L’Iran, la bombe, la DIA et nos procès d’intention

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Présentant l’appréciation de son service sur la question de l’armement nucléaire éventuel de l’Iran, ces affirmations du chef de la DIA (Defense Intelligence Agency), le lieutenant général (U.S. Army) Ronald Burgess, n’ont pas fait les gros titres. Elles ne sont pas dans le courant “à la mode”, c’est-à-dire conformiste, des “jugements” sur la situation de l’Iran.

L’intervention de Burgess est présenté ce 15 janvier 2010, sur Global Security Newswire. Elle confirme dans les faits le fameux rapport NIE-2007 de décembre 2007, comme elle confirme involontairement, c’est-à-dire d’une façon d’autant plus convaincante, que la situation de notre perception du monde (de l’Iran) ne s’est pas améliorée depuis, qu’elle a plutôt empiré.

«U.S. Defense Intelligence Agency Chief Lt. Gen. Ronald Burgess, shown in 2004, reaffirmed a 2007 intelligence conclusion that Iran has not yet committed to developing a nuclear weapon. The conclusion – originally reached in a comprehensive 2007 intelligence assessment of Iran's nuclear program – remains valid despite uncertainties about the goals and stability of the nation's government, U.S. Defense Intelligence Agency Chief Lt. Gen. Ronald Burgess said.

»“The bottom line assessments of the [National Intelligence Estimate] still hold true,” Burgess said. “We have not seen indication that the government has made the decision to move ahead with the program. But the fact still remains that we don't know what we don't know.”

»The report has proven controversial in the United States and has been dismissed by other nations. Advisers to President Barack Obama have also been said to question the assessment, according to Voice of America. Iran has insisted its atomic ambitions are strictly peaceful, but that assertion has been received skeptically by the United States and other Western powers. Washington and its allies have expressed particular concern about Iran's uranium enrichment program, which can produce nuclear power plant fuel was well as material suitable for use in weapons.

»“The fact is, Iran is not dealing straight up. So they can say whatever they would like. I'm an intelligence professional. My job is to verify. And so we continually work on trying to verify what it is the Iranians say. But they are engaged in use of words that is not moving this in a positive direction,” Burgess said.»

Notre commentaire

@PAYANT Depuis la pantalonnade de “Pantibomber” (“attentat” du vol 253, le 24 décembre 2009) et la catastrophique attaque contre la CIA en Afghanistan, l’administration Obama, président éloquent en tête, affirme qu’il faut réorganiser le renseignement US de fond en comble. Question immédiate: s’ils commençaient par se réformer eux-mêmes, Obama, l’administration, le Congrès, les alliés alignés & compagnie?

Burgess nous dit que rien n’est à changer dans les conclusions de la NIE-2007 qui nous disait que l’Iran ne fabriquait pas la bombe. Rien ne montre aujourd’hui que l’Iran fabrique une bombe. Pour le reste, Burgess est d’une prudence infinie et fait le maximum de concessions à la rhétorique conformiste belliqueuse du temps – ce qui doit l’exonérer de tout soupçon d’être favorable à l’Iran… «But the fact still remains that we don't know what we don't know.», «And so we continually work on trying to verify what it is the Iranians say. But they are engaged in use of words that is not moving this in a positive direction»

C’est-à-dire: les Iraniens ne font rien dans le sens de développer une arme nucléaire même s’ils en ont les moyens, “mais ils sont engagés dans une dialectique qui ne va pas dans une direction positive”. Peut-être – sous réserve d'une exacte et satisfaisante définition de l'expression “direction positive” – mais qui les y contraint? Voilà qu’ils parlent, répondent, ont une position, bref qu’ils n’acceptent pas tous les maux et toutes les intentions dont on les accable? On voudrait qu’ils se couchent aussitôt et qu’ils y restent, et qu’ils acceptent insultes, mensonges, soupçons et le reste sans broncher? (Attitude suspecte, au reste, qu’on interpréterait aussitôt comme un aveu à peine déguisé de ces sauvages incultes: ils ont déjà la bombe et le dissimulent sournoisement par une dialectique apaisante.) Ils sont accablés de menaces d’attaques diverses, militaires et unilatérales, de déformations de leurs propres paroles, d’un procès d’intention qui ressemble au tribunal révolutionnaure à-la-Fouquier-Tinville, où le jugement étant posé il s’agit d’y conformer le procès et de convaincre le coupable, temporairement travesti en accusé non encore condamné pour cause de logique chronologique, de passer aux aveux illico presto.

