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386On possède une illustration assez édifiante du degré de désordre qu’a atteint le débat politique sur l’Irak à Washington avec l’article de Robert Scheer, “A War on Intelligence”, sur Truthdig.com du 26 septembre. Autant le texte de Scheer que les commentaires mis en ligne par les lecteurs doivent être lus. On y découvre toutes les critiques, tous les déchirements, toutes les contradictions que ce conflit cruel et absurde suscite, notamment chez ceux qui en font aujourd’hui la critique.
Scheer aborde la question de la publication des conclusions de la NIE (National Intelligence Estimate) qui secoue Washington depuis quelques jours. Scheer critique GW Bush pour ne tenir aucun compte de l’évidence, mise en lumière par la NIE, que le conflit a alimenté le terrorisme et accru les menaces contre les USA :
«You would think that a consensus report from all 16 U.S. intelligence services concluding that he has blown the war on terror would be a really big deal to the president. But that assumes that George W. Bush values intelligence.
»Clearly, he does not. So the news that a 2006 National Intelligence Estimate concludes the threat of terror against the United States has increased since 9/11, largely thanks to his irrational invasion of Iraq, has not disturbed Bush’s branded “what me worry” countenance.»
Ensuite, on a la critique du texte critique de Scheer, à partir de la NIE elle-même considérée comme critique de la politique irakienne et de ses effets. Par exemple, ce lecteur (jkoch), intervenant le 27 septembre :
«Scheer overstates the “dissent” in the NIE report. Generals Eaton and Batiste also call for more, not less, US involvement in Iraq. Neither the NIE nor the generals propose any “cut and run.” Only Ret. Gen. Odom, who has nothing to do with post 2001 policies, has argued for anything close to that.
»The NIE report is quite W [GW Bush] friendly. It acknowledges blowbacks from the US Iraq occupation, but does not label it a mistake or call for withdrawal. It does not question a single neocon concept or premise that the world is filled with mortal enemies. Read: it says these foes might even be joined with anti-globalization or other anti-US causes (global warming, etc). It alleges infestations of secret cells everywhere. The increased dangers simply justify greater appropriations for security and defence operations: more agents, interrogators, police, inspectors, devices, detentions, weapons, and unfettered executive authority.»
Tout cela se défend et débat dans le registre de la critique, avec les différentes graduations qu’on a mentionnées. Nous pourrions avoir nous-mêmes notre part dans ce débat — mais qu’importe aujourd’hui, en vérité ? L’essentiel est l’effet général produit, avec une direction enfoncée dans l’absurde rhétorique selon laquelle la guerre en Irak a amélioré la sécurité des USA, et les attaques de tous côtés appuyées sur l’évidence du contraire.
L’existence du Grand Mensonge initial (nécessité de la guerre contre l’Irak), qui est le socle même de la rhétorique virtualiste où l’administration évolue, les attaques plus ou moins à fleuret moucheté de la part d’opposants sensibles à la réalité mais acceptant encore une part de la description virtualiste de l’origine de la guerre, jusqu’à ceux qui rejettent tout au nom d’une critique totale, tout cela crée le spectacle d’un extraordinaire tourbillon de contradictions sans fin.
Le désordre washingtonien, évoluant entre une paradoxale paralysie et une hystérie assez bien partagée, est un spectacle de qualité dont nos sens éblouis ne doivent pas se lasser. La fin de notre monde si satisfait de lui-même n’est pas avare d’effets de manche et d’envolées théâtrales. Pas question de s’ennuyer.
Mis en ligne le 28 septembre 2006 à 10H04