L’homme qui supervise Guantanamo va commander l’OTAN

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L’OTAN a annoncé hier que le général Bantz Craddock (U.S. Army), actuel commandant en chef du Southern Command, va remplacer le général James Jones, du Corps des Marines, dans la fonction de SACEUR (commandant en chef suprême des forces alliées en Europe). Le changement se ferait à la fin de l’année.

Détail intéressant, que les commentateurs ont aussitôt relevé : dans sa fonction de chef du Southern Command (quartier-général basé à Miami), Craddock a sous son commandement la base de Guantanamo et la prison fameuse du même nom. Il en est donc le chef hiérarchique et le responsable opérationnel suprême. Cette nomination est-elle si habile, si l’on considère la sensibilité forcée (pression des opinions publiques, du Parlement européen, des organisations humanitaires, etc) des Européens à la question de Guantanamo ?

« Habiles, pas habiles ? Ils ne se posent pas de ces questions, observe une source au secrétariat général de l’OTAN. Les Américains ont nommé Craddock parce qu’il a sous son commandement diverses opérations et divers théâtres s’apparentant à la lutte contre le terrorisme et aux campagnes “exotiques”, et qu’ils veulent faire évoluer l’OTAN dans ce sens. Il n’y a rien d’autre. Je suis sûr qu’ils n’ont même pas fait le rapport avec Guantanamo et la polémique avec les Européens. » Cette appréciation nous paraît acceptable parce qu’elle correspond bien, autant au cloisonnement de la bureaucratie US qu’à la conformation d’inculpabilité qui caractérise la psychologie américaniste, et qui joue bien entendu à fond à propos de Guantanamo.

Quoi qu’il en soit, le CV de Craddock donnera un peu plus de grain à moudre à la polémique transatlantique qui s’impose régulièrement aux dirigeants, malgré leur désir de ne pas faire trop de peine à Washington. Les dirigeants de la Grande république ne sont pas réputés pour aider leurs acolytes européens à les aider sans faire trop de vagues. La servilité, à l’heure du post 9/11, n’est plus ce qu’elle était, — on veut dire, plus aussi confortable qu’avant.


Mis en ligne le 15 juillet 2006 à 17H09