L’ombre du Kosovo

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La société d’analyse US Stratfor est intéressante à suivre dans la question du conflit d’Ossétie du Sud. Alors que son orientation est en général clairement américaniste, que son outil d’analyse est essentiellement géopolitique, Stratfor a aussi une appréciation originale par rapport au courant de la pensée US de l’importance de l’esprit national. On a lu l’analyse que George Friedman fait du rôle de Soljenitsyne, qui est extrêmement originale et subtile pour une psychologie américaniste. Vis-à-vis de la Russie, Stratfor a depuis longtemps une appréciation historique: la Russie est une vieille nation et une grande puissance, et ceci expliquant en partie cela; elle ne peut accepter longtemps son abaissement avec la chute de l’URSS, elle doit réagir et elle peut réagir. Ce cadre d’analyse joue à fond pour les événements actuels.

Stratfor diffusait cette nuit (le 8 août aux USA) ce qui est présenté comme «[an] internal Stratfor document produced to provide high-level guidance to our analysts». Il s’agit donc des lignes générales d’analyse de la situation de ce groupe, des fondements de son appréciation pour la crise qui s'est ouverte entre la Géorgie, l'Ossétie et la Russie. Pour Stratfor, l’important dans ce qui se passe dans le conflit d’Ossétie du Sud, c’est la réaction de la Russie. En accord avec la ligne générale exposée plus haut, Stratfor affirme depuis que le Kosovo est indépendant que Moscou doit réagir et va réagir. L’intervention rapide de la Russie face à l’attaque géorgienne est, pour Stratfor, la réaction russe à l’action unilatérale de l’Occident dans l’affaire du Kosovo. D’une façon plus générale, c’est l’affirmation russe que les pressions (élargissement de l’OTAN, anti-missiles, en plus du Kosovo) contre la Russie doivent cesser.

Nous pensons que cette sorte d’analyse, appuyée sur une réelle compréhension du contexte historique du point de vue de la psychologie plus que des événements, donne une vision plus intéressante, voire clairement rafraîchissante, que les innombrables querelles d’historiens sur la légitimité des uns et des autres, et, encore plus, que les analyses contraintes par une propagande anti-russe massive de la plupart des spécialistes occidentaux. Nous donnons ci-dessous l’essentiel de cette analyse interne de Stratfor:

«Given the speed with which the Russians reacted to Georgia’s incursion into South Ossetia, Moscow was clearly ready to intervene. We suspect the Georgians were set up for this in some way, but at this point the buildup to the conflict no longer matters. What matters is the message that Russia is sending to the West.

»Russian President Dmitri Medvedev summed this message up best: “Historically Russia has been, and will continue to be, a guarantor of security for peoples of the Caucasus.”

»Strategically, we said Russia would respond to Kosovo’s independence, and they have. Russia is now declaring the Caucasus to be part of its sphere of influence. We have spoken for months of how Russia would find a window of opportunity to redefine the region. This is happening now.

»All too familiar with the sight of Russian tanks, the Baltic countries are terrified of what they face in the long run, and they should be. This is the first major Russian intervention since the fall of the Soviet Union. Yes, Russia has been involved elsewhere. Yes, Russia has fought. But this is on a new order of confidence and indifference to general opinion. We will look at this as a defining moment.

»The most important reaction will not be in the United States or Western Europe. It is the reaction in the former Soviet states that matters most right now. That is the real audience for this. Watch the reaction of Ukraine, Kazakhstan, Nagorno-Karabakh and the Balts. How will Russia’s moves affect them psychologically?

»The Russians hold a trump card with the Americans: Iran. They can flood Iran with weapons at will. The main U.S. counter is in Ukraine and Central Asia, but is not nearly as painful.»


Mis en ligne le 9 août 2008 à 05H53