Réformer le renseignement US? Il faudrait d’abord que le monde politique et la direction US, avec ses chiens hurlants en flanc-garde, du lobby sioniste aux commentateurs israélo-US, consentent à prendre le renseignement qu’on leur donne pour ce qu’il est et non pas comme une pièce du dossier de condamnation qui ne tient aucun compte de la conclusion imposée par le conformisme extrémiste du système, doté d’un don de double voyance qu’il ne cesse d’exercer avec brio, de l’Irak à l’Afghanistan en passant par Gaza. La NIE-2007 a dit ce qu’elle a dit, confirmant des évaluations de 2004, et confirmée par Burgess aujourd’hui. Qu’est-ce qui autorise, dans tout cela, l’administration Obama (et les autres, les chiens hurlants) à se montrer “sceptiques” devant les mêmes faits répétés à satiété depuis au moins 6 ans? Le constat que les faits ne sont pas conformes à la réalité? Qu’ils sont têtus et, pour cette raison, faux et non conformes au conformisme extrémiste des paranoïaques en service commandés? Que les Iraniens étant ce qu’ils sont, ils sont donc ce que l’administration Obama et ses chiens hurlants disent ce qu’ils sont?

La réforme du renseignement US? Elle devrait commencer par le traitement de la pathologie de la psychologie américaniste et occidentaliste. Le pouvoir rénovateur de l’administration Obama voudrait que le renseignement US fonctionne bien, lui donne des faits avérés et des analyses correctes, et lorsque cela se fait la dénonciation est immédiate parce que les faits ne coïncident pas avec le conformisme extrémiste et belliciste. Il y a là une appréciation bien singulière des “faits avérés et des analyses correctes”. La situation du virtualisme américaniste et occidentaliste est aujourd’hui pire qu’elle n’était en décembre 2007, lorsque la NIE-2007 fut rendue publique à l’issue de ce que nous nommions “un coup d’Etat postmoderne”. Entretemps, le vent de la vertu restaurée nous a balayés, l’épouvantable GW ayant été remplacé par saint-Obama. La pathologie est encore pire, avec l’hypocrisie sophistique et sophistiquée, et totalement inconsciente, à la place de l’impudence primaire – et, grand Dieu, nous préférions l’impudence primaire… L’intelligence du “Yes we can” ne cesse d’apparaître chaque jour davantage comme un masque, certes vertueusement africain-américain, à la grande joie des salons où l’on cause, pour dissimuler l’habituelle sottise extrémiste de cette pathologie incurable que leur impose le système, contre laquelle ils n’ont pas le moindre courage ni la plus simple dignité d’une amorce de révolte.

La DIA est une agence du Pentagone. Ce ne sont pas précisément des tendres, pas le type “colombe” habillée en camouflage qui peuple nos conférences et salons occidentalistes et américanistes. Par ailleurs, Burgess tient à se couvrir, et il s’en tient à son travail d’analyste professionnel tout en constatant que les Iraniens ne parlent pas comme “la voix de son maître”. Rien de tout cela ne fait bouger d’un iota une pensée paralysée dans le corset d’un conformisme abrutissant, et qui parle, et qui parle (le nombre de discours d’Obama est stupéfiant – quand donc cet homme pense-t-il de lui-même, comme, nous dit-on, il pourrait le faire avec brio?).

Il y a par ailleurs, rapportée par un de nos lecteurs sur Ouverture libre, la remarque de Chas Freeman sur les nouvelles capacités, type-Stasi, du “renseignement” islamiste: «Whether we and the Israelis wish to take credit for this evolution (as is our due) or not» – à laquelle il faut répondre “oui”, que c’est effectivement “grâce” à nous qu’ils ont développé ces capacités d’action très sophistiquée. La même chose pour l’Iran, la bombe mythique et nos procès d’intention. Si l’Iran a un jour la bombe, il n’y aura qu’un seul responsable historique. Nous l’aurons faite tout seul, sans soutien nécessaire, par la constance d’une attitude aveugle, déformée, partiale et conformiste. Nous aurons offert à l’Iran sa bombe sur un plateau. Le monde ne s’en portera d’ailleurs pas plus mal parce qu’il vaut mieux que cette bombe ne soit pas, pour ce cas, le monopole des fous israélo-américanistes.


Mis en ligne le 16 janvier 2010 à 09H58

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