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1639On sait que, depuis quelques années, depuis la fusion de Lockheed et de Martin Marietta (en 1994 et non en 1995, comme écrit l’article qu’on va citer), Lockheed-Martin (LM) représente la première société d’armement du monde, et une puissance aux dimensions globales. Un très long article publié par Playboy dans son numéro de janvier, dresse un tableau intéressant de cette société.
L’article n’apporte pas de révélations extraordinaires. Il contient même quelques erreurs (l’une d’entre elles mentionnée ci-dessus). Certains aspects de la puissance de LM sont traités d’une façon qui pourrait rendre compte de cette puissance comme étant irrésistible et pas nécessairement antipathique, — ce qui nous fait penser que LM ne sera pas tout à fait désespéré par cet article, — ce qui laisse un peu de place pour quelques réserves… Notre ami Bruce Jackson, qui a certainement été interrogé spécifiquement pour cet article, y est abondamment cité, là aussi pas toujours sous un jour antipathique. (Pourquoi, d’ailleurs, puisque l’homme est sympathique?) Là aussi, sensation assez contrastée.
Il n’empêche, le texte laisse une impression générale très importante et remarquable. Il fait bien comprendre comment LM est une puissance qui dépasse largement le seul domaine de l’armement et du business. La chose est admise en théorie mais il importe d’en ressentir tout le poids et toutes les conséquences dans la réalité, et cet article éclaire à ce propos. Les connexions de personnes sont nombreuses avec l’administration. (Stephen J. Hadley, actuel directeur du NSC, apparaît complètement comme un “homme de LM”.) Les rapports entre la politique officielle de l’administration, les hommes du domaine politico-industriel comme Jackson, les idéologies qui inspirent l’administration, — ces rapports avec LM sont mis en évidence. Ils sont d’une puissance considérable.
Assez curieusement, l’auteur fait cette remarque sur la fin de son article, après avoir passé en revue tous les aspects de la puissance de LM : «Former Long Island Democratic Representative Otis Pike, who served in the Marines and was a hawk on Vietnam, once said privately, while still in office, that the only solution was to “nationalize” the defense industry. Pike’s attitude regarding national security evolved as a result of experiences chairing the Pike Committee investigating abuses by the CIA in the 1970s.»
Voici quelques rapides extraits qui renforcent cette impression dont nous parlons de se trouver devant une structure et une puissance qui sont la matrice même de la politique américaniste. Nous sommes bien au-delà de la situation que déplorait Otis Pike. La question qui se pose est évidemment de savoir si, à défaut de “nationaliser” l’industrie d’armement comme il le proposait, on n’est pas arrivé à la situation où l’industrie d’armement (LM en l’occurrence) à “privatisé” les Etats-Unis d’Amérique.
«Jackson acknowledges that he “gave [neo-conservative leader] William Kristol money” to help start the Weekly Standard, which advocated military action to remove Saddam Hussein, just as he had earlier joined with Kristol at the PNAC—all by virtue of their shared ideology, as he explains it. But if the connection between Lockheed Martin and the Iraq war was not seamless, neither was it serendipitous. For example, Lockheed also supported the pro-war [neocon] Weekly Standard as a paying advertiser.
»“It used to be just an airplane company,” John Pike, a military analyst and director of GlobalSecurity.org says about Lockheed Martin. “Now it’s a warfare company. It’s an integrated solution provider. It’s a one-stop shop. Anything you need to kill the enemy, they will sell you.”
(…)
«[LM president and CEO Robert J.] Stevens has boasted that Lockheed Martin not only creates the technology, it makes military policy as well. He told The New York Times in November of 2004 that Lockheed stands at “the intersection of policy and technology,” which, he observed, “is really a very interesting place to be. We are deployed, entirely in developing daunting technology” that “requires thinking through the policy dimensions of national security as well as technology.” He acknowledges “this is not a business where in the purest economical sense there’s a broad market of supply and demand.”»
Mis en ligne le 11 janvier 2007 à 10H28