L’OTAN aux abois, comme d’habitude

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L’OTAN aux abois, comme d’habitude


23 février 2004 — Des prolongements récents illustrent la poursuite régulière de la situation pathétique de l’OTAN. Encore faut-il voir dans l’expression “prolongements récents” fort peu de substance et beaucoup d’agitations qui tendent à cacher combien l’Alliance est devenue dépendante de membres, en nombre prolifique, qui promettent beaucoup et tiennent si peu, et qui se servent d’elle, au travers de manipulations diverses, pour leur intérêt personnel.

Les deux prolongements dont nous voulons parler sont les suivants :

• L’indication que l’OTAN serait prête à prêter, ou louer (comment dit-on ?) ses services pour les jeux Olympiques d’Athènes. Il s’agirait d’assurer la sécurité des JO, comme fait un système policier et de surveillance pendant une manifestation civile de cette sorte. Pour l’OTAN, la déchéance est significative, par rapport aux ambitions toujours affichées, de rester l’organisation “noble” du système occidental, uniquement en charge des guerres de haut niveau, du travail sérieux. Aujourd’hui, l’OTAN envisage un travail policier, du type de ceux qu’on crut longtemps réservés à l’UE, simplement pour montrer qu’elle est utile à quelque chose. Si l’argument est aujourd’hui que cette sorte d’opération est sans aucun doute la plus significative du point de vue de la sécurité, on pourra aussitôt objecter qu’on voit mal que l’OTAN soit le meilleur outil possible pour la conduire, que nombre d’autres formes d’organisation, notamment du point de vue de la souplesse et de l’adaptabilité, seraient plus appropriées, et qu’en tout cas cette nouvelle réalité montre évidemment que l’OTAN n’est certainement plus nécessaire selon l’argument qu’elle a toujours avancé d’être quelque chose d’unique.


(Pour le reste, c’est-à-dire les Grecs, on comprend aussitôt que l’appel à l’OTAN est un moyen à la fois de se décharger d’un fardeau, et de réduire des dépenses pharaoniques. Enfin, une sorte de thérapie peut-être, — « “What is extremely important is that we don't feel alone,” Mayor Dora Bakoyanni of Athens said in an interview. “This is no longer a Greek security operation but an international one.” Bakoyanni and others say the modern Olympics is a huge challenge for a small country like Greece, which has a population of about 11 million. “Greece is the smallest country, the technologically and financially least developed of all countries that have hosted Olympic Games on the massive scale they have reached,” Bakoyanni said. »)


• Le second aspect de la situation otanienne, c’est la soudaine et très excessive déclaration d’amour de GW à l’OTAN. Cela se fait de façon grotesque et grossière, comme toutes ces manifestations d’enthousiasme virtualiste, surtout avec un acteur de la piètre valeur du président américain, — sans doute l’un des plus mauvais acteurs qu’il y ait eu à la Maison-Blanche depuis longtemps. Les petits messagers qui nous rapportent les citations du président ne s’aperçoivent pas qu’ils ne font que grossir encore le trait du ridicule de la situation dans les affirmations emphatiques de GW, pour une Organisation contre laquelle toute l’administration s’indignait consciencieusement il y a un an et demi, ou, au mieux, dont on ignorait l’existence.


« “I believe in NATO,” President George W. Bush told Jaap de Hoop Scheffer, the new NATO secretary general, when the two met in the Oval Office last month, senior NATO officials said. “I believe NATO is transforming itself and adjusting to meet the true threats of the 21st century.” When de Hoop Scheffer pledged to work hard to get NATO to do more in Afghanistan, Bush replied, “I'm with you.” And when the conversation turned to Iraq, Bush said, “The more of a NATO role the better.” »


Ces protestations d’affection, voire d’amour pur et simple de la part de GW qu’on sent singulièrement ému, n’ont aucune valeur sinon de circonstance. A cet égard, GW est un coeur d’artichaut. On ne peut ignorer que les USA ont besoin à toute force du maximum d’aide, en Afghanistan et en Irak, et ils espèrent forcer, par le biais de l’OTAN, les récalcitrants à finalement s’engager. Cela vaut notamment pour l’Allemagne et l’OTAN : placés devant une OTAN s’engageant en Irak, les Allemands ne finiraient-ils pas par céder et à engager des troupes dans le pays ?

Les Américains n’ont toujours pas mesuré la profondeur du gouffre qui les sépare désormais des autres, des Allemands dans ce cas, dans ce domaine comme dans d’autres. En attendant, ils ne risquent pas moins, selon l’avis du ministre allemand Fischer, que l’existence de l’OTAN dans une aventure irakienne. Les Américains n’en ont cure. Comme d’habitude, leur stratégie est une stratégie de force brutale immédiate, elle est destinée à la situation dans une ou deux semaines et elle se mesure aux résultats probables des élections présidentielles aux USA.

Dans ce cas et d’une façon très voyante, on conclura simplement que les Américains sont à peu près autant aux abois que l’OTAN elle-même. Tout ce qui, aujourd’hui, ressort de la politique de force des USA, ou s’y appuie d’une façon ou d’une autre, est totalement dépendant d’une montagne de mensonges dont la gestion, notamment pour les faire correspondre à la réalité, représente une épuisante course-poursuite psychologique. Depuis 1990-91, on affirme plus que jamais auparavant que l’OTAN existe et a un usage et une utilité. La sottise de ces affirmations, leur mépris de la réalité, épuisent les esprits et forcent les psychologies jusqu’à des situations forçant à l’abandon du plus simple bon sens. Nous sommes proches de la pathologie. On y sera sous peu, lorsque, par exemple, l’OTAN proposera d’assurer le contrôle et la bonne marche de la circulation automobile dans Paris (surtout dans Paris, France).