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399Le général Martin Dempsey, l’officier le plus haut dans la hiérarchie des forces armées US, a déployé une activité de voyageur de commerce contrariée lors de sa tournée dans l’Orient arabe.
Il commence son démarchage en s’appliquant à souffleter publiquement l’équipe dirigeante de Tel Aviv. Une frappe militaire israélienne ne parviendrait pas à détruire les capacités nucléaires iraniennes, elle retarderait tout au plus l’Iran dans sa marche pour l’acquisition de l’arme atomique. L’arrogance du petit État colonial qui s’attribue le rôle de gendarme et de puissance incontestée de la région est éprouvée par la déclaration réfléchie de ce constat bien pesé. Il émane d’un chef d’État-major étasunien en entretien régulier bimensuel avec son homologue Benny Gantz dans le cadre d’échange de renseignements et de points de vue sur la situation régionale. Dempsey s’était déjà distingué en janvier 2012 par son ingénuité lorsqu’il a affirmé que les Us(a) ne soutiendraient pas une attaque israélienne contre l’Iran. Son « Israël vit une menace existentielle qui n’est pas la nôtre » tinte étrangement pour ceux qui persistent à vouloir voir une parfaite concordance des intérêts entre la source des 3 milliards de dollars d’aide annuelle et inconditionnelle et son récipiendaire.
Il dormait certes à l’heure où son C-17 fut endommagé par des tirs de roquettes sur l’aéroport de Bagram. Cette attaque spectaculaire de la résistance afghane est là pour rappeler l’incongruité et l’inefficacité du rehaussement de la présence militaire étasunienne en Afghanistan décidée par le prix Nobel de la paix Barak Hussein Obama.
Dempsey s’est abstenu de tout commentaire sur les liens de l’Irak avec l’Iran et la Syrie au moment de conclure la livraison de 36 F16 pour septembre 2014 et le marché de 12 milliards de dollars pour les différents contrats d’armements et d’entraînement avec Nouri Maliki désormais partenaire et non plus allié-occupé.
Les firmes privées mercenaires et de l’industrie d’armements doivent être en besoin pressant de marchés pour que le DoD passe outre que ces mêmes F16 pourraient être versés dans l’aviation iranienne. Le Pentagone n’est pas très regardant ici en matière de blocus iranien et de punitions à l’égard des États qui ne le respecteraient pas. Il s’agit d’écouler les stocks en magasin quand le F35 de Lockheed peine à voir le jour, que le F22 est paralysé pour de mystérieux problèmes d’alimentation en oxygène de l’habitacle et que le X-51 drone supersonique de la NASA et de Boeing lancé depuis un B52 a été perdu ce 14 août pour son troisième essai.
Cette absence de civilisation qui combine technologisme, gigantisme, monomorphisme avec la priorité absolue du profit sur toute autre considération donne sans cesse les signes de son autodestruction. Emprisonnée dans la contradiction entre ses impératifs de lucre et son autofiction droitdelhommiste, elle révèle sa pitoyable fragilité.
L’assaut revendiqué contre l’asile en principe inviolable accordé par une nation ando-américaine à Julian Assange témoigne que le système abhorre sa mise à nu. Wikileaks n’a rien fait d’autre que d’exhiber des câbles diplomatiques assez peu informatifs dans l’ensemble. Mais ce faisant, il a été mis sur la place publique que les chaînes de communication de l’entité hégémonique peuvent être percées à jour et ne sont en somme que des tuyaux crevés. C’est cela le scandale Assange, le porteur du message que le tout électronique facile à craquer par des États qui s’infiltrent dans des réseaux de régulation d’usines iraniennes peut l’être aussi par des amateurs. ( ? )
Badia Benjelloun