L’Opus Dei exulte

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Rarement que dans cet article de Paul Fortunato on a mieux exprimé la satisfaction de l’Opus Dei après le succès phénoménal du film Da Vinci Code et l’avalanche paradoxale de critiques (laïques bien plus par le nombre que d’origine religieuse) qui l’a accompagné. Cette critique touche rétrospectivement le contenu du livre et met complètement en cause le contenu essentiel des deux œuvres (le film et le livre), c’est-à-dire l’attaque à très gros sabots contre l’Opus Dei.

Paul Fortunato est professeur d’anglais à l’Université de Houston-Downtown, au Texas, et membre de l’Opus Dei. Ainsi exprime-t-il clairement cette satisfaction dans un article dans le New York Times (et l’International Herald Tribune) :

« As a member of Opus Dei, I would like to thank Dan Brown and Ron Howard for “The Da Vinci Code.” Why am I not outraged like so many other devout Roman Catholics? Because I think we could not have wished for a better result: Critics attack the film (and, retrospectively, the book) as boring and annoying and cartoonish; and because everyone is seeing it anyway, many people who would otherwise have no interest in Opus Dei are curious, allowing us to explain what we are really about.

» For the record, I do wear a spiked metal band on my leg for a couple of hours a day, just like the movie's murderous Opus Dei numerary, Silas (that's always the first question). But I do not wear a robe, except at graduation ceremonies. I'm an English professor at a state university and am finishing a book titled ‘Modernist Aesthetics and Consumer Culture in the Writings of Oscar Wilde.’ So much for stereotypes. »

Répétons à cette occasion, avec la démonstration de Fortunato, qu’il n’y a pas de meilleur exemple, avec cette opération Da Vinci Code, des effets pervers et auto-destructeurs du système marchand. La rapidité de la démonstration, l’universalité du cadre d’action, l’énormité des effets, tout y est. L’opération Da Vinci Code avait deux objectifs : l’objectif universel de faire beaucoup d’argent ; l’objectif très parcellaire, chez l’un ou l’autre (notamment l’auteur initial) de populariser le discrédit dont souffre l’Opus Dei. Le premier objectif a été atteint au-delà de toute espérance. Le second objectif, qui est plutôt idéologique (mais grossièrement, vu le niveau des acteurs), et qui devrait donc être le plus important à long terme même s’il ne l’est pas en dividendes, a été totalement raté, au-delà de toutes les craintes possibles puisqu’il aboutit à son contraire “au-delà de toute espérance”. Cas typique de la société marchande : les excès formidables de son avidité mercantile tuent dans l’œuf toute velléité de construction idéologique convaincante.

On comprendra que le cas n’est pas ici de savoir ce que vaut précisément l’Opus Dei. (L’Opus Dei a sauté sur l’occasion pour s’en charger.) Il est d’observer une fois de plus, en action, le nihilisme si extrême de ce système qu’il est incapable d’éviter la mise en question radicale, par ses propres actes, de la soi-disant cohérence idéologique qu’il propose.

Il devient alors si évident d’identifier “l’ennemi principal”. Que vaut le débat sur l’Opus Dei face à cette mise en lumière d’une machinerie folle, dont le seul but semble l’abêtissement, l’acculturation, la réduction de l’intelligence aux réflexes pavloviens du consommateur, et cette attaque monstrueuse portée, — globalisation oblige, — contre toute l’espèce humaine, sans distinction de race ni d’origine, — enfin débarrassés de la plaie du racisme et de la discrimination…


Mis en ligne le 4 juin 2006 à 13H45