L’optimisme de Blair réduit à la reconnaissance des causes du pessimisme

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Tout le monde s’est réjoui du numéro habituel de Tony Blair, — enthousiasme, alacrité, dynamisme, — cette fois à Davos-2007, où il a annoncé pour la nième fois un grand changement des USA par rapport à la crise climatique. A force d’être annoncé, ce changement, déjà effectif au niveau du Congrès, finira bien par être acté par la Maison-Blanche qui n’est plus capable que de finir par accepter les orientations exigées par le Congrès.

Le Financial Times annonce aujourd’hui le grand événement (le discours de Blair) sous le titre : «Blair optimistic over climate change deal.»

«US attitudes towards climate change are in the process of “a quantum shift,” Tony Blair said on Saturday, arguing that the world may be “on the verge of a breakthrough” on the issue.

(…)

»…Mr Blair’s speech to the Forum’s audience of political, business and non-governmental leaders called for a “muscular” multilateralism to turn political will on climate change, Africa and the Doha trade round into action. “We’re woefully short of the institutions to make multilateralist action effective,” he said.»

Etc, etc. Une fois de plus, Blair se révèle comme une formidable machinerie d’auto-satisfaction, puisqu’il est évident que toutes ces bonnes nouvelles sont dues à son action infatigable. De la guerre en Irak à la lutte contre la crise climatique, c’est toujours le même combat.

TB est un étrange personnage, si complètement indifférent à la substance des choses, si exclusivement attentif au bénéfice de la forme, qu’il nous ferait perdre le fil rouge d’une logique qui ne l’intéresse pas. La grande ironie de ce formidable optimisme moderniste qu’il a déployé à Davos, c’est qu’il se manifeste à propos de la reconnaissance universelle d’une crise qui a toutes les raisons de nourrir le pessimisme le plus noir quant aux effets profonds du progrès et de la modernité. On comprend évidemment la satisfaction tactique (quoique TB n’y soit pour rien puisque c’est la pression du Congrès qui fait tout le travail à Washington). Il reste que, sur le fond, son intervention signifie que lui, le chantre du modernisme et du libéralisme, nous chante comme un Alleluïa : “Hourra ! Tout le monde est d’accord, nous allons vers la catastrophe, et celle-ci est due à nos pratiques modernistes !”

Mais, bien entendu, la vérité est que la psychologie veille et elle n’a pas changé d’un pouce. Pour Blair, dès lors que l’effet d’annonce est là, c’est comme si la chose était résolue. Annoncer que les USA ont accepté la réalité de la crise, c’est comme si les USA l’avaient effectivement annoncé, c’est comme si la crise était vaincue puisque les USA ont accepté sa réalité et que cela a été fait grâce à lui, TB.


Mis en ligne le 28 janvier 2007 à 15H25