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366Cette fois, ce n’est pas nous, avec notre obsession du JSF & compagnie, qui racontons cette histoire, mais l’excellent “Werther”, sur Antiwar.com aujourd’hui. C’est la fabuleuse histoire du VH-71, un véritable conte de fée de Noël sur la coopération entre l’Europe et l’Amérique en matière d’armement et la formidable rentabilité industrielle et technologique de America the Beautiful.
L’entièreté du billet de “Werther” est à lire pour tout connaître de l’extravagante histoire du VH-71, un formidable succès de la coopération transatlantique (comme le fait remarquer “Werther”, un marché passé in illo tempore et comme par hasard, entre l’Amérique de Bush d’une part, l’Italie de Berlusconi [Agusta] et le Royaume-Uni de Blair [Westland] d’autre part). La pharaonesque flotte de 23 Agusta EH-101 transformé en Agusta-USA US-101, puis en Made in USA VH-71, revient pour l’instant au contribuable US à 11 $milliards, ce qui laisse calculer le prix de l’hélico solo. Encore n’est-ce pas fini. On planche pour voir comment on pourrait faire mieux.
Quelques lignes témoignent de la verve de “Werther”:
«Naturally, Congress got involved, because anything involving aerospace contracts means a rich harvest of PAC checks. Forthwith, the cry rang out from Capitol Hill that domestic content was needed. Riding to the rescue was Lockheed Martin, an aerospace megacorporation with no known experience in helicopters since the abortive Cheyenne in the 1960s. They selflessly volunteered to be prime contractor. Bell, an outfit that ought to know something about rotorcraft, came in as a junior partner to Lock-Mart. Together with Augusta and Westland, the consortium marched bravely into the future of politically-guaranteed profits.
»Of course, an off-the-shelf EH-101, reputedly a reasonably usable rotorcraft, was unsuitable either for the imperial pretentions of the presidency, or the needs of domestic porkbarrelling. Thus arose the metamorphosis of the EH-101 into the star-spangled US-101, the public-relations prototype that would ultimately become the military type designation VH-71.
»This helicopter fit for a walking divinity (and/or his retinue) required nearly 2,000 requirements changes. Given the usual incompetence of the government procurement system, the cost increased apace with the change orders. The Pentagon's Selected Acquisition Report (its most recent edition) from September 2007 lists the total program cost of VH-71 at $6.5 billion [pdf]. But the latest cost increases and schedule slips suggest that the total program cost may rise to $11 billion: nearly $500 million per aircraft. The cost overruns have become so egregious that the program has been frozen pending examination of alternatives.
»One may safely assume that, consonant with virtually every U.S. aerospace program ever heard of, the VH-71 will not be cancelled, but ''restructured,'' or perhaps stretched out. Anything but cancelled. No other ''platform,'' as the military argot would have it, will quite fill the bill. No doubt there are many necessarily expensive add-ons to the original EH-101 required to keep our elected Ozymandias out of harm as he soars above the rabble. But an unawed American might ask: aren't there better, cheaper alternatives?»
Le VH-71 est le résumé caricatural de l’absurdité sur laquelle repose toute prétention européenne à coopérer avec les USA ou à vendre des armements et autres équipements aéronautiques aux USA. Il y a une incapacité ontologique du Pentagone, avec le soutien de Washington, à envisager quelque chose qui ne soit pas entièrement “American-made”, par conception-production aux USA, ou par complète transformation-restructuration pour les choses venues d’ailleurs. Certes, les industriels européens, finauds, vous diront: “nous avons vendu aux USA, ce qu’ils en font ne nous intéresse pas”. Sauf que chaque aventure type-VH-71 fait un peu plus reculer cette cause de la coopération US avec l'Europe, – heureusement, d’ailleurs, – que l'absurdité n'en demeure pas moins, et aussi et surtout le frein à la coopération européenne que constitue la chimère de la coopération transatlantique.
Lorsque la facture complète du VH-71 sera connue, elle figurera à Washington comme un argument impératif de plus (chaque super-rare cas de “coopération” évoluant de la même façon) pour s’abstenir la prochaine fois de “coopérer” avec les Européens. A ce prix-là, évidemment. La société virtualiste US s’y entend pour censurer, au travers de ses propres extravagances, toute tentative sérieuse de coopération avec l’Europe. Quoi qu’il en soit de la réalité, le VH-71 restera à Washington comme un exemple de plus de la folie de travailler avec les Européens qui ne peuvent produire de la quincaillerie technologique de façon rentable, comme ils font aux USA… Encore quelques coups comme le VH-71 et il y aura rupture des relations diplomatiques des USA avec l’Europe pour brigandage caractérisé dans le chef des Européens.
Cela écrit avec tout le venin nécessaire, ajoutons que le programme VH-71 doit également être considéré comme le symptôme d’une situation extrêmement grave. Il y a quelques intéressantes remarques de “Werther” sur la pathologie terrifiante de la société US, emportée dans un tourbillon d’inefficacité, de paralysie et d’impuissance à produire quoi que ce soit d’une façon humainement acceptable. La complexité de cette société, ajoutée à sa psychologie malade, conduit à une situation où la production de biens technologiquement avancés accélère l’évolution vers le chaos, l’impuissance et la déstructuration de cette société, – jusqu’à la destruction finale.
«The VH-71 is an example of the Potlatch syndrome, the tendency of overweening rulers to be extravagant for the sake of being extravagant. Potlatch was the practice of certain Indian tribes to demonstrate the wealth and power of their chief by piling up food, trade goods, and the like, and destroying them in a fire. Such a society, it goes without saying, is doomed. In less wantonly spectacular ways, many ancient states essentially practiced the same custom.
»The American anthropologist Joseph Tainter wrote an intriguing work titled The Collapse of Complex Societies, wherein he posited that as a society matures and becomes more complex, its rulers (and beneficiaries) tend to evolve ritual behavior that does not benefit the survival of the society as a whole. On the contrary, they become so dedicated to defending an ever more ostentatious and extravagant status quo that their behavior actually contributes to the collapse of the society over which they reign.
»The Mayan big men exhausted so much of their subjects' resources on ceremonial pyramids celebrating the greatness of the big men that the society could not sustain the expense. Pyramids, after all, cannot provide habitation, or defense.
«Peasants toiling on a Latifundia at the borders of the late Roman Empire, should they have been overrun by the ''barbarians,'' actually found the tribute exacted by the wild barbarian tribes lower than that mulcted by their erstwhile Roman imperial masters. The sustainment costs of the empire, its sybaritic court, and its hideously expensive military, were simply too high by that point. When enough peasants caught on, the Roman Empire was doomed, not by military invasion, but by the fact that its subjects no longer believed the whole imperial contraption benefited them.»
Mis en ligne le 29 décembre 2007 à 13H03