L’idée de l’attaque de l’Iran comme “idée reçue“ et banalisée

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Oui, nous avions oublié ou égaré cette dépêche AFP sur une attaque probable de l’Iran en 2007, dépêche datant du 21 novembre...

«President George W. Bush could choose military action over diplomacy and bomb Iran's nuclear facilities next year, political analysts in Washington agree.

»“I think he is going to do it,'' John Pike, director of Globalsecurity.org, a military issues think tank, told AFP.

» “They are going to bomb WMD facilities next summer,'' he added, referring to nuclear facilities Iran says are for peaceful uses and Washington insists are really intended to make nuclear bombs, or weapons of mass destruction (WMD).

»“It would be a limited military action to destroy their WMD capabilities'' added the analyst, believing a US military invasion of Iran is not on the table.

»US journalist Seymour Hersh also said at the weekend that White House hawks led by Vice President Dick Cheney were intent on attacking Iran with or without the approval of the US Congress, both houses of which switch from Republican to Democratic control in January after the November 7 legislative elections.»

Etc, etc…

Il est vrai que nous rencontrons régulièrement, de cette façon, un article ou l’autre reprenant l’idée d’une attaque de l’Iran par les USA, d’une façon plus ou moins pressante, plus ou moins routinière, qui revient régulièrement. C’est l’un des mots qui va ici : “routine”, ou bien : banalisation…

L’idée d’une attaque contre l’Iran est devenue une des idées reçues centrales du monde virtualiste de Washington, une prévision dont plus personne ne s’étonne, à laquelle plus personne ne s’arrête. Même les articles de Hersh sur le sujet (voir celui du 21 novembre) ne font plus qu’à demi sensation.

Cette étonnante banalisation, d’une part, reflète un processus naturel : l’affaiblissement de l’administration, qui l’empêche de faire avancer ses projets comme elle le voudrait, le maintien en état de veille pourtant de ses projets, et, surtout, l’acceptation de cette perspective d’une attaque par la psychologie washingtonienne. Ce dernier point amène à cette situation où plus personne ne s’étonne vraiment de cette perspective, ni ne la relève comme excessivement dangereuse, illégale, schizophrène, etc.

… Justement, “schizophrène” ; tout se passe comme si vous aviez parmi vous quelqu’un d’instable psychiquement, mais qu’il est impossible de traiter pour des raisons impératives (qui ose officiellement dénoncer Washington? Car c’est Washington qui est schizophrène) et dont on supporte les lubies parce qu’il le faut, et qu’elles semblent alors être traitées comme s’il s’agissait de la normalité des choses. Ce “quelqu’un d’instable”, effectivement, ce n’est pas seulement GW, ni Cheney et ses planificateurs, c’est l’ensemble du monde washingtonien qui a accepté l’idée de l’attaque comme allant de soi. En quelque sorte, le débat l’acceptabilité de l’attaque est tranché, même s’il y a bien sûr des “pour” et des “contre”. Si demain, certains manoeuvrent bien et que l’opportunité se fait jour, on ira. C’est ce qu’on appelle une idée reçue.


Mis en ligne le 27 novembre 2006 à 05H09