L’obsession de GW, ou l’effet “la souris a accouché d’une montagne”

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Il faut signaler ici un des meilleurs articles parus à ce jour sur le cheminement d’un fait fondamental de la présidence GW Bush : l’obsession du président à l’encontre de Saddam Hussein. Il s’agit d’un article de Juan Cole, spécialiste indépendant incontesté de l’Irak aux Etats-Unis, publié hier sur le site Salon.com.

A partir du mémorandum de juin 2002 récemment (le 1er mai) divulgué par le Times de Londres, qui nous assure que la décision d’attaquer l’Irak était prise à cette époque, Cole réunit des éléments connus et d’autres moins pour tracer une chronologie de cette obsession jusqu’à la guerre. Bien entendu, le pire qui a été dit sur cette guerre est archi-vérifié: l’illégalité, les mensonges, les manipulations, etc., absolument tout s’y trouve. Mais l’essentiel que montre cet article est qu’au centre de tout se trouve l’obsession d’un homme, et que cette homme est bien le président GW Bush, et que cet obsession n’est pas le produit d’un événement précis (l’attaque du 11 septembre 2001) qui en donnerait une explication compréhensible, sinon rationnelle.

On réalise alors l’étrange disproportion entre une idée obsessionnelle existant dans un esprit assez faible et la cascade d’événements extraordinairement déstabilisateurs qui en a résulté, jusqu’à l’enlisement, voire la dégradation catastrophique de la puissance américaine en Irak. C’est ce que nous nommerions l’effet “la souris a accouché d’une montagne” si caractéristique d’une époque où les communications et les cloisonnements des forces disponibles multiplient les effets d’une façon exponentielle.

On mentionnera surtout deux faits très intéressants, qui nous semblent assez peu connus et nous paraissent extrêmement significatifs.

• Le premier touche complètement à la personnalité obsessionnelle de GW et place, chronologiquement, son intention d’attaquer Saddam bien en-deçà de l’attaque du 11 septembre et même de son accession à la présidence. Cole écrit ceci : « I was in the studio with Arab-American journalist Osama Siblani on Amy Goodman's ‘Democracy Now’ program on March 11, 2005, when Siblani reported a May 2000 encounter he had with then-candidate Bush in a hotel in Troy, Mich. “He told me just straight to my face, among 12 or maybe 13 Republicans at that time here in Michigan at the hotel. I think it was on May 17, 2000, even before he became the nominee for the Republicans. He told me that he was going to take him out, when we talked about Saddam Hussein in Iraq.” According to Siblani, Bush added that “he wanted to go to Iraq to search for weapons of mass destruction, and he considered the regime an imminent and gathering threat against the United States.” Siblani points out that Bush at that point was privy to no classified intelligence on Iraqi weapons programs and had already made up his mind on the issue. »

• Le deuxième point intéressant est la rencontre entre Blair et Bush le 20 septembre 2001, où Blair s’employa à convaincre GW de ne pas attaquer l’Irak au lieu de l’Afghanistan. Cole cite l’ambassadeur britannique à Washington à cette époque, Sir Christopher Meyer, parlant à Vanity Fair en mai 2004 : « When British Prime Minister Tony Blair arrived in Washington on Sept. 20, 2001, he was alarmed. If Blair had consulted MI6 about the relative merits of the Afghanistan and Iraq options, we can only imagine what well-informed British intelligence officers in Pakistan were cabling London about the dangers of leaving bin Laden and al-Qaida in place while plunging into a potential quagmire in Iraq. Fears that London was a major al-Qaida target would have underlined the risks to the United Kingdom of an ‘Iraq first’ policy in Washington.

» Meyer told Vanity Fair, “Blair came with a very strong message — don't get distracted; the priorities were al-Qaida, Afghanistan, the Taliban.” He must have been terrified that the Bush administration would abandon London to al-Qaida while pursuing the great white whale of Iraq. But he managed to help persuade Bush. Meyer reports, “Bush said, ‘I agree with you, Tony. We must deal with this first. But when we have dealt with Afghanistan, we must come back to Iraq.’” Meyer also said, in spring 2004, that it was clear “that when we did come back to Iraq it wouldn't be to discuss smarter sanctions.” In short, Meyer strongly implies that Blair persuaded Bush to make war on al-Qaida in Afghanistan first by promising him British support for a later Iraq campaign. »


Mis en ligne le 20 mai 2005 à 16H30