielles US et du climat actuel aux USA indique la probabilité d’un durcissement protectionniste. Les deux candidats démocrates sont au moins d’accord sur une chose: la nécessité de renforcer la protection économique des USA. Le Congrès, à majorité démocrate, est dans un état d’esprit similaire. Les Européens partisans du maintien des rapports économiques actuels commencent à s’inquiéter de cette évolution aux USA, d’autant qu’ils savent que le durcissement US conduirait à un renforcement, en Europe, de ceux (notamment les Français) qui réclament une plus grande protection de l’économie européenne.
La sortie de Peter Mandelson, le commissaire européen chargé du commerce, est significative de l’évolution actuelle du climat transatlantique. Le Financial Times, toujours bien renseigné sur les activités de Mandelson, donne le 7 mai des extraits d’une interview de que doit diffuser aujourd’hui la BBC, où Mandelson attaque avec virulence la rhétorique à la mode aujourd’hui dans la campagne présidentielle.
«Peter Mandelson, European trade commissioner, has said the protectionist stances taken by the US presidential candidates risk taking the world trading system back by decades.
«In an interview with the BBC’s Hardtalk programme to be broadcast on Thursday, Mr Mandelson said: “It is irresponsible to be pretending to people you can erect new protection, new tariff barriers around your economy in this 21st century global age and still succeed in sustaining peoples’ living standards and jobs. It is a mirage and they know it.”
»Mr Mandelson declined to say which candidates he had in mind, but the context made it clear he was referring to Democrats Hillary Clinton and Barack Obama “You match the rhetoric. I am not going to do that.”
(…)
«Mr Mandelson said that even the rhetoric of protectionism was damaging. “It is very irresponsible in my view to pretend to people that we can disengage from international trade, we can create barriers around our economy and then be surprised when people retaliate by doing the same,” he said. “It is going to lead us into a vicious spiral of beggar-thy-neighbour policies which will take us decades back in terms of trade growth.”»
L’attaque de Mandelson vise les candidats démocrates mais il est évident que la situation US dans ce domaine ne peut se résumer à Obama-Clinton. Le parti démocrate devrait insister, dans son programme pour l’élection présidentielle qui sera établi cet été, en faveur d’un fort infléchissement protectionniste, ou néo-protectionniste comme l’on dit en se référant à des arguments nouveaux portant autant sur le “patriotisme économique” que sur la “sécurité économique”. McCain a, du côté républicain, développé une position libre-échangiste classique pour la politique républicaine actuelle (même si ce libre-échangisme est contraire aux conceptions fondamentales du parti). Il n’est pas assuré pour autant qu’il tienne cette ligne, d’autant que de fortes pressions existent chez les républicains en faveur du néo-protectionnisme.
La phase finale de la campagne devrait voir un renchérissement général dans le sens néo-protectionniste, les démocrates accentuant leur position dans ce sens pour refaire l’unité du parti sur un thème très mobilisateur aux USA. Les républicains (McCain) seront obligés de suivre, au moins par tactique électorale mais peut-être aussi par nécessité politique interne. De ce point de vue, Mandelson a raison: la rhétorique électoraliste est, dans ce cas, créatrice d’une orientation politique. Le courant néo-protectionniste, qui est la face économique de l’argumentation populiste aux USA, sera également renforcé par la crise économique aux USA.
Mis en ligne le 8 mai 2008 à 06H27