L’hypothèse Straw versus Blair

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Un article du Financial Times met en évidence la force et la véhémence du ton du secrétaire au Foreign Office Jack Straw pour nier la validité de l’article de Seymour Hersh et pour juger “inconcevable” l’idée d’une attaque contre l’Iran.

Pour le FT, il s’agit d’un signe convaincant de l’opposition entre Straw et Blair, le premier étant de plus en plus adversaire d’une position dure contre l’Iran, à l’inverse du second. « Jack Straw yesterday used his toughest language yet to rule out any military strike against Iran, highlighting the growing divide on the issue between the Foreign Office and Downing Street. “The reason why we're opposed to military action is because it's an infinitely worse option [than diplomacy] and there's no justification for it,” the foreign secretary said. (...)

» While Mr Straw has repeatedly described an air strike on Iran as “inconceivable”, Tony Blair, prime minister, never has. Officials at both the Foreign Office and Downing Street privately acknowledge the difference of emphasis between the two men. Mr Blair has shown signs of exasperation with Mr Straw's cautious approach, giving rise to suggestions that the foreign secretary's focus on ruling out military action is intended to heal the breach with Labour MPs upset over the Iraq war.

» The Conservative party, which believes that the threat of military action should be used to force Iran to comply, is likely to exploit the divergence between the prime minister and the foreign secretary. »

Cette interprétation est relativement nouvelle et ouvre un champ nouveau pour la spéculation sur la situation politique au Royaume-Uni. La position de Straw n’est pas un hasard ni une imprudence : l’autorité du poste de Blair sur celui de Straw est compensée en partie par l’affaiblissement considérable du prestige et de l’autorité du Premier ministre, et c’est pour cette raison que Straw peut ainsi s’affirmer. Il s’agit d’une situation qui a peu de précédent au Royaume-Uni ; dans certaines circonstances, des divergences ont existé entre un Premier ministre et son secrétaire au Foreign Office, mais il s’agissait de ministres à la très forte personnalité et au grand poids politique (Eden par rapport à Churchill) et ces mésententes n’apparaissaient pas en public ni n’interféraient de façon notable sur la politique britannique. Si l’analyse du FT se confirme, ce sera une marque convaincante de la crise actuelle du système britannique de gouvernement.


Mis en ligne le 11 avril 2006 à 09H32