L’Iran: “Yes, we can (change)”?

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Le message d’amitié et de vœux pour la nouvelle année du président Obama vers l’Iran, du 20 mars, produit en Iran un effet de prudence mais en général jugé positif. C’est dans tous les cas l’appréciation officieuse, manifestement inspirée par les milieux dirigeants iraniens, telle que la rapporte notamment Reuters ce 22 mars 2009. Reuters cite des universitaires et intellectuels iraniens, interrogés pour l’occasion, après le discours de “réponse” à Obama du dirigeant religieux, l’ayatollah Khamenei, considéré évidemment comme la voix décisive et incontestée dans la direction de l’Iran.

«Iran wants the United States to show concrete change in its behavior toward it, for example by handing back frozen assets, but Tehran is not pursuing “eternal hostility,’ said Professor Mohammad Marandi at Tehran University. “I think they (the Iranian leadership) are quite willing to have better relations if the Americans are serious,” said Marandi, who heads North American studies at the university. […]

»Saeed Laylaz, editor of business daily Sarmayeh and an outspoken political commentator, said Khamenei in his speech had sent a “counter-offer” to the United States following Obama's video message on Friday to mark the Iranian New Year. “I think he opened the doors to the United States,” Laylaz said. […] [Khameini] also spoke of “oppressive sanctions” imposed on the Islamic Republic, Iranian assets frozen in the United States and Washington's backing of Israel, which Tehran does not recognize. “Khamenei suggested a very clear way for Obama's administration, how they can start real action about Iran,” Laylaz said. […]

»But Professor Hamidreza Jalaiepour, who teaches political sociology in Tehran, said Khamenei had delivered a pragmatic message rather than one based on ideology on Saturday. If the United States eased sanctions imposed on Iran or released frozen funds, Iran was likely to respond, for example in helping to stabilize neighboring Afghanistan, he said.»

Des sources diplomatiques occidentales de haut niveau jugent l’intervention du président Obama du 20 mars comme “très importante”, voire “décisive” pour le rétablissement d’un dialogue vers une stabilisation des relations entre les USA et la communauté internationale, et l’Iran. Les Iraniens ont notamment apprécié le caractère symbolique du message, au travers de la date choisie, et de l’occasion ainsi célébrée. Ces sources précisent que les Iraniens étaient avertis du message d’Obama et qu’il y a d’ores et déjà des signes précis d’un réarrangement des relations de l’Iran, non seulement avec les USA mais avec l’Occident en général. On signale des contacts officieux entre des représentants officiels de l’Iran et certaines organisations occidentales.

L’appréciation de l’évolution de la situation est que l’Iran pourrait arriver à un accord avec l’Occident sur la question du nucléaire en acceptant de s’en tenir à une situation “de seuil” (disposer de tous les éléments pour fabriquer une arme nucléaire mais s’abstenir de la fabriquer dans cette nouvelle situation). Les Américains sont surtout extrêmement demandeurs pour une aide de l’Iran en Afghanistan. Les Iraniens sont intéressés dans la mesure où les activités du narco-trafic à leur frontière afghane, avec des forces militarisées qui leur posent de graves problèmes, constituent désormais une menace pour eux.

Cette affaire iranienne semble être un des axes les plus sérieux d’une sorte de “néo-politique extérieure” des USA, avec Obama, et une prévision généralement faite est que cette orientation devrait conduire à une dégradation très sensible des relations des USA avec Israël. «On pourrait estimer, dit une de ces sources occidentales, qu’il y a une sorte de course de vitesse engagée, parce qu’on pourrait craindre qu’un nouveau gouvernement Netanyahou tente de torpiller un rapprochement des USA avec l’Iran, si celui-ci n’est déjà fait, en lançant une attaque contre l’Iran.»

Dans cette même dynamique, on estime que la visite en Turquie qu’Obama doit faire début avril, après les sommets du G20 et de l’OTAN, pourrait avoir une grande importance pour un éventuel caractère de réconciliation des USA avec le monde islamique. Au départ cette visite est faite à “un allié de l’OTAN” et doit avoir comme principaux sujets l’Irak et l’Afghanistan. Ceci n’empêche pas cela…

Les Turcs, qui se détournent de plus en plus de leurs ambitions européennes (adhésion à l’UE), jouent un rôle très actif dans cette partie diplomatique, notamment avec leurs liens avec la Syrie et l’Iran (le président turc doit prochainement se rendre en Iran), dans le sens d’un rapprochement avec les USA. Ils voudraient qu’Obama prononce en Turquie un grand discours solennel dans le sens du rapprochement des USA et du monde islamiste. Certains aimeraient pouvoir aller jusqu’à considérer un tel discours, si les Turcs avaient gain de cause et s’il y avait effectivement discours, comme une sorte de terme solennel mis à l’aspect fortement anti-musulman de la “guerre contre la terreur” de GW Bush.


Mis en ligne le 23 mars 2009 à 12H08