L’orientation intérieure d’Obama

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Les mots et les jugements par les mots sur la politique aujourd’hui ont comme principale caractéristique l’ambiguïté, sinon la dissimulation. Il n’y a pas de cas plus démonstratif de la chose que la politique US telle qu’on l’apprécie d’Europe, – entre les techniques de dissimulation US et les penchants d’auto-dissimulation des Européens. Ainsi l’arrivée d’un prochain président US, surtout s’il s’agit d’Obama, est unanimement perçue en Europe comme un changement radical de politique extérieur, impliquant que l'accent sera néanmoins gardé pour favoriser la politique extérieure. Sur le site WashingtonNote.com le 13 juin, Ben Katcher, analyste au programme d’analyse stratégique de la situation américaine de la New America Foundation, donne une appréciation de la perspective US à partir de 2009 selon une autre approche.

«The political climate favors focusing on domestic issues. This is due to both the current president's excessive emphasis on foreign policy and the inevitable focus on the economy that accompanies a recession. Indeed, a recent poll indicates that a full two-thirds of Americans think that the economy is an extremely important issue, while fewer than one half of Americans attach extreme importance to Iraq.

»That said, the next president will inherit two hot wars, an enormously complex and important change in the Asian balance of power, and an international community starved for proactive, positive American engagement. But with the consequences of a diminished American primacy more distant and less palpable to most Americans, pocketbook issues will likely prevail in guiding the agenda after the election.»

A partir de cette observation générale, Katcher observe que la tendance politique dans les dernières années pour les nouvelles présidences a été un repli sur les affaires intérieures, dans tous les cas dans les premières années de présidence (Clinton), comme tendance naturelle après une période d’intense activité en politique extérieure. La chose devrait également concerner la candidature Obama, malgré ses conceptions de départ et les circonstances de sa nomination.

«Matt Yglesias has suggested, Obama won the nomination in large part due to his opposition to the Iraq war and his call for diplomatic engagement with dictators, which allowed him to differentiate himself from Hilary Clinton. The issue most likely to compel Obama to focus on foreign policy is Iran – whether it is an escalation of hostilities, a decision to pursue a more robust diplomatic course, or the crossing of a nuclear red line.

»Nevertheless, the criteria laid out above suggest that after an election, a President Obama would likely to tack back to domestic issues where he is stronger politically and where his background as a community organizer suggests that his passion lies.»

Il est vrai que les présidents démocrates ont souvent été ceux qui ont entamé les guerres (que des républicains terminaient). Mais cette tendance venait en général de circonstances propres à leurs présidences, après des débuts toujours tournés vers l’intérieur. Ce fut le cas de Franklin Delano Roosevelt, de Truman avec la Corée, de Clinton. Même le cas de Kennedy-Johnson (responsabilité partagée) peut être envisagé dans ce sens, pour le Vietnam, alors que les questions intérieures avaient pris le dessus dans la première partie de la décennie des années 1960. Katcher rappelle également que GW Bush lui-même avait commencé sa présidence en proposant une politique extérieure contenue. L’appréciation implicite derrière l’analyse de Katcher est que Obama chercherait à mettre un terme à la “guerre contre la terreur”, comme événement fondamental de la politique extérieure US, pour se consacrer au domaine intérieur. Il faut observer que cette analyse tend à conforter celle de Gerard Baker, que nous commentions le 14 juin.

Un lecteur commentant le texte de Katcher offre ces précisions qui ne sont pas inintéressantes, partant du constat que les deux candidats devront de toute urgence s’attaquer à la situation financière du gouvernement, c’est-à-dire indirectement à la politique extérieure interventionniste et très coûteuse, pour pouvoir obtenir des résultats intérieurs (ce qui nous ramène à la crise du Pentagone):

«The cure to the financial hemorrhaging starts with putting a stop to out of control defense spending. Since 2001 there has been a $400 Billion increase in spending on ‘Defense,’ Homeland Security, and ‘emergency’ appropriations for GWOT. By comparison, all other discretionary expenses have risen only about $66 Billion since 2001, which is below the rate of inflation. Eliminating the increase in ‘Security Spending’ would still leave America with the world's biggest military by far. The benefits would be enormous: a balanced budget and elimination of the government's need to borrow from China to finance operations. The only way to reduce security spending is to scale back the global commitments, including the two wars.

»So, somewhat circuitously, the next President must first get foreign policy right as the unavoidable prerequisite to getting the American economy right. McCain is truly clueless. Obama is making the right noises, but I'm not sure that he fully realizes the enormous battle that will have to be waged to scale back America's security commitments so as to begin to adress America's economic problems.»


Mis en ligne le 16 juin 2008 à 09H37