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513Important élément dans la compétition en cours en Norvège pour un nouvel avion de combat, avec l’enjeu du choix (ou non) du JSF. L’industrie norvégienne, avec le soutien des syndicats, a publié une étude aboutissant à la conclusion que le choix du JAS39 Vigen suédois serait préférable pour elle au choix du JSF. La nouvelle, avec accès au rapport (en norvégien) est notamment annoncée par le site Nordic News Digest, et relayée par Defense-aerospace.com le 17 octobre .
«The best decision for the Norwegian industry would be the purchase of Swedish JAS 39 Gripen fighter jets and not US F-35 Lightning II, a common report by two industry organisations and a labour union showed on Wednesday.
»The Norwegian Defence and Security Industries Association (FSi), trade union Landsorganisasjonen (LO) and Norwegian Society of Engineers (NITO), with a total one million members, recommended in the report the authorities to invest in 48 new JAS 39 Gripen jets instead of in US F-35 Lightning II, know as Joint Strike Fighter (JSF), made by Lockheed Martin Corp. Gripen is manufactured by Swedish defence and aerospace group Saab AB.»
La nouvelle est importante pour plusieurs raisons.
• D’abord, bien sûr, parce qu’elle est une indication importante des tendances norvégiennes vis-à-vis du JSF. La prise de position de l’industrie norvégienne épouse un climat politique perçu ces derniers mois comme assez peu favorable au JSF. Elle renforce évidemment ce climat.
• D’une façon plus générale, la position des industriels norvégiens dans ce domaine de l’aviation de combat rompt une tradition de coopération avec les USA, alignée sur une ligne politique effectivement pro-US. L’intérêt pour l’offre suédoise est expliqué par diverses considérations structurelles qui montrent que les Suédois ont beaucoup travaillé leur offre. On peut faire l’hypothèse que cette offre accompagne effectivement un renforcement de la coopération nordique, marquée notamment par des projets d’accord de sécurité au niveau régional, entre pays nordiques, notamment de la Suède vers la Norvège. Il s’agit alors d’une dimension politique qui pourrait laisser présager que l’offre JAS39 se fait dans un cadre stratégique général qui favoriserait fortement un choix suédois par la Norvège.
• A l’inverse, on peut observer que l’offre US, notamment pour la coopération industrielle, n’a pas été particulièrement travaillée. Elle est intervenue en dernière minute en avril dernier, montrant que Lockheed Martin (LM) n’était pas du tout préparé à devoir affronter une compétition. LM jugeait que le choix de la Norvège ne ferait que s’incliner devant le puissant courant d’affirmation du JSF, soutenu par la puissance US. On retrouve les grands travers américanistes dans ce domaine, traitant les partenaires mineurs avec la plus grande inattention; effectivement, la Norvège est considérée comme un partenaire mineur, qui devrait suivre la grande machinerie, sinon machination du JSF à l’exportation. Mais, comme l’on sait, cette machinerie a de plus en plus de ratés, et l’épisode norvégien pourrait le confirmer.
• Un échec du JSF en Norvège, dans le climat actuel, serait très dommageable. Au niveau symbolique, certes, comme premier marché à l’exportation où le JSF concourt en tant que tel, sanctionné par un échec (en effet, la Norvège est le premier pays à se prononcer sur une commande complète du JSF); au niveau conjoncturel et politique, où l’échec confirmerait le déclin de la puissance US et renforcerait les récriminations grandissantes contre le JSF; au niveau stratégique, où le renforcement d’un axe nordique (puisque le choix se ferait en faveur du Gripen, seul autre concurrent) pourrait influer sur le choix du Danemark, qui doit décider d’une commande pour un nouvel avion de combat après la Norvège, avec notamment le JSF en compétition.
• Les incertitudes actuelles sur le coût du JSF et les délais de livraison peuvent évidemment jouer un rôle dans la décision norvégienne. Même une décision favorable au JSF poserait à la Norvège divers problèmes actuellement sans réponses, qui font penser que cette décision ne pourrait être que conditionnelle.
Mis en ligne le 18 octobre 2008 à 14H08