L’histoire de la NIE 2007: une bataille contre le virtualisme

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La bataille du “coup d’Etat postmoderne” de la NIE 2007 est bien mis dans sa perspective historique par l’historien Gareth Porter, dans son article du 11 décembre sur Antiwar.com. Le titre («White House Fought NIE Over an Old Charge») permet de bien situer le problème grâce au qualificatif “Old”. Il s’est agi essentiellement, pour le renseignement US, de parvenir à détruire une vieille “réalité virtualiste” qui avait été établie par une puissante offensive de communication développée par la faction activiste de l’administration, dès février 2003, “rafraîchi“ en 2004 par des affirmations de désinformation lancées pour contrer l’accord négocié entre les Iraniens et les trois pays européens à l’automne 2003.

«The original Bush administration argument was that Iranian uranium enrichment at Natanz was prima facie evidence of a “nuclear weapons program.” On Feb. 23, 2003, the State Department charged that Iran had exhibited “an ambitious rush to develop a nuclear fuel cycle, whose true purpose can only be to produce fissile material for its nuclear weapons program.”

»That line took advantage of the widespread impression that the Natanz facility was illegal when it was revealed by the anti-regime National Council of Resistance in mid-2002, even though its construction was in compliance with Iran's safeguards agreement with the International Atomic Energy Agency (IAEA).

»When Iran voluntarily suspended its program of uranium enrichment as part of its agreement with Britain, France and Germany in October 2003, however, it forced the Bush administration to come up with the idea of a secret Iranian nuclear weapons program.

»It was John Bolton, then undersecretary of state for arms control, who articulated the new charge. He told a press conference on March 3, 2004, “We think the Iranians are still trying to conceal a clandestine weapons program….”»

La suite, y compris la précédente National Intelligence Estimate de 2005 sur le cas iranien, est l’histoire d’une bataille interne dans l’administration GW Bush pour faire prévaloir une version sur l’autre. La faction maximaliste de l’administration reposait toujours sur les mêmes centre de pouvoir, essentiellement autour de Cheney et des influences néo-conservatrices, avec le soutien actif du Mossad israélien, toujours à partir d’affirmations sans vérification convaincante, comme dans le cas irakien en 2002-2003.

Ce qui est effectivement remarquable dans ce rappel historique de Porter, c’est de voir la similitude de tactique des bellicistes, l’utilisation de l’invective à la place de l’argument pour faire progresser leur projet en créant un “état d'esprit” favorable. Face à cette poussée continuelle influençant directement la politique US, la position des Européens malgré la justesse de leur politique, leur passivité dans l’acceptation des thèses extrémistes US, leur absence de vision critique de la politique US pourtant basée sur la même construction virtualiste que dans le cas irakien, est également remarquable. L’explication la plus simple constamment donnée tout au long de cette crise (toujours le même montage par la fraction extrémiste US, provoquant par automatisme un jugement de culpabilité des Iraniens) s’est avérée la plus conforme à la réalité. Le “coup d’Etat postmoderne” porta effectivement, essentiellement sur la communication et non sur le fond de l’argument; il s’agissait bien de renverser un courant d’opinion fabriqué de bout en bout.

«Another tactic used by Cheney was to cite a new claim by Israeli intelligence that its spies inside Iran had learned that Iran had developed and tested a trigger device for a nuclear bomb. Conveniently, the alleged tests would not leave any trace of radioactivity, thus explaining why the sophisticated radiation monitoring devices placed in Iran by the United States and Israel had not detected it.

»The CIA did not regard the report as reliable, especially in the absence of details that would allow verification. But Cheney asked for the original raw Israeli intelligence report, according to Hersh – the same thing Cheney and top Pentagon officials had done in constructing their case for the invasion of Iraq in 2002.

»Cheney's tactics bottled up the NIE until early 2007. Last spring, however, the intelligence community came up with much more compelling evidence that no secret nuclear weapons program – including covert enrichment-related activities – had existed after fall 2003.

»The White House responded by arguing that the new evidence might be based on an Iranian disinformation campaign, which forced a long process of proving that it was not information deliberately planted by Iran. That held up the acceptance of the NIE for several more months.

»Recent briefings by intelligence officials have carefully refrained from naming any particular White House official who pushed the disinformation theory, but it was Cheney who was in charge of managing intelligence issues in order to protect the existing policy line.»


Mis en ligne le 12 décembre 2007 à 07H07