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590Les déclarations de l’amiral Mullen lors d’une interview par George Stephanopoulos, de ABC, contribuent à éclairer davantage la politique de l’administration Obama vis-à-vis de l’Iran. Ces déclarations (du 24 mai) sont reprises d’une façon sélective par le Financial Times du même 24 mai 2009
«The US’s top military official appeared to suggest on Sunday that the US could accept Iran retaining its capacity to enrich uranium provided it abandoned efforts to develop nuclear weapons. […]
»Admiral Mullen said in a television interview that a successful outcome of US- Iranian dialogue “from my perspective means they don’t end up with nuclear weapons” – a narrow definition favoured by the administration of President Barack Obama.
»When the interviewer – George Stephanopoulos, a former Clinton administration White House official – followed up by asking: “They don’t end up with nuclear weapons, but could they have, as Japan does, a full nuclear fuel cycle programme that’s fully inspected?” Mr Mullen replied: “I think that’s certainly a possibility.” The chairman of the joint chiefs added: “From my perspective, from the military perspective, this isn’t about them having the ability to produce nuclear power. It’s about their desire and their goal to have a nuclear weapon.”»
La transcription du passage (ABC, le 24 mai 2009) que signale le FT est intéressante à lire exactement. On remarque, à la première question de Stephanopoulos, que sont citées les révélations du journaliste du New Yorker Seymour Hersh concernant le rôle de Mullen pour bloquer une attaque contre l'Iran (notamment en 2008, mais sans doute aussi avant). Dans la réponse, Mullen ne relève rien de cette citation, ce qui peut être largement pris pour une confirmation implicite, dans tous les cas du rôle constant de Mullen pour bloquer de tels plans d’attaque. La chose est importante à noter, dans la mesure où elle donne beaucoup de crédit aux arguments que Mullen développe en faveur d’un dialogue avec l’Iran, éventuellement d’une situation acceptable “de seuil” (capacités complètes de produire une arme nucléaire sans la produire).
Stephanopoulos: «And you just said that you believe that a nuclear Iran would be calamitous for the region. But last year, Sy Hersh in the “New Yorker” reported that you pushed back very hard against any notion of a military strike during President Bush's administration. And you've spoken publicly about the unintended consequences of a military strike by Israel. So what worries you more? A nuclear Iran or war with Iran?»
Mullen: «Well, they both worry me a lot. And I think the unintended consequences of a strike against Iran right now would be incredibly serious. As well as the unintended consequences of their achieving a nuclear weapon.
»And so that's why this engagement in dialogue is so important. I think we should do that with all options on the table. As we approach them.
»And so that leaves a pretty narrow space in which to achieve a successful dialogue and a successful outcome, which from my perspective means they don't end up with nuclear weapons.»
Stephanopoulos: «They don't end up with nuclear weapons, but could they have as Japan does a full nuclear fuel cycle program that's fully inspected?»
Mullen: «I think that's certainly a possibility and this isn't, at least, from my perspective, from the military perspective, this isn't about them having the ability to produce nuclear power. It's about their desire and their goal to have a nuclear weapon.»
Dans le contexte général, et extrêmement prudent, qui caractérise les nouveaux “rapports” des USA avec l’Iran, les déclarations de Mullen, le président du comité des chefs d’état-major des forces armées US, constituent un événement important. Elles constituent une sorte de “feu vert” public des militaires à l’orientation que semble avoir prise l’administration Obama, dont nous signalions le principe le 23 mars 2009, – et même plus qu'un “feu vert", on pourrait parler d'un soutien actif. Elles signalent aux diverses parties en présence qui tentent de s’opposer à cette orientation US,– notamment les Israéliens, – qu’une situation “de seuil” implique bien entendu l’absence d’arme nucléaire, – par définition, – mais aussi l’abandon de l’option d’une attaque de l’Iran. Cette situation implique également une logique de contre-prolifération et, pour la région, de zone dénucléarisée, – ce qui conduit à un vaste problème qui commence à être évoqué, où Israël a, plus que l’Iran, le premier rôle.
(D'une façon générale et sauf pour le cas du FT, ces déclarations de Mullen ont surtout été retenues pour les spéculations du président du JCS sur le délai théorique qui reste à l'Iran pour arriver à une arme nucléaire, parfois avec des variations avec d'autres évaluations de la chose. Dans le contexte, ces spéculations sont secondaires, sinon pour mettre en évidence que la nouvelle politique qui vient d'être lancée doit être d'autant plus poussée.)
Mis en ligne le 26 mai 2009 à 08H51
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