Un commentaire est associé à cet article. Vous pouvez le consulter et réagir à votre tour.
904Chaque jour, l’Iran est dans les préoccupations américaines. D’un certain point de vue (psychologique), c’est obsessionnel. (A cet égard, lire le texte de Stephen Bender, sur le site LewRockwell.com, avec ce titre si caractéristique: « Bomb, Bomb, Bomb, Bomb, Bomb Iran...like the Beach Boys used to sing... »)
D’un autre point de vue, certains, même s’ils sont critiques de ces intentions, tentent de leur donner une apparence rationnelle. Michael T. Klare, dans un article publié dans Mother Jones le 11 avril, interprète ce qu’il juge être comme “the coming war with Iran”, comme un conflit déclenché à cause du pétrole. Klare écrit notamment:
« In reality, much of Washington's concern about Iran's pursuit of WMD and ballistic missiles is sparked by fears for the safety of Saudi Arabia, Kuwait, Iraq, other Persian Gulf oil producers, and Israel rather than by fears of a direct Iranian assault on the United States. “Tehran has the only military in the region that can threaten its neighbors and Gulf security,” Jacoby declared in his February testimony. “Its expanding ballistic missile inventory presents a potential threat to states in the region.” It is this regional threat that American leaders are most determined to eliminate.
» In this sense, more than any other, the current planning for an attack on Iran is fundamentally driven by concern over the safety of U.S. energy supplies, as was the 2003 U.S. invasion of Iraq. In the most telling expression of White House motives for going to war against Iraq, Vice President Dick Cheney (in an August 2002 address to the Veterans of Foreign Wars) described the threat from Iraq as follows: “Should all [of Hussein's WMD] ambitions be realized, the implications would be enormous for the Middle East and the United States.... Armed with an arsenal of these weapons of terror and a seat atop 10 percent of the world's oil reserves, Saddam Hussein could then be expected to seek domination of the entire Middle East, take control of a great portion of the world's energy supplies, [and] directly threaten America's friends throughout the region.” This was, of course, unthinkable to Bush's inner circle. And all one need do is substitute the words “Iranian mullahs” for Saddam Hussein, and you have a perfect expression of the Bush administration case for making war on Iran. »
La situation telle que l’envisage Michael T. Klare est caractérisée notamment par deux observations, qu’elle renforce et tend à confirmer, et toutes marquées par des contradictions internes:
• Toute la politique extérieure américaine est caractérisée par la préoccupation, voire l’obsession, variable selon les circonstances mais toujours présente, du ravitaillement en pétrole. Les sources de ravitaillement en pétrole étant considérées comme de plus en plus difficiles à assurer et de plus en plus menacées, cela introduit paradoxalement un constant facteur défensif dans une politique perçue comme essentiellement expansionniste, agressive et impérialiste. On ignore si l’analyse de Klare est bonne mais elle s’appuie sans aucun doute sur un sentiment et une psychologie qui ne sont pas contestables chez les dirigeants américains comme Rumsfeld et Cheney.
• Les soi-disant menaces iraniennes contre les pays producteurs de pétrole telles que les décrit Klare sont largement renforcées par la perception de la fragilité de ces régimes. C’est en revenir en quelque sorte à la situation de 1979-80, après la prise de pouvoir par les islamistes de l’ayatollah Khomeiny, lorsque la principale crainte US fut alors la stabilité et l’intégrité de l’Arabie Saoudite. L’ironie de cette situation est certes que l’actuelle fragilité de l’Arabie a été fortement accentuée par des menaces, américaines cette fois, contre l’Arabie perçue comme le centre de soutien logistique de la terreur islamiste. Mais il s’agissait de pressions des néo-conservateurs (voir l’affaire du briefing au Pentagone de Laurent Muriaviecz en juillet 2002, exprimant l’option néo-conservatrice d’une attaque US contre l’Arabie). Là aussi, il y a une contradiction interne dans la politique US entre ces pressions offensives et idéologiques, qui tendent à déstabiliser certains pays alliés des USA, et la nécessité mise en avant par les nationalistes type Cheney et Rumsfeld de protéger ces mêmes pays au nom de la protection de l’approvisionnent pétrolier.
Mis en ligne le 12 avril 2005 à 15H15
Forum — Charger les commentaires