L’OTAN marque sa différence

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Les précisions… particulièrement “précises” données mercredi par le porte-parole de l’OTAN James Appathurai à propos d’un bombardement aérien qui a tué 21 civils en Afghanistan sont terriblement révélatrices de l’état d’esprit régnant aujourd’hui au sein de l’Alliance. Appathurai a insisté d’une façon très claire sur le fait que cette attaque n’était pas le fait de l’OTAN elle-même mais d’une “coalition menée par les USA”.

Devant la presse, Appathurai a donc précisé : «Ce n'était pas une opération de l'OTAN, mais une opération de la coalition dirigée par les Etats-Unis.» Il a également observé que la question des dommages infligés aux civils afghans dans les opérations en cours «a certainement animé les conversations» des chefs militaires des 26 pays de l'OTAN, réunis pour deux jours (mardi et mercredi) au siège bruxellois de l'Alliance atlantique. Observation de Appathurai en forme de conclusion convenue (notamment l’idée du “haut niveau actuel”), mais néanmoins comme marque de l’inquiétude ambiante: «Il faut se préoccuper de maintenir le soutien des Afghans à la présence des forces internationales à son haut niveau actuel.»

Il est manifeste que la conduite des opérations en Afghanistan constitue aujourd’hui, pour l’OTAN, le point de fixation le plus aigu des tensions existant entre alliés. Ce qui est très caractéristique, c’est la différence à cet égard entre l’Afghanistan et l’Irak, — alors qu’en Irak, les morts civils sont bien plus nombreux qu’en Afghanistan, et l’intervention US bien plus brutale. L’explication est évidemment dans le fait que l’Afghanistan est perçu en général comme une “guerre de l’OTAN” (au point où le porte-parole de l’OTAN fait les déclarations qu’on a lues lorsqu’il s’avère que la responsabilité US est entière, dans telle ou telle occurrence), au contraire de l’Irak perçu comme une “guerre américaniste” bien qu’on y trouve, paraît-il, une “coalition alliée”. Cette différence de perception désormais soulignée par des prises de position marquant les différences entre les uns et les autres (entre les US et les autres) nous fait constater combien le déroulement des opérations de la “guerre contre la terreur” érode le sens de la solidarité atlantique et éloigne les USA des autres pays. Ainsi arrive-t-on à cette situation révolutionnaire pour le sens commun (hors du conformisme habituel) que le porte-parole de l’OTAN nous dise en substance (notre interprétation) : “Attention, l’OTAN ce n’est pas les USA”. Voilà une grande nouvelle.


Mis en ligne le 11 mai 2007 à 06H57