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4853Avec plus ou moins de retard, les autorités politiques ont compris la nécessité d’imposer aux populations la fermeture des frontières et le confinement. A défaut de traitements efficaces et sans innocuité et de vaccin préventif, limiter la dissémination trop rapide de la virose par cette technique médico-sociale de la quarantaine dont on trouve les traces dans les écrits d’Avicenne, permettra une immunisation progressive en évitant des pics de morbidité et de létalité inacceptables politiquement.
Il est probable que le réchauffement des températures extérieures dans l’hémisphère Nord contribuera à éteindre sa progression. Des centaines de molécules sont actuellement éprouvées et nul doute grâce à la mobilisation parfois collaborative de nombreux groupes scientifiques dans le monde, un traitement médicamenteux sera rapidement appliqué aux personnes faisant la maladie. Beaucoup sont prometteuses. Des essais en phase clinique pour des vaccins sont annoncés en particulier aux Usa et en Chine. L’existence de réaction immuno-allergique chez certains patients au dixième jour de l’expression de la maladie devra faire redoubler de prudence quant au choix de l’épitope pertinent et du vecteur. Ces précautions sont d’autant plus nécessaires que les tentatives de production de vaccins contre le coronavirus qui avait émergé en 2003 s’étaient heurté à des impasses, réactions adverses inacceptables, lors de leur développement dans des modèles sur les furets et les singes. Au lendemain de la déclaration par la firme étasunienne Moderna qu’un essai était lancé sur 75 volontaires sains, plusieurs institutions chinoises ont fait état de l’avancée de la recherche qui prévoit le lancement de tests cliniques d’au moins deux variétés vaccinales en avril après un essai préalable sur les animaux. La cartographie génétique complète du virus rapidement établie et publiée par les Chinois a rendu possible cette compétition internationale. Cependant, on ne sait toujours pas bien si l’acquisition de la maladie est immunisante, condition nécessaire pour espérer un vaccin valide, et la durée de cette immunité. L’immunité conférée par les coronavirus saisonniers pourvoyeurs de rhume est de très courte durée malgré la présence de taux élevés d’anticorps. Les données concernant les virus des épidémies du Sars de 2003 et Mers sont trop partielles. Les deux vaccins cherchent à faire produire des anticorps contre les protéines d’enveloppe du virus qui permettent la pénétration cellulaire. Une équipe chinoise a publié dès la mi-mars que deux chimpanzés ont été infectés par le Sars-cov-2 en exprimant des symptômes modérés et qu’exposés un mois plus tard, ils n’ont pas refait la maladie.
Malgré ces incertitudes, Moderna basée dans le Massachusetts et Inovio en Pennsylvanie prévoient de mener simultanément expérimentation animale et humaine, arguant de l’urgence. Les deux vaccins cherchent à faire produire des anticorps contre les protéines d’enveloppe du virus qui permettent la pénétration cellulaire et donc de bloquer celle-ci. On ignore si une telle stimulation générera des cellules capables de tuer des cellules déjà infectées. C’est le National Institutes of Health, organisme public, qui finance l’essai de Moderna.
L’engagement public étasunien contre l’épidémie actuelle a montré des manquements de taille. La production de tests diagnostics biologiques défaillants en est un. Les kits développés par les CDC début février et envoyés dans les centres de référence de 50 États se sont révélés défaillants. Il a fallu attendre 4 semaines avant que la FDA autorise les laboratoires des hôpitaux à développer leurs propres techniques diagnostiques. A la mi-mars, la pénurie de kits de tests aux Usa persistait et durera encore quelques semaines, mettant en évidence le sous-développement et l’inefficacité des structures sanitaires de la première puissance mondiale. Même si un test avait été immédiatement disponible, aucune institution de santé n’est en capacité de le mettre en œuvre gratuitement pour des Américains. L’Allemagne et la Corée du Sud, contrairement à la France qui continue de rationner de manière absurde l’accès aux tests biologiques, ont testé larga manu. Ce dépistage permet de repérer rapidement les porteurs et de procéder à leur isolement strict dans des structures de soin intermédiaires, le temps que soit achevée la durée du portage et du risque de contamination.
