L’Irak, ce “cauchemar sans fin”

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Le général Sanchez commanda en Irak de la mi-2003 à la mi-2004. Son changement d’affectation (il devint commandant du V Corps, U.S. Army, en Allemagne) fut accompagné de certaines rumeurs selon lesquelles on préférait écarter le général assurant le commandement en Irak au moment du scandale des tortures d’Abou Ghraib. Sanchez a toujours affirmé qu’il n’était pas au courant de ces pratiques, sinon d’une manière formelle et sans réelle documentation.

Sanchez a quitté l’U.S. Army début 2006, après avoir refusé une quatrième étoile, – ou bien est-ce qu’on a préféré ne pas lui offrir cette quatrième étoile. Dans les deux cas, la raison avancée, soit du côté de Sanchez, soit du côté de Rumsfeld, était la crainte des remous soulevés par une audition de confirmation de sa nomination au Congrès, où il aurait été question d’Abou Ghraib. Depuis, Sanchez est devenu un critique virulent du gouvernement et de sa politique irakienne. Il a mis en cause la direction politique des USA. Le 12 octobre, comme nous le rapporte ce jour le New York Times, il met en cause l’évolution de la situation en Irak et toute la conduite de la guerre depuis l'été 2003.

«In a sweeping indictment of the four-year effort in Iraq, the former top commander of American forces there called the Bush administration’s handling of the war “incompetent” and said the result was “a nightmare with no end in sight.”

»Lt. Gen. Ricardo S. Sanchez, who retired in 2006 after being replaced in Iraq after the Abu Ghraib prisoner abuse scandal, blamed the Bush administration for a “catastrophically flawed, unrealistically optimistic war plan” and denounced the current addition of American forces as a “desperate” move that would not achieve long-term stability.

»“After more than four years of fighting, America continues its desperate struggle in Iraq without any concerted effort to devise a strategy that will achieve victory in that war-torn country or in the greater conflict against extremism,” General Sanchez said at a gathering of military reporters and editors in Arlington, Va.

(…)

»General Sanchez said he was convinced that the American effort in Iraq was failing the day after he took command, in June 2003. Asked why he waited until nearly a year after his retirement to voice his concerns publicly, he responded that it was not the place of active-duty officers to challenge lawful orders from the civilian authorities.»

Les critiques de Sanchez sont extrêmement fortes et radicales. Elles sont inhabituelles dans la mesures où elles ne font aucun distinguo et impliquent touds les acteurs du drame irakien côté US, sur toute la durée de la crise. Ces critiques ont suscité des réactions défavorables. Un exemple significatif est celui de Michael O’Hanlon, qui a été l’un des principaux promoteurs de l’actuelle “offensive” évidemment victorieuse.

»Michael E. O’Hanlon, a military analyst at the Brookings Institution, criticized General Sanchez for implying in his speech that the current military strategy of relying on additional troops and on protecting the Iraqi people is little different than the strategy employed when he was in command.

»Noting that calls by members of Congress for troops were rebuffed by the Bush administration in 2003, Mr. O’Hanlon said, “Sanchez was one of the top military people who condoned that, if not directly, then by his silence.”»

L’attitude du général Sanchez est, plus qu’aucune autre, une indication convaincante du désordre existant aujourd’hui à Washington. Il n’y a plus aucun devoir de réserve chez les généraux de la guerre alors que la guerre est toujours en cours. Cela implique une rupture significative du lien de solidarité à l'intérieur de l'establishment et correspond au caractère d’irresponsabilité et à l’absence de réelle autorité actuellement à Washington. Chacun tire son épingle du jeu selon ses intérêts et ses sentiments sur la guerre.

Il est normal et logique que Sanchez soit lui-même l’objet de critiques pour ses déclarations, par rapport à ce que fut son rôle en Irak en 2003-2004. En écartant toute exploitation polémique, on doit accueillir ce qu’il nous dit comme une image assez juste du conflit en Irak.


Mis en ligne le 13 octobre 2007 à 12H03