L’OTAN fait ses gammes

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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L’OTAN fait ses gammes

6 novembre 2022 (18H50) – Envisageons ce titre sous forme d’une charade :

• Mon premier est la très forte possibilité désormais, – le NYT ayant fait savoir les penchants généraux et impératifs de l’administration Biden à cet égard, –  que madame Chrystia Freeland, vice-première ministre du Canada, devienne la première femme Secrétaire Général de l’OTAN ; et Freeland, diantre, n’est pas n’importe qui, comme nous le précisions en septembre :

• Le réseau canadien CDC a publié un article développant l’hypothèse que le prochain secrétaire de l’OTAN sera une secrétaire générale, et le nom de la Vice-Première ministre Chrystia Freeland est avancé (avec d’autres concurrentes, aussi extrémistes). • Freeland, d’origine ukrainienne, vénère son grand’père qui fut collaborateur des nazis en Ukraine. • Elle hait la Russie. • Ce n’est qu’une hypothèse mais elle a  une signification lourdement explosive. • L’orientation prise est celle d’une OTAN bien plus active qu’elle n’a jamais été. • La guerre, la vraie...

• Mon second est un vote de l’ONU où une résolution (russe) exigeant la condamnation des symboles et actes de glorification du nazisme a vu 52 pays voter contre, 16 s’abstenir et 105 la soutenir. Il y a un an, deux pays avaient voté contre cette résolution : les USA et l’Ukraine ; depuis, la communication a été rétablie et les consignes ont bien circulé.

• Mon tout est le titre de cette page du ‘Journal-dde.crisis’ de PhG : « L’OTAN fait ses gammes ». Faut-il que PhG-Bis le décrypte ?

Note de PhG-Bis : « Que voulez-vous faire d’autre ? Je m’y mets. Le mot “gamme”, désignant les sept notes principales de la musique, vient, par un processus complexe, de la lettre grecque ‘gamma’. La majuscule de gamma est un L-majuscule renversé et figure donc l’une des branches de ce qu’on nomme, assez logiquement on en conviendra, une “croix gammée”. La croix gammée est l’expression usuelle pour désigner le symbole figurant le mot sanscrit ‘svastika’, désignant une sorte de bien-être qui n’est pas nécessairement la marque de l’humeur que le NSDAP répandit, en 1933-45, en Allemagne, puis en Europe, notamment quoique dans des conditions différentes, en Ukraine et en Russie. Il semble que PhG pourrait bien songer à l’Ukraine pour les “gammes de l’OTAN” ; quel sens du symbole et du jeu des mots, mazette ! »

Je crois en effet qu’il est bon de lier ces quelques remarques, symboles et événements. On a déjà dit tout le bienpensant qu’on pensait de Freeland, copine de Nuland, devant laquelle le petit-marquis de Trudeau fait des gammes en tutu et des ronds de jambes en perlinpinpin. La belle n’est pas une tendre, elle a bien ri lors de l’affaire du ‘Freedom Convoy’ en janvier au Canada, de pouvoir, en tant que ministre de l’économie, bloquer les comptes des camionneurs et affamer leurs familles. A Evere, avec elle, Zelenski sera comme chez lui, comme le sont Polonais et Baltes dans les couloirs des bâtiments de l’UE, sous l’empire de l’Ursula, autre rescapée par procuration de la Wehrmacht.

Quelle étrange nouvelle que cette espèce d’extension de la gamme du domaine, avec pullulement de terribles guerrières sorties de tel ou tel opéra wagnérien pour entonner des chants furieux au pas de l’oie. L’Allemagne est aujourd’hui écrasée par ses amis américanistes, mais d’autres diraient qu’elle est en train de l’emporter par procuration. Simplement, la nostalgie de la gamme n’est plus d’extrême-droite mais plutôt vers la gauche extrême, du type ‘Grünen’, de la couleur de la ministre de la République Fédérale, super-écologiste si à l’aise dans le cocon bien achalandé des neocons, et qui a signifié à son chancelier ce qu’elle-même et Washington pensaient, de concert, comme on fait une gamme, de son équipée chinoise. Annalena fait ses gammes, selon Bhadrakumar qui a toute mon estime :

« ... Annalena Baerbock a souligné son mécontentement à l'égard de la visite de Scholz en Chine en rassemblant autour d'elle ses homologues du G7 partageant les mêmes idées. Même selon les normes de la politique de coalition, ce geste est excessifLorsque le plus haut dirigeant d'un pays est en visite à l'étranger, une manifestation de dissonance sape la diplomatie.