Dans une note adressée aux étudiants résidant à l’étranger, une université norvégienne a recommandé de quitter rapidement les pays aux structures sanitaires sous-développées et ont mentionné les USA.
En début de semaine, les responsables du Département de Santé et de Services sociaux ont fait part publiquement de la pénurie en gants, blouses et masques. Un hôpital de l’État de Géorgie a épuisé en six jours sa dotation de cinq mois.
Le pays ne dispose que de 45 000 lits de soins intensifs alors qu’il aurait besoin de 2,9 millions d’unités pour faire face à l’épidémie qui enfle. La pénurie en appareils de ventilation assistée est dramatique. Trente millions d’Américains n’ont pas d’assurance maladie et l’attribution du Medicaid est conditionnée par les preuves d’une recherche active d’emploi. La fermeture des écoles publiques est inenvisageable dans le cadre de l’essai du confinement. La plupart des parents qui doivent continuer à travailler sans possibilité de garde et l’école reste souvent la seule occasion où les enfants ont un repas chaud. A Los Angeles, 80% des enfants scolarisés ont droit à un repas gratuit ou à prix réduit.
Le gouvernement fédéral veille en revanche à la bonne santé de la Bourse et des grosses firmes. En une semaine, la Fed a déversé 1 500 milliards de dollars en secours aux marchés financiers. Les taux d’intérêt ont été aménagés, négatifs, pour les mêmes. L’actuel Président doit s’exécuter après avoir changé plusieurs fois de discours vis-à-vis de la pandémie.
L’agriculture maraîchère aux USA est très dépendante des travailleurs saisonniers mexicains. Si les grandes exploitations de maïs et de blé ont mécanisé les récoltes, le ramassage des légumes et la cueillette des fruits a besoin de main d’œuvre humaine.
La fermeture des frontières si elle était étanche serait une grande catastrophe alimentaire, aggravant les pénuries de toute sorte du pays liées aux taxations des importations et à la rupture de fourniture de composants essentiels fabriqués par la Chine.
La grande inertie des pouvoirs publics à assurer, en cette période de « guerre », le ravitaillement en masques du personnel soignant et des personnes en contact avec le public, obligées d’assurer leur service, a été constatée dans toutes les démocraties occidentales. Comment un accessoire d’apparence simple ne peut-il être produit de toute urgence en quantités suffisantes dans des situations extrêmes ?
La production en flux tendu a charpenté l’édifice du capitalisme néo-libéral en éliminant du champ de la pensée la constitution de stocks de réserve et de sécurité. C’est le dogme du ‘’tout est dans l’instant’’. Tout est dans le flux et plus les flux sont nombreux, rapides, meilleure sera la rentabilité. Les Boys de Chicago et leurs affidés ont repris à leur compte le slogan punk de ‘No Future’. L’humanité devenue pastorale puis paysanne avait construit des silos d’entrepôts de grains et adoré le chat qui la débarrassait des rongeurs voleurs de réserves, par souci d’un futur aléatoire. La Bible a témoigné dans ce sens. Gouverner c’est se prémunir et protéger les populations contre un manque en denrées vitales.
La Chine produit 200 millions de masques faciaux par jour dont 600 000 répondant au standard FFP2. Elle a mobilisé des milliers d’entreprises qui se sont converties pour en délivrer. Des licences ont été délivrées pour autoriser certaines fabriques à produire des masques d’une très haute qualité de filtration, à employer par le personnel médical et paramédical.
