L’increvable Tony Blair en pièces

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Au moins deux pièces de théâtre à Londres ont pris ou vont prendre comme sujet une fiction autour du sort du Premier ministre, avec comme thème un Tony Blair en procès : The Trial of Tony Blairq, de Alistair Beaton, et The Indictment of Anthony Charles Lynton Blair for the Crime of Aggression Against Iraq—A Hearing (la seconde est un montage qui sera réalisé à partir d’un “vrai” procès fictif).

Le site WSWS.org s’intéresse à cet aspect original du monde du théâtre à Londres, en exerçant son sens critique habituel trempé aux couleurs de ses engagements politiques.

Ambiance :

«At one point in Alistair Beaton’s latest political satire, The Trial of Tony Blair, Cherie Blair (Phoebe Nicholls) rounds on husband Tony (Robert Lindsay) saying, “The world’s changed and you don’t get it.” Where Beaton falls down is in his depiction of how this change manifests itself and leads to Blair standing in the dock facing war crimes charges.

»It is 2010. Blair, having stayed in office longer than promised, has finally stepped down before the general election. His last days in office take place as the US and Israel target Iranian nuclear facilities.

»Chancellor Gordon Brown finally gets his chance at the head of both the Labour Party and the government, but he is left facing the massive disaffection left from the Blair years. The film shows an upsurge in Labour support after Blair’s departure, but Brown being reelected as prime minister with his majority reduced to just two seats. Hillary Clinton, the new president of the United States, is attempting to deal with popular hostility to the Iraq war and the foreign policy of George W. Bush, who we are told “is back in rehab.”

»Trying to distance themselves from their predecessors, neither new head of state uses his or her veto at the United Nations to prevent the setting up of a Tribunal on War Crimes in Iraq as part of the International Criminal Court at The Hague. Blair, who unlike the US had supported the ICC when it was founded, is extradited to face trial as a war criminal.

»The programme was first aired on one of Channel 4’s digital channels, and repeated shortly afterwards on the terrestrial channel.

»The significance of a mainstream channel producing a programme depicting the incumbent prime minister as a war criminal should not be underestimated. And it should be noted that The Trial of Tony Blair has been produced by figures once close to the Labour leadership—Beaton was for a time a speechwriter for Gordon Brown.

»The programme-makers (writer Beaton, executive producer David Aukin, and director Simon Cellan Jones) developed it as a satire. But its central contention would not be shocking to the majority of people in Britain. Nor is it the only such piece in production. North London’s Tricycle Theatre is calling legal teams and witnesses to argue whether there is a case for trying Blair as a war criminal. They will then produce a condensed version of events entitled The Indictment of Anthony Charles Lynton Blair for the Crime of Aggression Against Iraq—A Hearing.»

Aujourd’hui, Tony Blair est devenu un symbole et un monument à la fois, voire une habitude dont il sera difficile de se passer. C’est surtout un tribut rendu à une opiniâtreté terriblement britannique. Sa force et sa pusillanimité pour s’accrocher au pouvoir sont admirables et la raison qui le pousse à cet entêtement pour une position qui accroît chaque jour son discrédit en mettant en évidence l’imposture de sa direction et de ces décisions est un mystère considérable. Depuis 2004-2005, le maintien de Tony Blair au pouvoir est certes un scandale pour les affaires publiques, mais c’est surtout une sottise considérable pour l’homme. Ses turpitudes sont chaque jour un peu plus mises en évidence, la rancune et le mépris du public grandissent, son “image” (chose qui lui importe tant) ne cesse de s’assombrir. Si l’on y ajoute le spectacle ridicule de Blair empressé auprès de GW Bush, le mystère devient définitivement incompréhensible. Tony Blair a-t-il décidé de boire le calice de sa caricature jusqu’à la lie?

Il paraît que les appels pour qu’il fixe enfin la date de son départ s’amplifient à nouveau (on a déjà connu le cas plusieurs fois). Peut-être. Mais cet homme représente un cas unique, qu’il faudra observer comme tel, d’une vie définitivement ancrée dans un univers extérieur au monde, d’un pouvoir complètement exercé en dehors des réalités du monde, d’une psychologie absolument subvertie par une représentation virtualiste de la réalité du monde. Qu'il termine sa carrière politique — à moins qu'il ne se ravise — avec son histoire politique montée de théâtre londonien en théâtre londonien ne peut nous surprendre. Tony Blair est vraiment un homme de son temps, une référence extraordinaire. Il n’est pas sûr qu’il ne nous manquera pas lorsqu’il sera parti. (A moins qu'il ne décide de rester.)


Mis en ligne le 23 janvier 2007 à 22H42