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6595Pendant que l’Occident, et particulièrement les États-Unis, barbotent dans une mortelle crise de communication et d’affectivisme, qui constitue l’opérationnalisation postmoderne de l’étape ultime de la Grande Crise d’Effondrement du Système (GCES), la Russie garde les pieds sur terre et la tête dans le domaine hypersonique. Comme d’habitude, dans ce domaine qui constitue la grande révolution du stratégique au plus haut niveau, c’est Poutine qui se charge d’annoncer les choses.
Il l’avait fait une première fois en annonçant en détails, le 1ermars 2018, l’arrivée et de déploiement des premières armes hypersoniques russes. Accueillie en général par le scepticisme très commun pour ce qui est du minimum syndical antirussiste, l’annonce avait pourtant été cautionnée par les gens les plus sérieux du domaine, quelques semaines après les déclarations de Poutine. Ainsi du général Hyten, le 4 avril 2018 :
« Les États-Unis n’ont pas de preuves attestant que la Russie s’est dotée d’un missile hypersonique “invincible”, mais il faut croire les déclarations de Vladimir Poutine, a déclaré mercredi le chef du commandement stratégique des États-Unis John Hyten lors d’un colloque sur l’espace.
» “Je ne vous fournirai aucun détail sur les moyens de surveillance que nous utilisons. Je ne vous préciserai aucun détail technique sur les performances de ces missiles. Mais je peux affirmer que nous avons observé la Russie et la Chine tester des missiles hypersoniques. Vous devez croire les déclarations de Vladimir Poutine”, a indiqué Hyten, cité par le média Defense News. »
D’ores et déjà à cette époque, les USA (la DARPA pour l’expérimentation, avec l’USAF) avaient lancé en catastrophe des programmes de missiles hypersoniques, dès 2017, lorsque l’avance russe était apparue au renseignement US. Plusieurs programmes ont été lancés, dont en premier le programme HAWC (Hypersonic Air-breathing Weapon Concept) confié conjointement à Lockheed Martin et Raytheon. Mais diverses difficultés ont été rencontrées et le premier vol prévu pour courant 2019 n’a toujours pas eu lieu. Mieux encore, ou pire encore, un incident assez piteux a eu lieu récemment, aboutissant à la perte d’un des premiers HAWC expérimenté qui s’est détaché par erreur en plein vol de son B-52 porteur, et a été détruit durant sa chute.
C’est Aviation Week & Space Technology, par l’intermédiaire de sa Lettre d’Information Aerospace Daily, qui annonçait la chose il y a cinq jours, le 9 juin, soulignant le mystère qui entoure le programme, et particulièrement les difficultés qu’il rencontre.
« ‘Aerospace Daily’ précise que des débris du prototype détruit ont été récupérées après l'accident. La description pourrait suggérer que la charge utile s'est détachée par inadvertance du B-52 en vol, plutôt que pendant les essais au sol ou sur la piste. Elle suggère également que l'accident s'est potentiellement produit dans un espace terrestre, – peut-être sur un polygone de tir désigné comme la zone d’impact de précision de la base d’Edwards ou le polygone de tir de la station aéronavale voisine de China Lake, – plutôt que pendant un transit pour une répétition générale ou un essai de tir réel sur le polygone de tir du Pacifique.
» Cet incident ajoute aux mystères qui entourent le statut du programme HAWC, qui a déjà plusieurs mois de retard sur le calendrier initial qui prévoyait un premier vol en 2019. La DARPA avait initialement choisi Lockheed Martin en 2017 pour développer un démonstrateur HAWC propulsé par un moteur-fusée Aerojet Rocketdyne, après avoir rejeté un autre concept soumis par Raytheon. Cependant, une version complètement modifiée du missile de Raytheon a impressionné la DARPA et conduit à l’attribution d’un contrat pour un deuxième vol de démonstration en mars 2019, [dans le cadre d’une association LM-Raytheon].
» En juin 2019, les dirigeants de Lockheed Martin et de Raytheon étaient optimistes quant à la réalisation d'essais en vol libre et en vol captif pour les deux concepts de HAWC, mais la fin de l’année s’est écoulée sans qu'aucune de ces étapes ne soit franchie. On pense que la variante du HAWC de Lockheed Martin a été impliquée dans le récent incident. »
Ce n’est peut-être pas un hasard si Poutine, qui ne manque pas d’ironie dans ses manœuvres politiques, a choisi la date du 12 juin, trois jours après l’annonce de l’accident du HAWC, pour annoncer un nouveau progrès russe dans ce domaine de l’armement hypersonique. Il s’agit des capacités de défense anti-hypersonique de la Russie.
... Comme si Poutine disait aux adversaires-partenaires américanistes : “Ne vous en faites pas, même si vous mettez enfin au point un missile semblable à ceux que nous avons déjà en service, – et vous y arriverez bien un jour avant que les USA n’éclatent, courage, – nous avons déjà la formule et le développement en cours pour mettre en place des défenses qui interdiront notre espace à tout missile hypersonique ennemi, y compris les vôtres...”
