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638La question commence à prendre une forme concrète: peut-il y avoir une révolte des Etats de l’Union (USA) contre le centre fédéral à propos du déploiement en Irak des forces de ces Etats, sous la forme d’unités de la Garde Nationale? Bien entendu, c’est le Vermont qui est le premier Etat à manifester un sentiment de cette sorte, comme l’indique le 31 janvier la publication Army Times.
«Fed up that Washington hasn’t done more to end the war, a group of Vermont lawmakers said Tuesday that the president no longer has the authority to use Guard troops in Iraq.
»State Rep. Michael Fisher, D-Lincoln, said the authority to call up Guard members for Iraq duty has expired because that country no longer poses a threat to U.S. national security.
»“The mission authorized in 2002 does not exist,” said Fisher, who plans to introduce a bill backed by 30 colleagues Wednesday that calls on Gov. Jim Douglas to join the effort. “Unless Congress grants a new authorization, the Vermont Guard should revert back to state control.”»
Il s’agit réellement de l’esprit d’une révolte, dans la mesure où l’impuissance ou la complicité de l’autorité législative centrale est mise en avant. Le président du Sénat du Vermont Peter Shumlin estime que son institution devrait prendre cette mesure, et il explique : «Bottom line is, if the politicians in Washington aren’t going to do the right thing for our troops, let’s do the right thing by bringing our Vermont Guard members home. If Vermont can make one small step forward, I believe others will follow.»
...Ce que semble confirmer un “blog” de Antiwar.com du même 31 janvier, qui précise: «Similar proposals are being considered by lawmakers in Maine, Minnesota, New Hampshire, Pennsylvania and Rhode Island.»
Il s’agit d’un cas très intéressant, peut-être à mettre dans la rubrique de “l’arroseur arrosé”. Les élus du Vermont ne font qu’observer que, selon la “narrative” de Washington, tout va de mieux en mieux en Irak. Par conséquent, l’argument de sécurité nationale, et la loi votée par le Congrès des USA en 2002 pour autoriser la guerre, n’ont plus de validité. Les élus estimeraient donc qu’ils sont en droit d’exiger le rappel de leurs unités de la Garde, à moins que le Congrès des USA vote une nouvelle loi type-2002, – ce qui n’est pas demain ni après-demain la veille. De cette façon, l’administration GW et la communauté des experts washingtoniens sont pris à leur propre piège de l’invention virtualiste d’une “victoire” en Irak. La situation est d’autant plus intéressante qu’on perçoit quelques inquiétude chez certains militaires US (ceux d’Irak) devant le mouvement de retrait des forces amorcé avec l’annonce tonitruante de la “victoire” jusqu’à la demande que ce retrait soit ralenti; de même, on observe que les pertes US, après plusieurs mois de baisse, ont fâcheusement augmenté en janvier malgré la mise en scène virtualiste et les précautions prises.
Ce mouvement centrifuge concernant la prérogative essentielle du centre, la sécurité nationale, est d’autant plus intéressant qu’il s’appuie sur un cas où l’illégalité pourrait bien, grâce aux multiples montages de la direction bushiste, se révéler être du côté de Washington. C’est pour cette raison que le Vermont, habituel rebelle aux USA et qui se préoccupe depuis un certain temps de cette question de la Garde Nationale en Irak, serait sur ce point proche d’être suivi par d’autres Etats. On se trouverait alors dans une situation prodigieusement intéressante, avec la mise en cause institutionnelle de la prérogative essentielle du centre, dans un moment d’affaiblissement substantiel du centre tant à cause de l’administration Bush elle-même qu’à cause de l’élection présidentielle. Il s'agit également d'une période où les élus nationaux, qui sont normalement les plus sûrs soutiens du centre, sont obligés de prêter attention aux revendications de leurs constituants, dans leurs Etats d'origine.
Mis en ligne le 1er février 2008 à 09H10
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