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450D'après le site russe Ria Novosti (le 13 avril 2011), la France voudrait organiser une opération terrestre humanitaire dixit Alain Juppé, voire "militaro-humanitaire" (!) selon le journaliste tant il est évident qu'une telle opération ne peut qu'évoluer vers une opération officiellement militaire. L'évolution du discours occidental est logique, tant le déroulement des évènements jusqu'ici était prévisible. Le journaliste russe est ici bien inspiré en dénonçant l'hypocrisie européenne.
A la lumière des évènements de Cote d'Ivoire, on imagine très bien ce qu'il pourrait advenir si une telle opération devait voir le jour. Seulement, il va falloir au préalable convaincre les Russes et les Chinois au Conseil de sécurité de l'ONU. Ce qui n'est pas gagné...
La neutralité chinoise lors du vote de la résolution 1973 instaurant la zone d'exclusion aérienne a été causée par une phrase de Kadhafi en février qui a malencontreusement promis un Tian'anmen libyen aux insurgés. Il n'est pas certain que le vote chinois soit le même pour une nouvelle résolution qui constituerait un précédent dangereux portant atteinte à la souveraineté nationale. Après tout, ils pourraient considérer que Kadhafi a d'ores et déjà été puni pour cette comparaison déplacée.
Les Russes seront encore plus difficiles à convaincre car l'usage fait de la résolution 1973 leur semble excessif. De plus le comportement français en Cote d'Ivoire leur a particulièrement déplu (le fait que Gbagbo ait signé quelques contrats avec les Russes ces dernières années joue également). L'idée de plomber l'action occidentale – pour le moment inefficace – ne peut être pour leur déplaire.
De surcroît les insurgés ont eu le malheur de dire que les Russes et les Chinois étaient d'ores et déjà hors jeu pour les futurs contrats pétroliers (propos tenus le 7 avril par l'ex-ministre de l'Energie libyen qui a rejoint l'opposition).
Il n'est donc pas certain qu'une telle opération puisse voir le jour. Qu'il semble loin le temps où l'Occident excluait toute intervention terrestre. Pourtant ce n'était qu'il y a quelques semaines.
Imaginons cependant qu'une telle opération voie le jour, sous l'influence d'un Sarkozy remonté comme une pendule après son succès apparent en Cote d'Ivoire. Une telle opération ne pourrait qu'être meurtrière et donc dévastatrice pour les gouvernements occidentaux car Kadhafi a une armée importante déjà mobilisée, contrairement à la Cote d'Ivoire où les forces de l'ONUCI et françaises étaient en place avant les combats.
De surcroît le dirigeant libyen pourrait dans un acte désespéré faire d'une déclaration de guerre en bonne et due forme à l'encontre des occidentaux car il n'aurait rien à perdre (après tout, c'est lui la cible) et son caractère fantasque s'y prête bien. L'impact d'une telle déclaration de guerre serait dévastateur pour les gouvernements occidentaux qui auraient des comptes à rendre à leurs parlements et à leurs populations. Pour bien des gouvernements, au premier rang desquels celui de Sarkozy, la chute de Kadhafi serait alors une victoire à la Pyrrhus.
“Bilbo”