« Lorsque d’autres pays auront élaboré leur arme hypersonique, la Russie se sera très probablement dotée d'un moyen d’y faire face, estime Vladimir Poutine.
» S’exprimant sur le potentiel militaire de son pays à l’occasion du Jour de la Russie, célébré le 12 juin, le président Poutine a rappelé que les forces armées russes non seulement possédaient une arme hypersonique mais pourraient à l’avenir se protéger de ce type d'armement.
» “Je l’ai toujours dit et je le dis encore une fois: les grandes puissances militaires auront ce type d’arme que la Russie possède actuellement. Je parle de l’arme hypersonique. Mais depuis 2018, personne ne s’en est dotée. Elle [l’arme hypersonique]apparaîtra. Mais je pense que nous pourrons surprendre nos partenaires car il est fort possible que lorsqu’ils auront ce type d’arme nous aurons déjà un moyen de lutter contre”, a indiqué Vladimir Poutine dans une interview dont un fragment a été repris par l’émission Vesti Nedeli.
» Le Président a précisé qu’aujourd’hui, personne ne pouvait intercepter une arme hypersonique.
» “Il s’agit d’une vitesse telle qu’il n’est pas possible de l’intercepter. C’est pourquoi notre situation actuelle est unique“, a-t-il ajouté.
» En mars 2018, Vladimir Poutine a déclaré que la Russie avait créé le système hypersonique Avangard, capable d'effectuer des vols intercontinentaux dans les couches denses de l'atmosphère à plus de Mach 20.
» Les missiles en question peuvent porter des charges conventionnelles ou nucléaires. Selon le Président, l'ogive du système Avangard progresse vers sa cible “comme une boule de feu” dont la température de revêtement atteint 1 600°-2 000°C.
» En décembre dernier, Vladimir Poutine a également annoncé que les troupes russes étaient d’ores et déjà dotées de missiles hypersoniques Kinjal et de systèmes laser Peresvet. En outre, un premier régiment est en train d’être équippé du système de missiles Avangard. »
Décidément mais nullement d’une façon surprenante, les USA ont nombre de difficultés en ce moment, et leurs applications technologiques dans le domaine de l’armement en rencontrent bien autant que leur cohésion politique et sociale et leur équilibre psychologique dans les rues de leurs grandes villes. Force est d’envisager l’hypothèse qu’on identifie un signe de plus, non seulement du déclin mais de l’effondrement. Le programme HAWC en est en effet à sa deuxième version, et à la firme Raytheon s’et ajouté la plus grande de toutes dans ce domaine, en l’occurrence Lockheed Martin. Pourtant ces deux maîtres de la technologique de l’armement ne parviennent pas à maîtriser un système d’arme qui n’est pas d’une complexité extrême (une fois qu’on en a décidé le développement), et dans le domaine duquel les Russes ont une avance extrêmement importante, et qui ne cesse de grandir.
En effet, s’il faut croire le général Hyten, « Vous devez croire les déclarations de Vladimir Poutine » ; et pas moins celles d’il y a trois jours que celles du 1ermars 2018. Cela signifierait que les Russes ont fait des progrès décisifs dans le domaine bien plus difficile de l’interception d’hypersoniques adverses, que le seul développement de leurs propres hypersoniques. D’un autre côté, cela correspondrait bien aux capacités habituelles des Russes, qui sont remarquables dans le domaine de la défense contre les engins d’attaque aériens ; néanmoins, l’exploit est particulièrement impressionnant, parce qu’un engin volant à Mach 10 ou à Mach 25, effectuant des manœuvres d’évitement et de dissimulation, disposant de leurres et de contre-mesures électroniques, est évidemment autrement difficile à intercepter qu’un avion ou un missile volant à Mach 2.
Les Russes sont donc en train de construire une supériorité quasiment indestructible dans un domaine de supériorité stratégique et nucléaire, avec d’ailleurs toute une gamme d’utilisation inarrêtable dans les autres domaines opérationnels, tactiques notamment. Ils le font selon une méthode qui semble désormais très au point, avec des dépenses minimales et une maîtrise des technologies obtenue avec un minimum de difficulté. C’est finalement un des aspects les plus remarquables de la comparaison entre la Russie et les USA (qui ont un budget militaire plus de dix fois supérieur à celui de la Russie), et effectivement un signe indubitable de l’effondrement “de l’Empire” (du Système).
Les capacités technologiques des USA sont désormais complètement définies, comme le reste, par le “Principe de Peter”. Elles semblent extrêmement nombreuses et sophistiquées, comme les scénarios d’Hollywood, et bien entendu extrêmement coputeuses ; mais elles sont d’une aussi complète vacuité, d’une aussi complète fausseté que les milliers de $milliards que les presse à imprimer de la Federal Reserve déversent sur le gouvernement US, sur Wall Street, sur le Corporate Power, – dans ce cas, sur les géants du Complexe Militaro-Industriel qui semblent tous devra suivre la voie ouverte par Boeing : le Trou Noir de la Grande-Crise...
Mis en ligne le 15 juin 2020 à 11H15