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1224La crise ukrainienne, qui a ouvert plusieurs fronts, a activé une extraordinaire bataille autour du dollar et contre le dollar. Cette bataille montre une remarquable dramaturgie paroxystique, actuellement développée au niveau de la communication mais proche d’entrer dans les faits avec la question du commerce de l’énergie entre la Russie et la Chine et des grands accords qui se profilent. Comme pour le cas de la situation ukrainienne et ses autres “fronts”, le bloc BAO, ou le Système disons, a élaboré une narrative pleine de clarté : le négationnisme, caractérisé par le déni par le silence... Économiste et ancien fonctionnaire de la Banque Mondiale, Peter Koenig remarque : «Curiously, western media have so far been oblivious to both events. It seems like a desire to extending the falsehood of our western illusion and arrogance – as long as the silence will bear...»
• Les “deux événements” dont parle Koenig, dont on pourrait dire qu’ils sont même trois, sont détaillés dans un texte qu’il publie sur le site 4th media.org, ce 10 avril 2014, dont voici quelques extraits. Le titre de ce commentaire en dit l’essentiel, lié à la crise ukrainienne et à la politique russe : «Russia Will Decouple Trade From Dollar.»
«Russia has just dropped another bombshell, announcing not only the de-coupling of its trade from the dollar, but also that its hydrocarbon trade will in the future be carried out in rubles and local currencies of its trading partners – no longer in dollars – see Voice of Russia. [...]
»Added to this is the declaration today by Russia’s Press TV – China will re-open the old Silk Road as a new trading route linking Germany, Russia and China, allowing to connect and develop new markets along the road, especially in Central Asia, where this new project will bring economic and political stability, and in Western China provinces,where “New Areas” of development will be created. [...]
»In addition, the BRICS are preparing to launch a new currency – composed by a basket of their local currencies – to be used for international trading, as well as for a new reserve currency, replacing the rather worthless debt ridden dollar – a welcome feat for the world. Along with the new BRICS(A) currency will come a new international payment settlement system, replacing the SWIFT and IBAN exchanges, thereby breaking the hegemony of the infamous privately owned currency and gold manipulator, the Bank for International Settlement (BIS) in Basle, Switzerland – also called the central bank of all central banks. [...]
»As the new trading road and monetary system will take hold, other countries and nations, so far in the claws of US dependence, will flock to the ‘new system’, gradually isolating Washington’s military industrial economy (sic) and its NATO killing machine. This Economic Sea Change may bring the empire to its knees, without spilling a drop of blood. An area of new hope for justice and more equality, a rebirth of sovereign states, may dawn and turn the spiral of darkness into a spiral of light.»
• ZeroHedge suit avec attention, certes, l’affaire qui est la plus directement impliquée dans une probable réalisation immédiate, c’est-à-dire les grands marchés énergétiques actuellement négociés et proches d’être conclus entre la Russie et la Chine. Le 10 avril 2014, Tyler Durden écrit notamment :
«Curious what the fate of the petrodollar is? Look no farther than this Interfax update blasted moments ago by Bloomberg: “Gazprom Considers 'Symbolic' Yuan Bond Issue, Interfax Says.” Bloomberg adds that the gas giant is considering proposals from potential organizers to market bonds in yuan, Interfax reports, citing people with knowledge of the matter... [...]
»... and the New New Normal flow of funds will suddenly become clear – 1) Gazprom delivering gas to China. 2) China Gazprom paying in Yuan (convertible into Rubles). 3) Gazprom funding itself increasingly in Yuan. 4) Russia buying Chinese goods and services in Yuan (convertible into Rubles)
»And all of this with the US banker cartel completely disintermediated courtesy of the glaring absence of the USD in any of the above listed steps, or as some may call it: from the Petrodollar to the Gas-o-yuan (something 40 central banks have already figured out... just not the Fed).»
... Citant ces 40 banques centrales, Durden renvoie à un autre texte de ZeoHedge, du 8 avril 2014 : «...Standard Chartered notes that at least 40 central banks have invested in the Yuan and several more are preparing to do so. [...] Perhaps most ominously, for king dollar, is the former-IMF manager's warning that “The Yuan may become a de facto reserve currency before it is fully convertible.”»
