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361Il faut insister sur la déclaration de Dimitri Medvedev concernant la situation où la Géorgie serait membre de l’OTAN faite lors d’entretiens avec des groupes informels comprenant des journalistes occidentaux. La chose a été dite le 12 septembre et est rapportée par divers journaux. Citons le Times de Londres du 13 septembre et le Guardian du 13 septembre également. Les termes sont presque similaires.
• Du Times: «He described any move to bring Georgia into the alliance as “unacceptable”. He said that even if Georgia had been a fully fledged member of Nato last month during the war over the breakaway enclave of South Ossetia, he would still have ordered Russian troops to launch their counter-attack.»
• Du Guardian: «The Russian president rejected Georgia's argument that if Nato had given it a membership action plan, as Bush wanted to do earlier this year (the move was blocked by France and Germany), Russia would not have dared to use force. “I can assure you that as president I would not have wavered for a second to make the same decisions that I made back then,” he said.»
La même idée commence à se répandre dans les milieux académiques et chez les experts occidentaux. La conviction des dirigeants russes finit par convaincre. Ainsi, du professeur Andrei Tsygankov, de l’université San Francisco, dans Atimes.com le 13 septembre 2008
«The United States would be in a state of war with Russia had Georgia been a member of the North Atlantic Treaty Organization (NATO) when President Mikheil Saakashvili attacked South Ossetia.
»Russia responded by ordering its military to defend South Ossetia and Georgia's NATO membership would have not restrained Moscow from protecting Russia's most important interests in the Caucasus. These interests include supporting Russian citizens in South Ossetia and preventing military buildup on Russia's southern border.»
Ces déclarations et ces évaluations renforcent le débat essentiel qui aurait du marquer l’évolution (l’élargissement) de l’OTAN jusqu’ici, et qui a été occulté jusqu’ici; il s’agit de la dimension protectrice, la dimension de verrou de la sécurité de l’Organisation. C’est aussi, bien évidemment, retrouver la question de l’Article 5. Cette question a toujours existé et elle a toujours été dissimulée.
La réalisation de la situation et de ses implications au niveau des automatismes de solidarité dans le cadre de crises et d’affrontements armés progresse dans les esprits. Il y a la réalisation grandissante de ce qu’a impliqué la crise géorgienne par rapport à l’hypothèse d’une Géorgie membre de l’OTAN, et ce qu’impliquerait par conséquent désormais l’élargissement de l’OTAN. Jusqu’à la crise géorgienne, l’élargissement de l’OTAN était perçu par nombre des membres de l’OTAN, particulièrement par la plupart des pays ouest-européens, comme une mécanique inéluctable (puisque les Américains le voulaient) mais sans conséquences majeures. La crise géorgienne a changé cela, d’une façon radicale. Elle a bouleversé le climat à l’intérieur de l’OTAN. Désormais, toute possibilité d’élargissement est explicitement perçue comme une possibilité d’application de l’Article 5, avec toutes ses obligations et surtout toutes ses ambiguïtés, avec le potentiel de tensions et de ruptures au sein de l’Alliance que cela implique.
Il y a beaucoup d’hypothèses sur les perspectives d’élargissement (Géorgie et Ukraine), d’autant plus avec la crise géorgienne, notamment dans la perspective de la réunion ministérielle de l’OTAN de décembre qui doit à nouveau examiner le problème. Ces hypothèses portent naturellement sur le fait de savoir si cet élargissement aura lieu, si la crise favorise ou pas la perspective de l’élargissement. Mais le débat pourrait bien vite porter sur la matière bien plus fondamentale des exigences de sécurité et de solidarité de l’Alliance. Les implications énormes d’un tel débat ont évidemment une forte charge de déstabilisation à l’intérieur de l’Alliance Atlantique.
Mis en ligne le 15 septembre 2008 à 09H51