L’Irak comme Grand Guignol sanglant

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«The worst diplomatic blunder since Suez? By comparison, Suez had a happy ending.» Quand on sait à quel degré de dérision catastrophique est placée (le plus souvent de manière injuste) l’expédition de Suez de 1956 par les historiens britanniques, le jugement de Roy Hattersley dans le Guardian d’aujourd’hui pèse de tout son poids.

Hattersley parle de l’attaque de l’armée britannique, aidée par des éléments de la police de Basra, contre le poste de la police irakienne de Basra que cette même armée britannique a puissamment contribué à mettre en place il y a près de quatre ans, lors de la “libération” du pays. Déjà, la description de l’opération semble relever d’une bande dessinée des “Pieds Nickelés”.

«Iraq — which for years has been an unmitigated tragedy — has turned into Grand Guignol, and, true to the traditions of that genre, horror and farce combine in equal measure. No doubt we should rejoice that al-Jamiat police station in Basra has been destroyed and its prisoners taken to the relative security of a compound in which detainees are hopefully not routinely tortured. But if a sick satire on an obscure television channel included a sketch about British troops attacking a unit of the police that they established and with whom they had been theoretically working for nearly four years, the outcry would not have been limited to complaints about undermining the morale of our troops under fire. We would have been told that the whole idea was too fantastical to sustain the lampoon.»

On débat, à Washington, de savoir si l’état actuel de l’Irak doit être décrit proche de la “guerre civile” ou encore éloigné de cet état. Mais une guerre civile présente une certain “ordre“, une certaine cohérence. Il y a les Républicains espagnols contre les militaires de Franco ; les Armagnacs contre les Bourguignons ; les Sudistes contre les Nordistes, et ainsi de suite. L’Irak ne présente aucun de ces caractères de rangement d’un affrontement interne déterminé par des objectifs antagonistes. Effectivement, l’attaque de Basra illustre bien l’état de ce magma informe, de ce bouillonnement devenu trop chaotique pour présenter le moindre semblant d’un caractère qui puisse être regardé comme un enseignement quelconque. L’Irak est une expérience extrême du chaos pur.

«The place is unmanageable in part because nobody can be sure who is on whose side. The confusion of loyalties highlights the cause of the continuing horror», observe Roy Hattersley. Puis il explique pourquoi les Britanniques ont attendu si longtemps avant d’attaquer, avec l'aide de la police de Basra, ce poste connu partout dans Basra pour torturer et exécuter à qui mieux mieux : «Everything that happens in Iraq confirms that we should not have gone there in the first place. That message was underlined by the unfortunate press officer who explained — or tried to justify — the delay in ending the torture and organisation of terror groups and assassination squads that was common practice at al-Jamiat police station. “First”, he said, “we had to be sure of the police.”»


Mis en ligne le 27 décembre 2006 à 05H54