• Un autre texte de ZeroHedge (le 10 avril 2014), cette fois relayant un texte de Peak Prosperity avec un entretien de Chris Martenson avec Alasdair MacLeod (voir la vidéo et sa transcription) sur la popularité extraordinaire de l’or en Asie. Ces remarques introduisent bien un autre aspect de la “dramaturgie paroxystique” citée plus haut, savoir la bataille entre l’or et le dollar qui implique un élargissement important de la crise potentielle du dollar..
• Sur ce deuxième aspect, on peut lire un compte-rendu commenté d’une interview de Paul Craig Roberts, également sur 4th media.org, le 10 avril 2014. (Voir la vidéo de l’interview.) Le titre est effectivement tragique et concerne le sort fondamental du dollar, au-delà même de l’affrontement avec d’autres monnaies (le yuan) : «Gold and the US Dollar Fight to the Death». (Cette idée est également présente dans le plus récent texte de Paul Craig Roberts, «Is the US or the World Coming to an End?», du 10 avril 2014, dont nous parlerons par ailleurs.)
«Former Assistant Treasury Secretary, Dr. Paul Craig Roberts, says, “Gold and the dollar are in a fight to the death.” Dr. Roberts explains, “The Fed, in order to save a handful of banks too big to fail that are the mindless deregulation of the 21st century, the Fed has had to create a tremendous number of new dollars...” [...]
»As far as Russia and other countries doing more and more business outside of the dollar, Dr. Roberts says this too can spark very big inflation in a short amount of time. Dr. Roberts says, “Prices can go up hundreds of times . . . in a short amount of time. It depends on the amount of fear or the extent people leave the dollar and give up on it. This is why the Federal Reserve is so irresponsible.” So, are the Fed and Obama Administration trying to crash the dollar on purpose?
»Dr. Roberts says, “No, they are just stupid and arrogant. . . . If you add up the IQ of the White House and you add up the IQ of the Fed and multiply it by a thousand trillion, it might equal 50. These are stupid policies designed to completely destroy the U.S. dollar. . . . I don’t think the United States can win the war against gold.”»
Nous avons déjà signalé cette énorme affrontement, avec deux textes (le 22 mars 2014 et le 3 avril 2014). L’aspect remarquable se trouve dans la confirmation de ce qui s’est aussitôt esquissé : la rapidité et la puissance avec laquelle ce “front”-là de la crise ukrainienne s’est complètement détaché de cette crise ukrainienne pour devenir une crise en elle-même, relançant la question essentielle du sort du dollar. C’est bien là qu’on voit ce caractère de “crise haute ultime” (voir le 24 mars 2014) de la crise ukrainienne, dans sa capacité à essaimer sans faire dépendre en aucune façon ses propres métastases de crise d’elle-même, donc permettant la concrétisation de crises spécifiques, sinon très vite autonomes. La capacité de déni du bloc BAO sous l’influence aveugle et surpuissante du Système est à cet égard prodigieuse mais elle n’empêche évidemment pas les événements d’être ce qu’ils sont.
La mise en question du dollar est aujourd’hui beaucoup plus radicale, beaucoup plus avancée, beaucoup plus “opérationnelle” qu’elle ne l’était au début de 2009 (voir le 27 mars 2009), qui est le plus récent épisode à cet égard. Cette fois, l’épisode en cours de la crise du dollar s’imbrique dans un ensemble crisique d’une puissance prodigieuse (toujours autour de la crise ukrainienne), qui concerne tous les domaines de la puissance que prétend encore manifester le bloc BAO, dans un contexte d’opposition et d’hostilité incomparablement renforcé par rapport à 2009. C’est à notre sens l’environnement nécessaire pour une évolution significative, sinon décisive de la crise du dollar. Cette crise ne peut se concevoir dans le seul cadre monétaire, tant le dollar est un instrument de tous les domaines de la puissance des USA et du Système ; il ne peut être question d’un effacement à l’amiable, d’une modification nécessaire, et l’idée d’un “combat à mort” du dollar (avec l’or, avec d’autres devises, etc.) est complètement évidente pour caractériser cet événement. La crise du dollar dans ces conditions, et tenant compte de l'état des USA et du bloc BAO, ne peut être que la chute du dollar, et cette crise et cette chute ne seront pas un événement en soi, mais un domaine de la crise générale d’effondrement du Système.
Mis en ligne le 11 avril 2014 à 08H47
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