L’industrie et la bureaucratie US pas du tout à l’aise avec le couple Obama-BMDE

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Un article, long, fourni, des meilleures sources proches du complexe militaro-industriel (CMI), confirme le malaise où se trouve l’industrie US pour ce qui concerne les rapports à l’intérieur de ce qu’on voudrait être un couple uni, – entre Obama et le système BMDE. Confirmation, dans tous les cas, de la crise où est entré le système anti-missiles avec cet article du 17 novembre d’Aviation Week & Space Technology (accès payant); confirmation que la question du système BMDE est très, très fortement d’actualité, aux USA comme en Europe.

Comme d’habitude avec AW&ST dans les moments délicats, l’article est écrit sur la pointe de la plume. Il faut savoir lire entre les lignes, voire entre les mots. C’est avec cette règle à l’esprit, et particulièrement le titre choisi pour le texte mis en ligne (« Industry Unsure of Obama’s View on Missile Defense» au lieu de «Defense Complex» dans la revue-papier), que nous diagnostiquons une anxiété bien réelle, avec même des poussées d’angoisse, au sein du complexe militaro-industriel (CMI), chez les industriels mais aussi chez les bureaucrates-militaires.

«Proponents of missile defense are concerned that President-elect Barack Obama’s national security team and the Democrat-controlled Congress will demand funding cuts to the burgeoning system.

»The program costs about $10 billion per year. Despite advances in fielding elements of the system, doubt remains about its ability to protect the U.S. and allies from attack. The Missile Defense Agency, however, defends the system’s maturity and is hoping to make its case to the new defense team.

»Decisions taken by Obama would likely have implications far beyond the U.S. NATO in recent years has become more active in the missile defense realm—largely prompted by the Bush administration. If the U.S. now slows its missile defense efforts—particularly related to building a European site to the ground-based midcourse system with interceptors in Poland and a radar in the Czech Republic—European partners will use that as an excuse to delay NATO’s efforts, warns a senior German officer. “If there is no European site, then the entire discussion in the alliance changes as well,” he notes. A NATO summit in April should provide some clarity on the way forward.”»

L’article se fait également l’écho de confidences du général Obering, chef de la MDA (Missile Defense Agency) qui est en charge du programme anti-missiles, et donc du système BMDE. Obering quitte son poste (départ à la retraite) le 21 novembre et ses appréciations sur l’équipe Obama sont particulièrement lestes et méprisantes. Ce sont celles du spécialiste incontesté à l'encontre d'amateurs qui prétendent prendre en main les destinés d’une si belle entreprise qu’est le réseau anti-missiles qui, depuis 1983 et la “guerre des étoiles” de Reagan ne cesse de faire des merveilles pour un coût après tout modique (près de $200 milliards déjà dépensé): «Obering says MDA’s plan is first to educate the Obama team. “A lot of folks that haven’t been in this administration seem to be dated in terms of the program,” Obering says. “They are kind of calibrated in the 2000 timeframe and, frankly, we’ve done a hell of a lot since then.”»

…Et Obering de rappeler ce qui est en jeu, qui est le sort de la liberté du monde, le sort de la sécurité de l’Europe sous la menace de l’Iran, le sort des soldats US en Europe qui, au risque de leurs vies, ont besoin de protection. C'est aussi, précision plus intéressante, le sort de l'influence US dans l'OTAN qui est en jeu, selon Obering; cela est dit dans la mesure où une partie importante de l'activité militaro-bureaucratique US à l'OTAN se concentre désormais sur le système BMDE. On voit effectivement que l'OTAN tend à devenir de plus en plus une simple agence de soutien à la promotion du système, ce qui situe effectivement le degré et l'intérêt de l'évolution en cours de l'OTAN.

«Obering defends the U.S. threat assessment and says that shifting the plan for European protection would undermine U.S. leadership in NATO, since the alliance has made the U.S. system a cornerstone of its missile defense activities. The plan today, if funded, is to flight-test the two-stage GBI designed for Europe in 2010 and begin putting weapons in silos in 2012. Silo construction would start next year. All 10 GBIs should be in place by 2014, and the radar operational at least a year earlier. Tehran can already launch weapons into Europe, Obering notes. “There is an issue here of timing. We cannot wait until the Iranians fly an ICBM,” he says.»

Il y a aussi un flot d’appréciations techniques dans l’article, dont l’effet est en général de noyer toute possibilité d’une réflexion raisonnable et de bon sens. Ces appréciations techniques sont sans beaucoup d’intérêt, d’autant plus lorsque l’on voit le résultat (technique, opérationnel) obtenu par toutes ces agitations, et les bénéfices qu’en retire Lockheed Martin. Bref, nous ne nous y sommes pas attardés. L’ensemble donne sans aucun doute l’effet d’une très sérieuse inquiétude de l’industrie, mais également des militaires de la MDA sur le sort du système. L’agressivité du général Obering vis-à-vis de l’équipe Obama est particulièrement significative. Elle illustre le mécontentement de la bureaucratie de voir le (nouveau) pouvoir civil prétendre faire une incursion dans les programmes qu’elle contrôle et vouloir les orienter selon ses propres conceptions.


Mis en ligne le 17 novembre 2008 à 06H32