L’inégalité des richesses aux USA : la pire situation depuis 1928 et la Grande Dépression

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Il faut être attentif aux symboles, et les USA eux-mêmes y sont particulièrement sensibles. Rien ne résonne plus comme un symbole de calamité dans ce pays que le terme “Grande Dépression” (détonateur du crash boursier d’octobre 1929, détérioration économique dramatique à partir de l’automne 1930, jusqu’aux abysses de l’hiver 1932-33, — une tragédie nationale et la pire crise de l’histoire du pays).

Pour cette raison de la force du symbole, les chiffres publiés sur l’état des richesses, qui signalent la plus grande inégalité depuis 1928 (la dernière année de prospérité des “Roaring Twenties”) résonnent d’une façon sinistre. Le site WSWS.org en fait aujourd’hui un commentaire.

«The New York Times reported Thursday on an analysis of income tax data carried out by Prof. Emmanuel Saez of University of California-Berkeley and Prof. Thomas Piketty of the Paris School of Economics, well known for their work on income inequality.

»Their research indicates that in 2005 the top 1 percent of all Americans, some 3 million people, received their largest share of the national income since 1928: 21.8 percent, up from 19.8 percent only the year before—a 10 increase percent in one year. The incomes of this group, those making more than $348,000 a year, rose to an average of more than $1.1 million each, an increase of over $139,000, or about 14 percent.

»The top 10 percent of the population carried away some 48.5 percent of all reported income in the US in 2005—also the highest percentage since 1928, on the eve of the Depression—an increase of 2 percent from 2004, and up from 33 percent of the reported total in the late 1970s.

»The top tenth of 1 percent (300,000 people) and top one-hundredth of 1 percent (30,000 people) enjoyed the greatest increases of all. “The top tenth of a percent reported an average income of $5.6 million, up $908,000, while the top one-hundredth of a percent had an average income of $25.7 million, up nearly $4.4 million in one year,” according to David Cay Johnston’s article.

»The top one-tenth of 1 percent of the US population had nearly as much income in 2005 as the bottom 150 million Americans. Each of those 300,000 individuals received 440 times as much income as the average person on the bottom half of the economic ladder, “nearly doubling the gap from 1980.”»

Il ne faut pas, nous semble-t-il, trop s’attarder à la mécanique des chiffres ni à la situation économique. L’important est la réalité sociologique et psychologique dont rendent compte ces chiffres, si on sait les interpréter. Cela ne signifie pas nécessairement une nouvelle “Grande Dépression”, — cette tentative de prévision ressemble trop à de la divination, — cela signifie une fragilisation extraordinaire du tissu social américaniste au moment de tensions multiples, — comme il n’y en avait certainement pas dans les années 1920. De ce point de vue, cette rencontre des chiffres entre aujourd’hui et l’année d’avant la chute de l’Amérique est un facteur important pour l’état d’esprit de ce pays.


Mis en ligne le 30 mars 2007 à 08H37