» De même, les homologues du G7 de Baerbock ont choisi de ne pas attendre le retour de Scholz. Ils ont l'esprit fermé à double tour et les nouvelles des discussions de Scholz à Pékin n'y changeront rien. 

» Lundi, à la première heure, Scholz devrait demander la démission de Baerbeck. Mieux encore, elle-même devrait présenter sa démission. Mais rien de cela ne se produira... » 

... En effet, dis-je sans y voir quelque lien de cause à effet sinon celui d’une gamme bien tempérée, la nouvelle était auparavant tombée avec un bruit sourd et libérateur  selon laquelle 50 pays s’étaient cette année ralliés par bonté et logique de l’esprit à la sagesse des deux qui, seuls, votèrent héroïquement l’année dernière contre la motion russe condamnant les choses de la gamme. 

« La résolution exprime des préoccupations quant à la glorification du nazisme, du néonazisme et des anciens membres de la Waffen SS, et condamne la construction de monuments et la tenue de cérémonies publiques en l'honneur du Troisième Reich. En présentant la résolution, le délégué russe a fait référence à une augmentation de la xénophobie, du sentiment anti-migrant, de l'islamophobie et de l'antisémitisme, entre autres formes de discrimination. 

» Les Etats-Unis et plusieurs de leurs alliés ont expliqué leur vote contre la mesure en affirmant que la Russie exploitait les atrocités nazies pour justifier son opération militaire en Ukraine, et ont insisté sur le fait que se joindre à Moscou pour condamner l'apologie des nazis reviendrait à aider le Kremlin à instrumentaliser l'Holocauste.

» Le Royaume-Uni a accusé Moscou de “perpétuer des mensonges et de déformer l'histoire”, en reconnaissant utilisant “les préoccupations légitimes en matière de droits de l'homme soulevées par la mobilisation du néonazisme” pour justifier ses activités en Ukraine. Les États-Unis sont allés plus loin, affirmant que “l'utilisation par la Russie du prétexte de la lutte contre le néonazisme sape les véritables tentatives de lutte contre le néonazisme”. »

Ces arguments sont pleins de charme et si délicieusement spécieux. Ils résonnent aux oreilles des amis de Washington précipitamment regroupés comme le chant d’une harpe divine offert au divin Ulysse, “retour d’un long voyage”...

Regardez, c’est aussi simple que la justice : si, demain, votre maman de 91 ans en train de se noyer dans un étang accepte de prendre la main (d’apparence) secourable que lui tend un Russe et se trouve ainsi sauvée de la noyade, sachez que justice sera faite, et votre maman condamnée pour avoir accepté l’aide d’un Russe qui ne songe qu’à paraître en première page des journaux de la presseSystème-libre comme “sauveur de vieilles dames de 91 ans”. Elle ira en prison ou dans un camp, – à Dachau, peut-être, où l’expérience garantit l’essence et précède même l’existence, – parce que sa main est devenue russe. Le Russe, lui, sera fusillé parce que Russe et bien Russe. Tout cela est rassurant : le “nouveau monde” fait ses gammes sur l’air de la ‘Great Reset’, du compositeur Ludwig von Klauschoven qui fait danser le Tout-Davos, où la poudreuse est “plus blanc que blanc”.

Êtes-vous perplexe ? C’est grand tort de votre part. Regardez tous ces frais minois qui se congratulent et se félicitent, sans plus, sans demander leur reste ni leurs gages, avares de leurs propres privilèges, heureux enfin et simplement parce qu’ils sauvent la planète, la liberté et le jugement de Nuremberg. Tout cela est gouleyant comme un printemps précoce, du genre qui permet de boucler, avec quelques années d’avance, un article détaillant tous les gestes héroïques de l’offensive à venir, et déjà réussie avant que d’être faite au point qu’il sera inutile de la faire, pour la reprise de Kherson par le Camp du Bien. 

Note (finale) de PhG-Bis : « Il est un peu long, non ? Et bien aisément courroucé, me semble-t-il, peut-être un peu jaloux de voir constamment récompensée la vertu de ceux chez qui on acclame ‘nos valeurs’ ; presque comme un peu d’une dérision bien irrespectueuse... Pardonnons-le, il fait ses gammes. »