L’obsession nucléaire de BHO (et de Medvedev?)

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Finalement, il semble bien que la querelle France-USA, sur la question du communiqué du G8 annonçant le but de rechercher un monde dénucléarisé (voir notre Bloc-Notes du 2 juillet 2009), soit réglée par un compromis qui donne en partie satisfaction aux Français. Au long de la querelle, les Américains avaient réussi à rallier les Allemands, qui s’étaient joyeusement enthousiasmés pour ce concept de “monde dénucléarisé” mais il semble que la direction prise sera finalement la recommandation de travailler dans le sens de la “préparation des conditions menant à un monde dénucléarisé”.

Quoi qu’il en soit, il pourrait apparaître évident que les Français n’en ont pas fini avec la pression d’Obama pour une orientation de réduction des armes nucléaires, d’autant que le président US semblerait soutenu dans cette voie par le sentiment de Medvedev à cet égard. C’est ce qui nous est dit implicitement dans un très récent article, du quotidien canadien Vancouver Sun (repris par CommonDreams.org, le 4 juillet 2009), consacré à la visite d’un activiste de la dénucléarisation, le Dr. Bruce Blair, également présenté comme “conseiller” d’Obama sur la question…

«Obama arrives in Moscow on Monday to meet his Russian counterpart, Dmitry Medvedev, to hammer out the details of new Strategic Arms Reduction Treaty before the old 1991 deal expires in five months. While many see a new START treaty as the road to smoother relations between the White House and the Kremlin, people such as Blair see it as a watershed moment to take bold steps to ultimately rid the world of nuclear weapons.

»“We have the wind of Obama and Medvedev at our back,'” says Blair, president of the non-profit World Security Institute, on a recent visit to Canada's capital to push his Global Zero grassroots initiative to rid the world of nuclear weapons.

»On a trip to Europe in April, Obama called for a nuclear-free world. But with the nuclear ambitions of Iran and North Korea, coupled with the ever-present threat of terrorists in search of a dirty bomb, the road to that nuclear-free utopia is littered with more potholes than during the Cold War.

»Still, Blair and many others say the need for the U.S. and Russia to show leadership is even more pressing, to remove not only the ever-present Cold War possibility of a world-ending nuclear accident, but the 21st-century threat of nukes falling into terrorist hands.»

Bien qu’il ait été fort peu noté par les bureaucraties impliquées, plus intéressées par les questions des sanctions contre l’Iran avec le paquet-cadeau “droits de l’homme-démocratie” qui va avec, l’incident du G8 a une profonde signification. Obama et Medvedev sont des hommes jeunes dont on proclame qu’ils n’ont pas connu la Guerre froide; cela signifie surtout qu’ils n’ont pas connu la logique et la pression de la dissuasion nucléaire en action entre les USA et l’URSS. L’action de “banalisation” du nucléaire par la “politique de l’idéologie et de l’instinct” de l’administration GW Bush a achevé la désacralisation de la dissuasion, par la banalisation du nucléaire. C’est un obstacle fondamental sur la voie d’une concrétisation de la dénucléarisation qui est levé.

C’est un problème pour les Français parce que la France a conçu sa dissuasion, non pour entrer dans un monde nucléarisé qui serait hiérarchisé par les puissances stratégiques, donc pour jouer le jeu des relations stratégiques USA-URSS, mais, au contraire, pour s’en retirer et s’en protéger, et ainsi assurer son indépendance nationale dans l’âge du nucléaire. La position française est substantiellement différente de elle des “jeunes” Obama et Medvedev. Les heurs avec Medvedev sont moins à craindre pour les Français, les Russes ayant une solide notion et un instinct aiguisé des questions d’indépendance nationale, et ne tenant nullement à en priver la France C’est beaucoup moins le cas des USA, qui apprécient et comprennent d'autant les notion de souveraineté et d’indépendance nationales qu’ils les respectent chez les autres dans leurs opérations militaires, – c’est-à-dire, pas du tout.


Mis en ligne le 6 juillet 2009 à 06H30