Un textile synthétique particulier est un composant indispensable de ce pare-virus. Ses fibres sont d’une taille de l’ordre du micron. L’assemblage réalise un maillage qui laisse passer les molécules d’eau mais pas les grosses molécules d’ARN avec ou sans enveloppe. Une machine-outil projette dans un courant d’air chaud du plastique fondu puis refroidit les microfibres. Le Japon, l’Allemagne et les Usa en sont les seuls exportateurs. Deux entreprises chinoises s’attellent à fournir ces indispensables machines. L’une affirme pouvoir le faire en 6 mois, l’autre en deux semaines.
C’est ainsi que la Chine conçoit la guerre, elle prétend à son autonomie pour ses armes et s’en donne les moyens. Un État social (la connotation péjorative de Providence accolée à ce type de régime soucieux de la collectivité et non seulement d’une minorité possédante et dominante) conçoit ainsi les modalités de la lutte. Recenser les besoins et tout mettre en œuvre pour les satisfaire.
Dans le camp occidental, des demi-mesures insuffisantes ont été tardivement prises. Et partout dans la prétendue société d’abondance, la pénurie est criante.
L’État d’urgence sanitaire a trouvé comme première traduction la transformation du temps confiné en congés payés forcés, vidant de sa substance le droit de retrait et l’obligation légale de ne pas sortir de chez soi. Les syndicalistes sont criminalisés, les peines et les sanctions tombent pour intimider un précariat obligé de vendre sa force de travail.
Une épidémie c’est la rencontre d’un microorganisme pathogène potentiel avec une société, ses mœurs, sa culture et sa structure économique et politique. Le Sars-cov-2 a ravagé l’Italie du Nord parce que la densité en personnes âgées de plus de 65 ans y est importante. La pyramide des âges dessine un sapin avec plus de personnes de plus de 75 ans que de moins de 4 ans caractéristique d’un vieillissement accéléré par déficit en natalité. La difficulté des jeunes à trouver un travail et un salaire décent oblige ceux-ci à habiter chez leurs parents et leurs grands-parents résidant dans des zones semi-rurales. D’où les déplacements incessants et le brassage qui ont favorisé l’essaimage de la virose.
La surmortalité chez les personnes âgées ne doit pas faire oublier de pointer que 20% des patients hospitalisés aux Usa ont entre 20 et 44 ans. Ces chiffres sont cohérents avec ceux publiés par la Haute Autorité de Santé italienne qui enregistre 24% de cas Covid-19 chez les patients âgés de 19 à 50 ans qui ont connu une issue fatale.
Les mesures de confinement se généralisent après une période de déni pour les Usa et le Royaume Uni. Elles génèrent une atmosphère d’anxiété et parfois d’incrédulité justifiée par les discours incohérents des détenteurs de l’« autorité publique » qui révèlent tragiquement leur inconsistance et leur nocivité dans les moments où un responsable se doit d’être résolu et crédible sans se laisser aller à des poses paternalistes sur-jouées.
Nous sommes en train d’éprouver l’enfermement, plus ou moins confortablement. Les pensées vont d’abord à ceux qui le subissent, dans les camps de réfugiés, à Gaza, dans les prisons politiques depuis des années. Georges Abdallah, le plus ancien prisonnier politique d’Europe, subit une incarcération injuste depuis 36 ans. Sa force morale inentamable lui fera supporter la suppression des parloirs, comme le reste. Il faut cependant le libérer, lui qui est libérable depuis 1999, pour qu’il puisse enfin retrouver son pays et les siens. La moindre des exigences morales est également de revendiquer l’amnistie pour tous les Gilets Jaunes emprisonnés par une Justice aux ordres qui a réprimé comme jamais elle ne l’a fait depuis des décennies pour intimider et briser un mouvement social.
Atomisés et reclus, il nous faut penser l’après car toute l’économie factice malgré les sauvetages des banques centrales s’effondrera. Ne sera gardé que l’essentiel, ce qui fait vivre hors la surabondance du futile toxique, en interdisant prédation, rapines et spéculations.